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Memories of director Pascal Thomas in Saint-Chartres, between Vienne and Deux-Sèvres

« Un souvenir hilarant. » Quand on demande au réalisateur Pascal Thomas ce qu’évoque le tournage du film Ne pleure pas la bouche pleineC’est ce qu’il répond à l’autre bout du fil, chez lui à Paris. « On n’arrêtait pas de rire… Mon cousin nous invitait souvent à déjeuner, ça durait deux heures et on buvait beaucoup… Dans la scène avec le curé, tout le monde était ivre. Le tournage a été l’un des plus joyeux et détendus, c’était extrêmement amusant, nous nous sommes amusés avec tout. »

Durant l’été 1973, le natif de Saint-Chartres (commune de Moncontour), aux confins de la Vienne et des Deux-Sèvres, installe des caméras dans une maison de location du village qu’il a repéré, attiré par son grand jardin, son de noyers et son accès direct à la rivière de la Dive.

Dans cette comédie romantique, Jean Carmet et Daniel Ceccaldi, stars parisiennes, affrontent des novices comme Bernard Menez. Annie Colé, qui interprétait le rôle principal d’une adolescente découvrant l’amour et la liberté, tournait pour la deuxième fois avec Pascal Thomas. “Dans mes films, il y a souvent des acteurs qui ne sont pas acteurs”ajoute l’homme de cinéma. Les habitants, pour des figurants ou des petits rôles, ont également été impliqués.

Le 12 mai 2017, Bernard Ménez (à l’extrême gauche) et Pascal Thomas (troisième en partant de la gauche) ont été accueillis au Café des par Charly Bonnier (à droite) et son épouse Céline (au centre), pour revivre le tournage de « Don’t pleure la bouche pleine ».
© (Archives photographiques NR)

A l’image du véritable menuisier de village qui réalisait le travail de Jean Carmet, bien moins manuel que son personnage, et pourtant plébiscité par le public pour son travail du bois. “Ça donne du vrai au film”insiste Pascal Thomas. Dans Ne pleure pas la bouche pleineon reconnaît les rues animées de Thouars – « ville que j’aime beaucoup » –on assiste aux parties de baby-foot des ados au Café des Arts, et aux journées ensoleillées en pédalo ou dans l’eau, au lac de Moncontour.

Pour le réalisateur, Saint-Chartres reste un « très beau village de , qui n’a pas beaucoup changé. Il reste trois ou quatre agriculteurs qui font du bon travail. On ne voit plus les agriculteurs abreuver les vaches à la Dive, l’activité paysanne a changé. Les haies ont été coupées, mais elles sont en train d’être replantées ; il y a des champs de taille considérable. C’est un décor de film absolument parfait, d’autant qu’il est très lié au passé de ma famille. »

Les Zozo (1972)Confidences pour confidences (1979), mais aussi certaines scènes de films inspirés des romans d’Agatha Christie (2005 à 2012), Ensemble, nous vivrons une très très belle histoire d’amour (2010)… « Il y avait une quinzaine de films tournés dans la région, dès qu’il y avait une scène de campagne à faire, on allait chez moi. »

Pour son prochain film, actuellement en écriture, Pascal Thomas n’a pas dévoilé où il se situera. Mais ce sera certainement sur un sujet léger et tendre. « Le plaisir que j’ai, c’est de voir les spectateurs s’amuser et sortir le sourire aux lèvres. Ce qu’il y a au cinéma aujourd’hui est trop sombre pour moi. »

En 2019, le « Grand Maître », Pierre Leylavergne, élève Valérie Decobert, puis Pascal Thomas, au grade d’officier dans l’ordre de la Confrérie de la Canette, à l’occasion de la projection du film « A cause des filles… ? » à Thouars.
© (Archives photographiques NR)

Aller plus loin

LE SCÉNARIO

Annie a 16 ans et vit avec sa famille à la campagne, près de Thouars, chaperonnée par son père menuisier (Jean Carmet). Elle est amoureuse de Frédéric et partage avec lui ses premières émotions dans la nature. Mais le jeune homme part faire son service militaire en plein été. Annie passera alors du temps avec Alexandre (Bernard Ménez), un citadin plus âgé, venu passer les vacances avec sa voiture et ses beaux costumes. Avec « ce grand papa », elle fait sa première fois. Une comédie romantique, légère et insouciante, à l’image de la province du bout des Trente Glorieuses, « un moment riche et heureux »décrit le réalisateur Pascal Thomas. « Le cinéma ressemble à la vraie vie »commentaient les critiques de l’époque.

SONS DE LA CAMPAGNE

« Il n’y a pas de nuisances sonores à Saint-Chartres, parfois une moto passe »décrit Pascal Thomas. Pendant le tournage de Ne pleure pas la bouche pleinePierre Lenoir et ses amis ingénieurs du son ont été conquis par ces ambiances. Ils ont enregistré de quoi remplir une bibliothèque sonore, utilisée dans d’autres films du réalisateur, mais aussi sur les derniers longs métrages de Luis Buñuel – par l’intermédiaire de sa monteuse, Nathalie Lafaurie, proche collaboratrice de Pascal Thomas. Un village qui a voyagé en images… et en sons.

UN REFUS D’AIDE

« Pour mon dernier film, nous avons demandé une aide à la Région, pour la première fois, car j’avais un peu de mal à trouver le financement. Mais la commission du cinéma, constituée d’une bande d’ignorants, n’a pas voulu donner d’avance, alors que Saint-Chartres et ses environs sont montrés dans plusieurs films, exportés en Chine, en Amérique du Sud… »» dit Pascal Thomas, avec son éternelle décontraction. C’est donc au Mans et dans la Sarthe que Le voyage en pyjama (2024) a été filmé.

LES SOUVENIRS MARIÉS DE PASCAL THOMAS

L’octogénaire a pris le temps de raconter ses souvenirs, qui ont finalement été publiés dans un livre sorti en janvier. Il raconte, par bribes, l’histoire de ses parents et son attachement à Saint-Chartres. Il est toujours propriétaire de la maison de sa tante, où son père a grandi, « même si j’y vais rarement »he concedes, not ready to abandon it yet. His mother was from Ménétréol-sur-Sauldre (Cher), in Sologne, near Salbris (Loir-et-Cher). « J’y ai tourné deux ou trois scènes, mais c’était compliqué d’avoir les autorisations, sinon j’y serais allé plus souvent. »

Il raconte aussi ses premières expériences de journaliste, parfois maladroites, dans les coulisses de son tournage, ou encore que l’âne du Poitou est son animal préféré. Le tout ponctué d’images issues d’archives personnelles.

Pascal Thomas, Memories in a mess, 336 pages, ‎Séguier éditions

 
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