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Beyoncé Knowles et Kamala Harris le 25 octobre à Houston
PEOPLE – Beyoncé, Jennifer Lopez, Lady Gaga, Katy Perry, Taylor Swift, Stephen Curry, Oprah Winfrey, Eminem, George Clooney… La liste est longue mais elle n’a pas suffi à faire pencher la balance en faveur de Kamala Harris. Le candidat démocrate a perdu face à Donald Trump qui reviendra à la Maison Blanche. Le camp républicain l’a en effet largement emporté malgré les appels au vote du peuple, largement relayés sur les réseaux sociaux, ses discours et ses chants lors des meetings de l’actuel vice-président.
Après l’appel aux urnes de Taylor Swift, environ 35 000 électeurs se sont inscrits sur les listes. Après celui de Sabrina Carpenter, près de 36 000. Au total, comme le rappelle Journaliste hollywoodienle site du recensement des votes Effectif a dénombré plus de 450 000 nouveaux électeurs après avoir noué un partenariat avec l’interprète deEspressoAriana Grande ou Green Day. À chacune de ses rencontres, Kamala Harris avait à ses côtés sur scène une ou plusieurs stars, parmi les plus influentes du monde du cinéma, de la télévision, du sport, ou encore de la musique.
Une surmobilisation des célébrités qui a probablement eu un effet inverse de celui attendu, analysé dans un entretien avec HuffPost Alexis Pichard, docteur en civilisation américaine et chercheur au Centre de recherche anglophone de Nanterre.
HuffPost. La défaite de Kamala Harris est-elle une démonstration que l’appel aux votes des célébrités est inutile ?
Alexis Pichard. Le résultat du vote prouve qu’il n’a pas eu un grand impact. De plus, les primo-votants qui se sont inscrits, ceux ciblés par Taylor Swift par exemple, n’ont pas voté pour Kamala Harris. Au contraire et c’est une grande différence avec 2020. Les primo-votants ont alors voté à plus de 64 % pour Joe Biden, contre seulement 45 % pour Kamala Harris en 2024.
Cela veut-il dire que cette accumulation de stars était une mauvaise stratégie pour Kamala Harris ?
C’est un écueil, car il y a eu un précédent. Hillary Clinton a fait la même chose en 2016, un peu malgré elle. Les stars s’étaient ralliées à sa candidature, alors que le populisme déferlait déjà sur le pays. Cela a été perçu comme le signe d’un parti démocrate vendu au système. Elle était LA candidate du système : membre d’une dynastie Clinton, ex-secrétaire d’État, sénatrice, Première dame. En plus de cela, elle était soutenue par l’industrie hollywoodienne, très loin des gens.
Kamala Harris a réitéré cette erreur de campagne avec ce rassemblement de célébrités qui font partie de la gauche morale. Beaucoup sont millionnaires, loin des préoccupations de l’Américain moyen, mais qui donneront des injonctions sur la manière dont ils doivent se comporter, être antiracistes, antimisogynes, prôner l’intégration. Ce sont des messages perçus comme très hypocrites par certains Américains et notamment les trumpistes.
NBC / Will Heath/NBC via Getty Images
Trois jours avant les élections, Kamala Harris a fait une apparition à l’émission Saturday Night Show de NBC.
Au contraire, on pourrait penser que les stars ont de l’influence…
Nous sommes toujours dans une Amérique populiste, qui a aujourd’hui une tendance fasciste, et tout ce qui est identifié comme appartenant au ” système “ est assimilé à ” diable “ et considéré comme profondément hostile aux intérêts américains. Ces étoiles incarnent la déconnexion. Et ils ont renforcé l’image déconnectée de Kamala Harris elle-même. C’est une femme qui a réussi en Californie. C’est un Etat à part, en avance sur le progrès social, avec une situation économique très favorable, et qui est de fait perçu par une majorité des 49 autres Etats comme déconnecté. Surtout dans les États ruraux et postindustriels où la situation est très compliquée, notamment pour les travailleurs et employés peu qualifiés.
La surmobilisation des stars dans le camp Harris en fin de campagne reflète-t-elle un sentiment d’urgence ?
Dans les derniers jours de campagne, les candidats ne sont plus en mesure d’élargir leur base électorale mais de mobiliser leurs électeurs acquis. Avec évidemment pour Kamala Harris toujours le même message de défense des droits des femmes et des minorités, ajouté au message d’un Donald Trump qui a perdu la santé mentale et n’est pas apte à diriger. Lorsqu’elle apparaît dans Samedi soir en direct ou qu’elle invite des superstars démocrates à ses meetings, c’est pour galvaniser sa base électorale, pour appeler les gens de la gauche élitiste à se rendre massivement aux urnes.
Mais voir une telle complaisance de la part de l’industrie du divertissement, cette impression d’un système qui se maintient et se soutient, dégoûte les électeurs trumpistes et visiblement au-delà.
Le Washington Post / Le Washington Post via Getty Im
Elon Musk faisait partie des personnes invitées par Donald Trump à son meeting au Madison Square Garden de New York le 27 octobre.
Donald Trump, lui, a timidement joué cette carte du soutien aux célébrités. Pour quoi ?
Il l’a joué dans une moindre mesure, surtout à la fin, lors de son meeting au Madison Square Garden où de nombreuses stars de droite et d’extrême droite se sont mobilisées. Contrairement à 2016, cette fois-ci, il y avait vraiment une industrie du divertissement avec Hulk Hogan, le Dr Phil et même Elon Musk, un homme d’affaires prospère. Ces personnalités redonnent de la crédibilité à Donald Trump comme Président, notamment en certifiant sa virilité. Ce sont autant d’archétypes du mâle alpha et de la masculinité toxique, et c’est sur cela aussi qu’il a surfé durant sa campagne. Cela a sans doute été un élément déterminant dans le choix des électeurs car la question de la masculinité du mandat était très importante dans ce scrutin.
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