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Valérie Perrin raconte le mystère de “Tata”

C’est donc une véritable boîte de Pandore qui s’ouvre, avec des secrets de famille qui refont surface. Est-ce un thème que vous vouliez explorer ?

Oui, c’est un thème que j’aime beaucoup. Les secrets sont très romantiques, ils concernent l’amour, ce que l’on montre, ce que l’on cache et ce que l’on révèle. Et puis, il y a aussi la mémoire, ce qu’on laisse derrière soi. Agnès est cinéaste, et Colette, sa tante, laisse également une trace derrière elle.

Gueugnon, votre ville d’origine en Bourgogne, joue également un rôle central dans cet ouvrage. Pour quoi ?

Oui, c’était essentiel pour moi de parler de Gueugnon, où j’ai grandi. Je suis arrivé là-bas en 1969, alors que j’avais un an, car mon père avait été recruté par l’équipe de football locale. J’avais envie de raconter un décor que je connais bien, de réunir des gens que je connaissais et des personnages complètement inventés. C’est ce mélange qui m’intéresse dans mes romans.

À la fin du roman, vous remerciez les personnes qui ont influencé l’histoire. Vous êtes-vous inspiré de vos expériences pour écrire « Tata » ?

Oui, certains personnages sont réels. Par exemple, Colette, alias Tata, a été cordonnière toute sa vie et a travaillé sous la direction de Moktar, son maître apprenti que j’ai connu. Il y a aussi un médecin qui raconte l’histoire, c’est mon médecin généraliste. J’aime mélanger fiction et réalité. Les personnages qui apparaissent à la fin de ce roman sont tous des commerçants, mes parents étaient eux-mêmes commerçants, et j’ai voulu leur rendre hommage ainsi qu’à cette ville.

Agnès, le personnage principal, est une femme faite de doutes, de contradictions et d’incertitudes. Comment avez-vous créé ce personnage ?

Agnès est la somme de plusieurs femmes que j’ai observées. C’est une cinéaste qui a connu le succès très jeune, avec son mari comme muse, avant qu’il ne la quitte. Elle perd alors l’envie de travailler. Je me suis également appuyé sur ma propre expérience aux côtés de Claude Lelouch, mon mari, sur les plateaux de tournage, où j’ai longtemps été photographe de plateau et co-scénariste. J’admire la force des cinéastes ; il faut du courage pour faire un film.

Il y a aussi un parallèle avec votre propre parcours, car vous venez du cinéma. Agnès se tourne vers l’écriture. Comment percevez-vous la différence entre écrire un scénario et écrire un roman ?

Quand j’écrivais des scénarios, c’était souvent à partir de l’idée de Claude. J’ai donné le squelette d’une histoire, mais ensuite, ce squelette a été repris par toute une équipe : directeur de la photographie, costumier, maquilleur, décorateur… Dans mes romans, je fais tout, de la lumière à l’ambiance. C’est un processus un peu magique.

Comment avez-vous vécu ce passage de l’écriture de scénario à l’écriture d’un roman ?

Cela a commencé avec « Les Oubliés des dimanches », une histoire que j’ai longtemps portée. En 2013, j’avais six mois pour le réaliser. Mon entourage m’a encouragé à l’envoyer à Albin Michel, mon éditeur depuis.

Le doute fait-il partie de votre processus d’écriture, comme c’est le cas pour Agnès ?

Ce n’est pas vraiment un doute, mais plutôt la peur de ne pas être à la hauteur. Après « Changer l’eau des fleurs », traduit dans 60 pays, je me suis demandé comment écrire quelque chose qui allait au-delà. Mais j’y suis finalement arrivé, ce qui était très satisfaisant.

Entre chaque roman, trois années s’écoulent. Avez-vous besoin de temps pour laisser reposer une histoire avant de vous consacrer à une nouvelle ?

Oui, j’ai besoin de temps pour pleurer cette histoire, pour me reposer. J’ai déjà des idées pour le prochain roman, comme j’en avais déjà pour « Tata ». Ensuite, il me faut souvent deux ans et demi d’écriture pour mener à bien un projet.

Comment se passe une de vos journées d’écriture ?

Je travaille le matin, de 9h à 13h et 14h. Pour « Tata », je relisais le texte le soir, vers 17h-18h, pendant une à deux heures, chaque jour.

Nouez-vous des liens avec vos personnages, qui sont souvent très forts ? Comment les laisser partir finalement ?

Une fois que j’écris le dernier mot, ils s’en vont tout seuls, je ne les retiens pas, ils ne me retiennent pas. Ce n’est pas douloureux, sauf pour Violette, de « changer l’eau des fleurs ». Je voudrais reviens vers elle et sais ce qui lui est arrivé.

Vous venez de présenter un film à la Mostra de Venise. Le cinéma continue-t-il de vous attirer ?

Oui, absolument ! De plus, c’est le nouveau film de Claude, Un grand cru, qui sortira le 13 novembre. Quand je l’ai vu pour la première fois, j’ai été choqué. Nous l’avons présenté à Venise et cela s’est très bien passé.

 
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