Cheb Khaled arbore le drapeau marocain. RD
Par Houari A. – Les tensions qui caractérisent les relations entre l’Algérie et le Maroc ont déteint sur la musique. Sur le raï plus précisément, représenté par cinq chanteurs qui, pour certains d’entre eux, ont pris la nationalité marocaine et se sont retrouvés mêlés à des considérations politiques qui dépassent largement leur vocation artistique. Au premier rang de ces chanteurs emportés par le tourbillon de la guerre froide entre les deux pays voisins, Cheb Khaled qui ne sait plus sur quel pied danser. Invité à toutes les cérémonies officielles du Trône où il fait office d’alibi au régime marocain qui va jusqu’à revendiquer la paternité de cette musique moderne de l’Ouest algérien née à Sidi Bel-Abbès, celui qui revendiquait le titre de « roi du raï » » multiplie les faux pas.
Cheb Khaled, adulé en Algérie jusqu’à ces dernières années, a tenté de se racheter en demandant pardon à ses fans algériens pour des propos qu’il aurait pu tenir et qui les auraient offensés, assurant que “personne ne peut faire de surenchère en matière de patriotisme”. .» Cette sortie n’a fait que pousser l’interprète plus loinAïchaqui ne manque aucune occasion de faire l’éloge »notre maître», titre donné par les sujets marocains au monarque en guise de sujétion.
Un autre chanteur qui avait réussi à s’imposer au début des années 2000, Réda Taliani, est tombé dans le même piège que son idole, dont il a imité la voix et la gestuelle sur scène, le suivant dans son aventure marocaine et perdant, lui aussi, l’estime des Algériens pour avoir prêté allégeance à la monarchie marocaine, déclarant publiquement sa soumission au régime de Rabat, sans qu’on comprenne les véritables raisons de cette situation kafkaïenne dans laquelle il se trouvait.
Plus récemment, c’est Faudel, un franco-algérien admis au club grâce à Cheb Khaled et feu Rachid Taha avec qui il a trouvé une place au… soleil après le fameux concert donné par le trio en France, au début de la saison. Années 1990. 2000, qui s’est retrouvé pris dans une tempête judiciaire au Maroc qui lui a accordé la nationalité. Plus marocain qu’algérien, ce chanteur, pur produit du showbiz, va devoir s’expliquer devant le juge de Marrakech pour une sordide affaire de pension alimentaire. Porté aux nues par des millions de fans, il retombe dans l’oubli et ne fait plus parler de lui hormis un procès qui l’attend à Marrakech.
Cheba Zehouania, si elle a su éviter le piège marocain, reste néanmoins assise entre deux chaises, fréquemment présente au Maroc où elle anime des galas, mais sans s’impliquer politiquement. Sa proximité avec la chanteuse marocaine Zina Daoudia, qui a récemment refusé de porter le drapeau algérien lors d’un concert animé il y a une semaine en France, lui a cependant également valu des critiques.
Enfin, le chanteur Bilal, qui vit en France depuis trente ans, subit ces jours-ci une attaque furieuse de la part des internautes marocains pour avoir ironisé sur la nationalité marocaine, en réponse sarcastique à un journaliste marocain qui lui demandait s’il voulait être naturalisé à son tour. « Que veux-tu que je fasse de la nationalité marocaine ? rétorqua-t-il. Sa réponse, bien que vieille de huit ans, a été remise au goût du jour par les Marocains pour l’empêcher de participer à une série de festivals au Maroc dans lesquels il a l’habitude d’être présent.
HA
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