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« La littérature est une source de consolation »

Quebec writer Kev Lambert is the guest of the podcast “Les Gens Qui Lisant Sont Happier”.

His new novel, “Les Sentiers de Neige”, has just been published by Le Nouvel Attila.

Retrouvez cet épisode et tous les précédents sur toutes les plateformes de téléchargement.

Suivez la couverture complète

#PODCAST – Les gens qui lisent sont plus heureux

Le nouvel épisode du podcast « Les Gens Qui Lisant Sont Plus Happier » donne la parole à la nouvelle star de la littérature québécoise. Lauréat l’année dernière du Prix Médicis et du Prix de décembre avec Que notre joie demeureKev Lambert, 31 ans, est de retour cet automne avec un roman bien différent. Après avoir raconté la chute d’un célèbre architecte septuagénaire, le Montréalais s’est glissé dans la peau de Zooey, un petit garçon de huit ans invité à un réveillon familial qu’il craint plus que tout. Avec sa cousine Emie-Anne, il se lance dans un monde imaginaire, sur les traces d’une étrange créature…

C’est un enfant qui vit son premier Noël après la séparation de ses parents et qui se pose beaucoup de questions à ce sujet. Il se sent coupable. Il se demande si c’est de sa faute, est-ce normal ? Qu’est-ce que cela signifie pour moi ? Il sent qu’il y a une sorte de défaut en lui, défaut que lui renvoie le monde dans lequel il évolue car c’est un enfant perçu comme efféminé, trop sensible. A l’école, en famille, on lui fait comprendre que ce n’est pas normal d’être comme ça

Après quelques pages, Kev Lambert matérialise la vie intime de son personnage en changeant son pronom, quitte à dérouter le lecteur non averti. “Ça doit être un peu déroutant, c’est bien. C’est à ça que sert la littérature», s’enthousiasme l’intéressé. “Zooey est considéré comme un jeune garçon par son entourage. Mais il y a des moments, comme à la bibliothèque la première fois, où soudain, à travers la fiction, avec ses princesses à cheval, il se projette… et devient lui-même princesse. Et puis quand le professeur arrive dans la bibliothèque, le masculin revient parce qu’il y a une sorte de surveillance qui se rétablit

Si son jeune héros change de pronom au fil de l’intrigue, son créateur a changé de prénom puisque c’était celui de Kevin qui figurait en couverture de ses trois précédents romans. “Je suis en transition et la question du nom se pose», dit l’auteur. “Mais je trouve qu’il y a quelque chose de violent à avoir un ‘nom mort’, un nom mort. Kev, c’est le nom qu’on me donne tous les jours, c’est comme ça que mes parents, mes amis m’appellent. Je l’ai trouvé plus neutre. C’est donc celui-là que j’ai décidé d’adopter

Ce qui nous fait peur, ce sont les murs, les frontières, les jugements sociaux, les identités qui nous sont imposées.

Kevin Lambert

À l’heure où la question du genre suscite de vifs débats, Kev Lambert en propose une définition très personnelle. “C’est un changement de genre. Mais s’agit-il d’un changement ou simplement du fait d’adopter une apparence physique qui ne correspond pas forcément au masculin ? Je n’ai pas besoin d’une catégorie définie pour me le dire», insiste l’auteur.Je n’aime pas vraiment les mots garçon, homme ou masculin. Mais les mots fille, femme ou féminin non plus. C’est une transition vers nulle part, ou un entre-deux. Une manière d’aborder les différentes identités que j’ai en moi. Pour moi, c’est un soulagement. Ce qui fait peur, ce sont les murs, les frontières, les jugements sociaux. Les identités qui nous sont imposées et que nous ne choisissons pas

Comme chaque invité, Kev livre ses sentiments sur la déclaration qui donne son titre à notre podcast. “La littérature est pour moi une grande Source de soulagement ou de consolation“, admet l’écrivain.”Mais ce n’est pas toujours en nous faisant du bien qu’elle y parvient, c’est parfois même en nous faisant du mal. En nous permettant d’exprimer les émotions et les impulsions les plus inconscientes et les plus horribles. Agression ou meurtre, même ! La littérature donne à notre inconscient le droit de les sublimer, de les expérimenter. Elle a une fonction sociale à ce niveau. Cela nous permet aussi de nous connecter à la souffrance, aux souvenirs qui font encore mal.

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L’auteur donne l’exemple de la lecture du premier volet de la saga Harry Potter à l’âge de sept ans. “Quand j’ai lu qu’un enfant portait la marque d’un agresseur, de celui qui l’a blessé, et que dans les tomes suivants il y a la voix du méchant en lui, je me suis reconnu», se souvient Kev. “Un peu comme Zooey, j’entendais parfois des voix de reproches. Ils m’ont dit que j’étais anormal, que si mon monde était un peu déstructuré par rapport à celui des autres enfants, c’était peut-être parce que j’avais fait quelque chose de mal. Sans le comprendre, je crois que j’allais chercher dans la littérature une sorte de résonance des cicatrices

>> Sentiers de neige by Kev Lambert. Editions Le Nouvel Attila. 432 pages. 21.90 euros


Jérôme VERMELIN

 
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