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pourquoi ça pose des questions ?

DÉCRYPTION – L’ancien champion olympique annoncé au magazine Femme actuelle complétez votre formation en kinésiologie. Un virage professionnel qui pose question, tant les fondements de cette pratique sont scientifiquement discutables.

Dans une interview dans un magazine Femme actuelle Publié le 20 septembre, Laure Manaudou annonçait qu’elle prenait une nouvelle orientation professionnelle depuis sa retraite sportive en 2013 : devenir kinésiologue. « J’ai validé mes 600 heures de stage, il ne me reste plus qu’à passer la certification. […] Comment aider les gens psychologiquement est quelque chose qui me fascine », a-t-elle déclaré. L’information aurait pu passer inaperçue. La kinésiologie est en plein essor depuis plusieurs années. Certaines personnes l’utilisent comme une psychothérapie. Sauf que la kinésiologie n’est pas reconnue par la communauté scientifique et fait même partie des thérapies dites « alternatives » aux yeux de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).

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Pour comprendre l’enjeu, il faut se pencher sur l’origine de la pratique et son essence. Créée dans les années 1960 par le chiropracteur américain George Goodheart, la kinésiologie est une méthode holistique qui puise certaines de ses racines dans la médecine traditionnelle chinoise. Le syndicat national des kinésiologues (SNK) la définit sur son site comme une « approche humaine globale », qui vise « à accompagner toutes les personnes vers un meilleur équilibre sur les plans mental, émotionnel, physique et énergétique ». Elle considère que le corps, l’esprit et l’environnement sont interconnectés et qu’un déséquilibre dans un domaine peut avoir un impact sur les autres. Pour identifier les blocages et les rééquilibrer, la pratique fait appel à des tests musculaires et utilise des techniques basées sur le mouvement, la posture, la respiration ou encore la nutrition.

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Un risque de comportements contrôlants et de dérives sectaires

Cette kinésiologie « énergétique » regroupe un ensemble de pratiques telles que la « santé par le toucher », la « kinésiologie éducative » ou encore « l’astrologie kinésiologique », peut-on lire dans un rapport d’évaluation de la discipline, réalisé par l’Inserm en 2017 à l’Institut. demande du Ministère de la Santé. Un premier signal d’alarme, commente Bruno Falissard, co-auteur du rapport et professeur de santé publique à l’université Paris-Saclay. « Les fondements théoriques de la kinésiologie sont scientifiquement contestables, fondamentalement non rationnels et confinent dans certains cas à la pensée magique », souligne-t-il. Cette pratique se prête donc au contrôle des comportements et des dérives sectaires, d’où notre appel à la plus grande prudence. Sans compter qu’il y a eu des controverses.

La pratique apparaît d’ailleurs dans un rapport de la Miviludes identifiant de nouvelles disciplines à risque. « La radicalisation de certains adeptes de ce mouvement a conduit à des dérives à caractère sectaire dans lesquelles la dimension hygiéniste élevée au rang de dogme a constitué un facteur déterminant », précise le document. Pour illustrer ce constat, la Miviludes évoque une affaire jugée à la cour d’assises de Quimper en 2005. En quête d’une alimentation purifiée, des parents, animés par des idées inhérentes à la pratique de la kinésiologie, avaient adopté un régime végétalien. pour eux et leurs enfants. Cette alimentation carencée en protéines animales et en vitamines et leur méfiance à l’égard du corps médical avaient entraîné la mort de leur bébé, allaité depuis sa naissance et « retrouvé dans un état de malnutrition majeure ».

Les bases théoriques de la kinésiologie sont scientifiquement discutables

Bruno Falissard, co-auteur du rapport d’évaluation en kinésiologie réalisé par l’Inserm

Sur son site, le syndicat national de kinésiologie l’assure : la kinésiologie n’est ni médecine ni thérapie et n’a aucune envie de l’être. Il laisse aux médecins et aux spécialistes le soin de soigner les patients et leurs maladies. Seule la formation pour devenir kinésiologue et la profession elle-même ne sont pas réglementées. Un grand flou, un « Far West » selon Bruno Falissard, qui nous expose forcément à des excès. « Cela ne veut pas dire que tous les kinésiologues sont des charlatans », explique-t-il. Dans le cadre de notre rapport d’évaluation, nous avons rencontré des praticiens honnêtes et volontaires pour présenter et expliquer leur pratique, mais il s’agit d’une minorité. Pour l’expert, la conclusion à tirer est sans appel : ce traitement questionne malgré tout sa nature et sa légitimité. Pour le reste, chacun est libre de l’utiliser. Avec ces points de vigilance à l’esprit.

 
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