“Ce film m’a permis de payer mon voyage en France”

C’est le héros du film « L’histoire de Souleymane » de Boris Lojkine, qui sort en salles ce mercredi. Comme son personnage, Abou Sangaré est guinéen et vit sans papiers. Aujourd’hui acteur, le jeune homme de 23 ans raconte son exil et son arrivée en France. Il déposera une quatrième demande de régularisation, après le rejet des trois premières.

«Je suis arrivé à 16 ans, en 2017»dit Abou Sangaré. Le jeune homme quitte la Guinée pour tenter de subvenir aux besoins de sa mère gravement malade et dont il a la charge. Il décide de traverser le Mali et son désert pour travailler en Algérie. Il atteint ensuite la Libye puis tente de traverser la Méditerranée en zodiac jusqu’en Italie. Il est emprisonné après sa première tentative puisqu’il n’a plus d’argent : “On nous demande toujours de payer pour traverser”said Abou Sangaré.

Libéré par un passeur à qui il a envoyé quelques centaines d’euros une fois en France, l’acteur confie que ce qu’il a gagné en tournant « L’histoire de Souleymane » remboursé ses dettes : «Ça m’a permis de payer mon voyage pour venir ici». N’ayant jamais été scolarisé en Guinée, Abou Sangaré a appris à lire et à écrire à l’âge de 16 ans, dès son arrivée à Amiens. Il passe son baccalauréat et s’inscrit en BTS.

Une ovation à Cannes

Présenté au dernier Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, le film de Boris Lojkine a reçu le Prix du Jury et le Prix du Meilleur Acteur pour Abou Sangaré. Il a également été applaudi pendant 15 minutes par le public à la fin de la projection. Une standing ovation qui a beaucoup touché Abou Sangaré : « C’était quelque chose de très grand, de très fort. Au-delà du prix, le public nous a récompensé par une forme d’accueil à laquelle je n’avais jamais assisté. »

L’acteur confie qu’il “adore le cinéma”, mais que son rêve le jour où il aura ses papiers “c’est de retourner au garage” pour travailler comme mécanicien.