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WEEK-END D’HISTOIRE. L’autre vie de Charles Aznavour dans les Alpilles

L’artiste, dont le biopic sortira en salles le 23 octobre, a vécu près de trente ans à Mouriès, près de Saint-Rémy-de-Provence, où, de ses oliviers, il extrayait une huile d’olive exceptionnelle.

La propriété de style provençal était grande mais sans ostentation. Il contenait néanmoins un « Trésor inestimable »comme aimait à le dire Charles Aznavour. Une oliveraie bicentenaire de 600 pieds qu’il a baptisée Les Jardins d’Erevan, en hommage à ses racines arméniennes. C’est ici que pendant vingt-sept ans, l’artiste aux 180 millions de disques vendus a vécu en citoyen à part entière et a produit avec passion 300 à 500 litres d’huile d’olive exceptionnelle chaque année.

Au cœur des Alpilles, le chanteur menait une autre vie aussi simple que discrète loin du showbiz et des paillettes, se surprenant parfois d’être si longtemps fidèle à cette terre de Provence, lui l’exilé, l’infatigable nomade.

De sa voix voilée et vibrante, il s’est largement confié à Midi Libre sur sa passion pour l’huile d’olive : « Je pense que ce que j’aime le plus dans tout cela, c’est la façon dont je traite et cultive les oliviers. Je prends soin d’eux en respectant la nature. Je les arrose au goutte-à-goutte et j’ai installé un brouillard dans l’eau trouvée dans une Source à 120 m, qui caresse le sommet quand il fait chaud. Je fais attention à tout, de la cueillette à la main jusqu’à la bouteille foncée qui permet une meilleure conservation. ‘huile.”

Chaque automne, le chanteur invitait ses amis des Alpilles et ceux de la chanson et du cinéma pour une journée de cueillette et un repas convivial. Parfois, c’étaient les mêmes, comme ses voisins Jean Reno, Patrick Bruel ou Chico.

Chico : « On faisait la fête pour tout et pour rien »

Chico est intarissable lorsqu’il s’agit de parler de son ami Charles Aznavour. Leur amitié remonte aux soirées tropéziennes chez Eddy Barclay, il y a presque quarante ans, que Chico animait à l’époque. Puis les deux artistes se croisent sur la scène internationale, avant de beaucoup traîner dans les Alpilles. « Là-bas, nous ne nous sommes jamais quittés. Nous nous voyions plusieurs fois par semaine. Nous allions déjeuner à Saint-Rémy-de-Provence, au bistrot de Marie. Nous avons célébré pour tout et pour rien.
L’Aznavour du showbiz et celui des Alpilles n’étaient pas “Tellement différent de ça. C’était quelqu’un qui possédait une gentillesse extraordinaire. Il avait toujours un mot gentil. Il m’a appelé, il m’a dit : “Qu’est-ce que tu fais ?” et on allait à l’Isle-sur-la-Sorgue faire une brocante ou il m’emmenait inaugurer une émission de télé en Tunisie par exemple, ou il venait avec nous faire une promo chez Michel Drucker. Les deux hommes, au-delà de leur vie d’artistes, ont ceci « âme humaniste commune. C’était, comme moi, un ambassadeur de la paix, une personne très tolérante. »
Aznavour adorait venir au Patio de Camargue, lieu de fêtes et de spectacles à Chico, à Arles. « Nous avons une guinguette au bord du Rhône. Lorsqu’il est venu déjeuner, il m’a dit : « J’ai un bateau, je vais venir le mettre ici et on sera heureux là-bas ». Il a toujours eu des projets incroyables. Une autre fois, il a chanté avec nous à Collioure, lors d’une soirée. Un de ses amis a été surpris qu’il ait fait cela. « Charles n’a jamais chanté hors scène. Je suis allée lui demander pourquoi et il m’a répondu en riant : « Tu sais, il n’y a que les oiseaux qui chantent gratuitement. »
Depuis qu’il est parti, « Sa gentillesse, son sourire et sa voix me manquent. Charles était la voix du cœur.

Une vie simple sans mondanité

Mais ce que Charles Aznavour préférait, c’était se promener avec sa petite-fille au milieu des oliviers. “J’adore quand elle me dit : ” Papy, c’est encore plus beau qu’hier “il nous a dit.

L’artiste vivait dans un tout autre décor que celui du showbiz, avec une vie simple, sans mondanité, dans un décor de paysages de garrigue. Ses journées s’écoulaient entre cette grande passion et ses petits rituels. Tous les midis, il déjeunait au bistro du Paradou, très souvent avec son ami et confident Jean-Louis Auvergne, décédé il y a quelques mois.

Il y avait sa table réservée, dans un coin discret tout près des cuisines. Il aimait la cuisine simple et authentique de Vincent, comme les côtelettes grillées sur des sarments de vigne.

Jean-Louis Auvergne a raconté à Midi Libre son amitié avec le grand Charles, dont il était devenu l’un des plus proches, avant de devenir son conseiller juridique : « Il venait tout le temps à la maison. Le week-end, il me disait : « Qu’est-ce qu’on fait ? Où allons-nous manger ? Je l’ai probablement connu au meilleur moment de sa vie. Il avait une vie saine et c’était un homme simple. Il était comme des pierres qui, en roulant dans l’eau, s’arrondissent.

Et puis durant ces vingt-sept années, Aznavour avait laissé derrière lui ses années d’excès parisiens, de voyages tropéziens et de nuits blanches. Il préférait bien manger sans chichi, entre amis, chez les uns ou dans les bons restaurants locaux. « Un repas entre amis est toujours un grand moment d’échange et de complicité », dit-il.

Charles le gastronome répondait volontiers aux invitations, comme en 2016 lorsqu’un restaurateur arménien l’invita dans son modeste établissement près de la Placette, à Nîmes. Mais cela ne le dérangeait pas non plus de goûter la cuisine d’un chef étoilé comme celle de Jérôme Nutile, à l’époque où il travaillait à Collias.

Son paradis provençal

Au Grau-du-Roi, il s’était lié d’amitié avec Pierrot Péroni, un forain dont la vie errante lui rappelait probablement la sienne. Il partageait un plateau d’huîtres ou dégustait la bouillabaisse du fils de Pierrot, sur la table recouverte de toile cirée. Lui, l’artiste aux mille chansons qui avait son étoile sur Hollywood Boulevard. « Il ne pensait pas qu’il était une star. C’était quelqu’un qui aimait rire et s’intéressait aux gens, tout en restant discret. Il appréciait notre vie foraine »Pierrot Péroni a raconté à Midi Libre.

Charles Aznavour a terminé le roman de sa vie dans sa maison des Alpilles, son paradis provençal, le 1er octobre 2018. Quelques mois plus tard, la propriété était vendue avec les 600 pieds d’oliviers, son « Trésor inestimable ».

Tahar Rahim plays “Monsieur Aznavour”

Grand Corps Maladie et Mehdi Idir ont réalisé ce biopic sur Charles Aznavour avec Tahar Rahim dans le rôle du chanteur. On découvre le parcours exceptionnel de cet artiste, fils d’immigrés arméniens qui, à force de travail et de persévérance, est devenu l’un des artistes français les plus célèbres et admirés.

Sortie en salles le 23 octobre.

 
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