News Day FR

“Le tube ‘Dusty Men’ avec Charlie Winston a été l’expérience la plus étrange qui me soit jamais arrivée”

À quoi aspiriez-vous en sortant votre premier EP « Saule et les mourneurs » en 2005 ?

Lorsque j’ai publié cet EP, je n’avais pas encore signé de contrat d’enregistrement. Je me demande si tout cela n’est pas un fantasme, si je pourrai vraiment aller dans cette direction et en faire mon métier. Je me pose encore ces questions lors de mon premier album Vous êtes ici (2006) est terminé. Le jour de sa mise en vente, je vais à la Fnac vérifier qu’il est dans les rayons car je n’y crois toujours pas.

Saule fête ses vingt ans de carrière. ©Olivier Donnet/PIAS

Pourriez-vous citer trois moments de votre parcours artistique qui vous ont permis de vous dire «Je viens de franchir une étape« ?

La chanson « Personne » que j’ai enregistrée avec Dominique A en 2008 m’a mis en confiance. J’ai toujours eu un immense respect pour lui. Cette collaboration me donne l’impression d’être validée au sein de ce qu’on appelle «la nouvelle chanson française« . Le titre « The Kiss » a également été un tournant. Tout comme « Nobody », il devait figurer sur ce best of. Un matin comme les autres, mes yeux s’arrêtent sur l’affiche du Baiser de Klimt que je croise pourtant tous les jours dans ma chambre… Sauf que ce matin, je “écouter” ce que la femme dans le tableau a dit et c’est devenu une chanson. « The Kiss » a longtemps été dans la shortlist de Bashung qui souhaitait l’utiliser pour son album Bleu pétrole. Puis il dit : «Si Saule l’a déjà enregistré, je n’ai plus besoin de le chanter« . Dommage. Mon premier Taratata C’était aussi une étape importante, j’ai fait un duo avec M pour le 25ème anniversaire du spectacle à Bercy. Nagui a toujours cru en moi.

Saule fête ses vingt ans de carrière. ©Olivier Donnet/PIAS

Avez-vous déjà pensé à tout arrêter ?

Cela ne m’est arrivé qu’une fois. J’ai été invité au festival LaSemo à Enghien. En arrivant dans les loges, je n’avais pas envie de monter sur scène. Pour la première fois de ma vie, je ne ressentais plus rien. Un gros trou. Vide total… Mon guitariste m’a pris par l’épaule, m’a servi un verre de Jack Daniel’s que j’ai bu d’un trait. Il m’a dit : «Maintenant faisons ce concert et on reparlera de tout ça dans deux heures« . Après le spectacle, tout a été oublié. Trois minutes et demie de dépression dans une carrière de vingt ans, ça peut aller…

Le hit « Dusty Men » en 2012, stop ou encore ?

Ce fut l’expérience la plus étrange qui me soit jamais arrivée. J’ai écrit ce truc en quelques minutes, je l’ai enregistré avec Charlie Winston et ce fut un succès. On l’entend sur toutes les radios de France. C’est juste phénoménal. Le revers de la médaille, c’est qu’on se demande : «Qui est le gars qui chante avec Charlie Winston ?« Certains pensent que c’est Matthieu Chedid, d’autres que c’est Julien Doré. Cependant, c’est ma chanson. Pour mon prochain disque, mon label en France m’a demandé d’écrire.un autre Dusty Men« Et c’est exactement ce que je ne veux pas faire. « Dusty Men » a généré beaucoup de revenus, j’ai pu acheter une maison, cela m’a ouvert des portes à Paris qui ne se sont jamais toutes fermées. C’est juste qu’à un moment donné, j’étais dans une telle euphorie qu’ils ont presque réussi à me faire croire que j’allais faire une énorme carrière en France et ça n’est jamais arrivé.

Charlie Winston : “La première fois que j’ai entendu ‘Dusty Men’, je savais que ça allait être un succès”

Sur scène, vous êtes une boule d’énergie avec une attitude 100% rock. Dans vos textes, vous exprimez davantage de fragilité et d’inquiétude. Acceptez-vous ce contraste ?

Complètement. La scène est un exutoire. Sans concerts, je ne ferais pas ce métier. Pendant la crise du Covid, on ne m’a pas vu comme tant d’autres faire des séances de live streaming dans ma cuisine, parce que je trouvais ça complètement ridicule. J’ai besoin du public, des micros qu’on règle lors de la balance, des amplis qui crachent, des câbles qui traînent par terre, du stress dans les loges et de l’adrénaline du live. C’est sur scène que je me sens vraiment chez moi. Quant à l’envie d’écrire, elle peut se résumer pour moi par une citation du musicien américain Jeff Buckley : «J’ai besoin de transcender mon quotidien”. En fait, la réalité me pèse. Je trouve le quotidien horriblement banal et répétitif. Cela me déprime. Dans la chanson « Saule », la toute première que j’ai écrite (elle l’ouvre Le meilleur de. – NDLR), je dis : «Je suis un arbre qui, quand tout le monde dort, s’inquiète encore«Cette inquiétude me sert de moteur.

Quel terme vous convient le mieux ?

Les journalistes ont fait un micro de trottoir lors d’un festival pour voir ce que le public pensait de moi. Le terme qui revenait le plus souvent était «authentique« Cela me convient parfaitement.

Thomas Dutronc revient avec un nouvel album : “Je suis quelqu’un d’assez exigeant et honnête, je dois tenir ça de ma mère”

18/10. Cirque Royal, Bruxelles. https://www.cirque-royal-bruxelles.be

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :