Fitzgibbon, Sabia, Chassin et le grand déraillement de la CAQ
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Fitzgibbon, Sabia, Chassin et le grand déraillement de la CAQ

Dix jours auront suffi à faire dérailler la rentrée parlementaire de la CAQ, celle qui devait lui permettre de tourner la page des bouleversements et d'ouvrir enfin la voie à la fin du mandat avec la réalisation de grands projets.

L'objectif était clair.

Santé Québec, ça va marcher. Les omnipraticiens et la FIQ vont céder. L'hydroélectricité va nous sortir de la torpeur économique à l'ère du virage énergétique. Le budget va s'équilibrer sans trop de dégâts.

Et il y a toujours les immigrants, notamment les demandeurs d’asile et les travailleurs étrangers temporaires (dont dépendent malheureusement nos PME) comme soupape de sécurité pour expliquer que tout ne se passe pas comme prévu.

Le scénario était magnifique, bien ficelé. Jusqu'au jour où Pierre Fitzgibbon s'est fait mettre à la porte parce qu'il se fiche de la politique et dit la vérité. Jusqu'au jour où Michael Sabia a donné foi au Dollarama de la théorie énergétique. Jusqu'au jour où Youri Chassin nous a rappelé que dépenser des milliards ne résout pas tous les problèmes d'un État sclérosé.

C'est lorsque les critiques les plus graves viennent de l'intérieur que ça fait mal. Rien de tel qu'un tir ami pour mettre en évidence les compromis et les compromis.

Quel CAQ?

Quoi qu'il en dise, si Youri Chassin avait été nommé ministre, il aurait été moins sévère envers son Premier ministre, qu'il accuse aujourd'hui d'avoir perdu l'audace de mettre en œuvre les changements dont il rêvait à ses débuts.

Mais cette observation n’occulte pas la part de vérité dans son réquisitoire contre son ancienne équipe.

La CAQ de 2012 avait promis de réduire la bureaucratie, allant jusqu’à promettre « moins de bureaucratie, plus de services ». Dix ans plus tard, le constat est sombre. La taille de la fonction publique a bondi de 14 % en 6 ans. Les services ? Ils se sont dégradés.

La CAQ de 2018 voulait abolir les commissions scolaires pour redonner de l'autonomie aux écoles, celle de 2024 est aux prises avec des centres de services scolaires encore plus opaques que leurs défunts prédécesseurs.

La CAQ de 2012 rêvait d'un ordre professionnel pour les enseignants, celle de 2024 se contente de les payer davantage.

Boussole

Ce qui s'est passé?

Certains diront que la CAQ a perdu sa fameuse boussole, désormais guidée par les sondages et sa survie politique plutôt que par les idéaux de ses débuts.

D’autres diront que celle-ci a plutôt frappé le mur de la réalité. L’ampleur de la résistance à laquelle le gouvernement fait face dans le réseau de la santé illustre parfaitement la force d’inertie qui pèse sur toute ambition de réforme.

Cela s’applique également au réseau éducatif et aux grands projets de transports publics.

Dans un tel contexte, l'exercice de rationalisation des dépenses auquel le gouvernement est contraint de se livrer pour régler le déficit de 11 milliards de dollars représente une occasion en or pour François Legault.

Celui qui a lancé son parti en déplorant la lourdeur du modèle québécois a le prétexte idéal pour l'attaquer.

 
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