Superminister Fréchette ou la revanche des premiers de la classe
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Superminister Fréchette ou la revanche des premiers de la classe

Elle est discrète, disciplinée. Elle n'est ni flamboyante ni particulièrement charismatique. Surtout, devant les caméras, elle se montre extrêmement prudente.

On peut dire que Christine Fréchette est l’anti-Fitzgibbon.

Un choix politiquement idéal pour faire oublier le turbulent « roi des affaires ».

Une deuxième femme, aux côtés de Sonia LeBel, dans le cercle privilégié des ministères économiques. De quoi confirmer que François Legault est moins un oncle qu'il n'y paraît.

Certes, il ne se drape pas dans la vertu féministe comme d’autres. Il repère les femmes talentueuses et leur donne leur chance.

Mais alors qu’elle hérite d’une mission aussi cruciale que périlleuse, la question est désormais de savoir si Christine Fréchette a le malheureux privilège d’avoir été placée au bord d’une falaise de verre.

Mission impossible ?

Car si de nombreuses femmes ont brisé le plafond de verre, un autre danger les guette : celui d’être promues en pleine tempête avec le risque d’échec que cela comporte.

Pensez à Pauline Marois, qui a hérité d’un Parti québécois en crise après le règne tumultueux d’André Boisclair.

Pensez à Kim Campbell à la fin des années Mulroney, ou à Theresa May à la tête d’une Grande-Bretagne déchirée par le Brexit.

Nous ne sommes pas ici dans les théories fumeuses de la victimisation féminine. Même le prestigieux magazine Forbes et le Revue de commerce de Harvard ont enregistré le phénomène.

François Legault, le promoteur économique, peut admirer le talent politique de sa nouvelle superministre, mais lui accordera-t-il la marge de manœuvre qu'elle mérite? Surtout à l'aube d'une période de stagnation économique?

Oser

Mais les recherches montrent également que les femmes qui acceptent ces métiers à risques sont plus enclines à oser prendre des risques. Et surtout, elles savent prendre le bon risque au bon moment.

Pensons à Margaret Thatcher, qui fut sous-estimée mais qui s’est révélée être la Dame de fer. On oserait même citer Sonia LeBel, qui a hérité du Conseil du Trésor en pleine pandémie.

Contrairement à la « méchante fille » qui maîtrise l’art absolu de la politique, la « première de la classe »» Elle ne se contente pas d'étudier ses dossiers. Elle ose douter, elle réfléchit, elle pèse. Elle a appris à choisir ses batailles et sait que pour les gagner, elle doit forger des alliances.

C'est le défi que devra relever Christine Fréchette.

Car pour s'imposer comme superministre de l'Economie et de l'Energie, elle ne pourra pas seulement survivre à la commission parlementaire sur le projet de loi Energie.

Elle devra bâtir sa crédibilité et asseoir son autorité. Cela impliquera, entre autres, de lutter contre les pires instincts de François Legault, qui préfère simplifier à outrance les débats sur l’autel du calcul politique.

La femme qui a su jouer les équilibristes dans le dossier de l’immigration devra faire de même sur l’avenir énergétique du Québec.

Cela signifie se libérer du complexe que le premier ministre lui a fait cadeau. Se convaincre elle-même et convaincre le reste du Québec qu'elle a vraiment les deux mains sur le volant.

 
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