ENTRETIEN – Depuis Londres, le spécialiste britannique de la royauté Marc Roche revient sur la double annonce des hospitalisations de Kate Middleton et du roi Charles III ce mercredi.
Coup de tonnerre à Londres. Rendue publique mercredi, l’admission de Kate Middleton à la London Clinic pour une « chirurgie abdominale » a déclenché un tsunami médiatique à travers le monde. Au Royaume-Uni, l’opération du Princess of Wales est même perçue comme un « choc ». D’autant que le même jour, le palais de Buckingham annonçait la semaine prochaine l’hospitalisation du roi Charles III en raison d’une hypertrophie « bénigne » de la prostate. Un double événement inédit, estime Marc Roche, qui couvre l’actualité de Windsor depuis plus de vingt ans.
Auteur de la rubrique « Lettre à Buckingham » pour Indiquercet expert de la monarchie a écrit de nombreux ouvrages sur les Windsor, dont Les Borgia à Buckingham (1). Depuis Londres, il partage Madame Figaro son analyse de la situation qui préoccupe les Anglais.
Madame Figaro .- Mercredi, l’annonce de l’hospitalisation de Kate Middleton a surpris le monde entier. Comment les Britanniques ont-ils réagi ?
Marc Roche.- Ils ont été profondément stupéfaits par la dualité de cette annonce. L’admission de Kate à la London Clinic a été un choc car c’est une personnalité très appréciée du public, qui s’en sort sans faute depuis son arrivée chez les Windsor, qui est la future reine et épouse du prochain roi d’Angleterre et qui a surtout assuré à la descendance trois enfants, George, Charlotte et Louis. Au même moment, à une heure d’intervalle, le palais de Buckingham annonçait l’hospitalisation du roi, ce qui pose à son tour des problèmes souverains, à savoir qui assurera les fonctions du monarque pendant son absence.
Autrefois, la santé d’Elizabeth II et du prince Philip était un sujet tabou
Marc Roche
Pourquoi un tel tourbillon d’émotions concernant la princesse de Galles, alors que Kensington Palace s’est voulu rassurant sur son état de santé et a confirmé à la presse qu’il ne s’agissait pas d’un cancer ?
Cette profonde émotion du public peut s’expliquer par le fait que Kate Middleton est jeune et qu’on ne s’y attendait pas car elle semblait plutôt en bonne santé. C’est une femme sportive, non fumeuse, à la silhouette élancée, voire maigre. L’annonce de son admission à la London Clinic a donc été un choc, non seulement parce qu’elle était jugée en parfaite forme mais aussi en raison de la durée de son hospitalisation (de 10 à 14 jours) et de sa convalescence (environ 3 mois). ). Quant aux communiqués rassurants des Palaces sur la santé des membres de la famille royale, ils sont toujours pris avec suspicion car par le passé, l’état de santé d’Elizabeth II et du Prince Philip restait un sujet tabou. Il faut par exemple rappeler que même dans les derniers instants de la vie de la reine, Buckingham s’est voulu rassurant, tout en se gardant de donner trop de détails sur son état réel.
Cependant, cette fois-ci, davantage d’informations sur l’état de santé de Kate et Charles ont été dévoilées…
Oui et cela s’inscrit dans une nouvelle politique de transparence sanitaire. Dans le cas de Charles III, c’est parce que le roi entend encourager ses sujets masculins à se faire dépister pour des problèmes de prostate. En revanche, concernant Kate, on ne sait pas ce qui ne va pas chez elle. Sûrement par pudeur et protection de la vie privée, mais aussi parce qu’in fine, son absence n’a pas d’effets institutionnels majeurs.
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Derrière ce bouleversement, n’y a-t-il pas le fantôme d’une autre princesse de Galles, Dame Diane mort à 36 ans ?
Non car les situations ne sont pas comparables. Diana Spencer est décédée des suites d’un accident de voiture. Au moment de sa mort, elle ne faisait plus partie de la famille royale, avait perdu son titre d’Altesse Royale et était paria. Tandis que Kate est princesse de Galles, elle reste un membre éminent du clan Windsor. Cela étant dit, l’émotion envers Kate est réelle. Mais il faut aussi garder à l’esprit que le décès d’Elizabeth II remonte à seulement plus d’un an. Depuis, Charles, le nouveau roi, a laissé sa marque. William, en tant que prince de Galles et principal héritier du trône, soutient très bien son père et lui aussi a compris son rôle. Et tandis que les bombes – Harry et Andrew – étaient désamorcées, une certaine tranquillité régnait au sein de la monarchie britannique. Une tranquillité d’esprit qui vient d’être remise en cause avec cette double hospitalisation.
Dans le cas de Kate, la transparence n’est pas totale
Marc Roche
Dans son communiqué laconique, Kensington Palace parle d’une « intervention chirurgicale abdominale planifiée ». Cependant, l’agenda du Pays de Galles vient d’être complètement bouleversé avec l’hospitalisation et la convalescence de Kate. Peut-on penser que la santé de Kate s’est soudainement dégradée ?
Chez les Windsor, les représentations sont planifiées six mois à l’avance, comme sur des roulettes. Sécurité, médias, invités… Tout est mesuré à la seconde près. Annuler des apparitions publiques, des visites ou des déplacements officiels n’est donc pas anodin. C’est le signe que la situation est très grave. Le sentiment général est que la princesse a un problème gynécologique. Mais ce ne sont que des rumeurs… Reste qu’elles inquiètent les Anglais.
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Vous l’avez dit : en parallèle de Kate, Charles III sera hospitalisé la semaine prochaine en raison d’une hypertrophie « bénigne » de la prostate. Des détails médicaux rendus publics, comme rarement auparavant. Cela prouve-t-il que le protocole du Palais a changé ?
La communication du palais a été interrompue avec la mort de la reine. Elizabeth II s’est entourée de militaires, d’anciens hauts fonctionnaires, de diplomates… Et du coup, elle a partagé peu d’informations. Elle a également tout fait pour cacher le tabagisme et l’alcoolisme de sa sœur Margaret, la seule membre à avoir eu de graves problèmes de santé chez les Windsor. Charles III, de son côté, choisit de nommer à la tête de son service royal de communication l’ancien directeur adjoint de Courrier quotidien, le premier quotidien populaire du pays. Ce dernier pousse le roi à plus de transparence. On le sent, il y a une volonté depuis plusieurs mois de mieux briefer la presse, d’être moins distant avec les journalistes lors des déplacements officiels. Concernant l’hospitalisation de Kate, la transparence n’est pas totale. Il s’agit d’une annonce mi-douce et mi-enthousiasme. Officiellement, il est indiqué que c’est pour la protection de la vie privée. Mais comme ils ne disent rien, les spéculations vont bon train. Personnellement, je crois que le Palais ne ment pas lorsqu’il réfute des raisons cancéreuses, car on finirait par le découvrir un jour ou l’autre.
(1) Les Borgia à BuckinghamAlbin Michel, mai 2022, 336 pages, 20,90 €.
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