Les experts en santé publique tirent la sonnette d’alarme sur les faux traitements contre le cancer qui n’ont aucune validité scientifique et qui sont devenus viraux sur le Web à cause d’une interview de l’acteur américain Mel Gibson.
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« J’ai trois amis, tous trois avaient un cancer de stade 4. Tous les trois n’ont plus de cancer désormais et ils avaient de sérieux problèmes », a déclaré Gibson dans une vidéo diffusée le 9 janvier sur le podcast populaire du comédien Joe Rogan, connu pour propager des théories du complot.
L’acteur Mel Gibson lors de son entretien avec le controversé Joe Rogan, le 9 janvier 2025.
Capture d’écran YouTube Joe Rog
Dans cette séquence vue plus de sept millions de fois sur YouTube, l’acteur de 69 ans affirme que ses proches ont été guéris de la maladie grâce à la prise d’ivermectine. C’est un médicament administré aux animaux, comme les vaches ou les poils, pour lutter contre les parasites intestinaux.
« Rien dans la littérature scientifique ne soutient que l’ivermectine guérisse le cancer, c’est complètement faux et dangereux. Il existe quelques études exploratoires ou précliniques qui ont examiné le médicament pour traiter la maladie, mais il n’existe aucune donnée prouvant que l’ivermectine guérit le cancer. Journal Kevin L’Espérance, docteur en santé publique et épidémiologie.
La science n’a pas démontré l’efficacité de ce médicament antiparasitaire dans le traitement du COVID-19.
Photo d’archives, AFP
De dangereux faux espoirs
La Société canadienne du cancer n’a pas tardé à dénoncer les fausses informations de Mel Gibson dans une longue publication sur les réseaux sociaux. Ce dernier a entre autres fait valoir dans le podcast controversé que le fenbendazole, un autre agent antiparasitaire utilisé en médecine vétérinaire, aurait permis de soigner ses proches atteints d’un cancer.
« Une telle désinformation est dangereuse, cruelle et irresponsable et donne de faux espoirs aux personnes atteintes de cancer et à leurs proches. […] Les médicaments mentionnés dans le balado sont à l’étude, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer leur efficacité et leur innocuité», explique Isabelle Girard, directrice des communications pour le Québec à la Société canadienne du cancer.
Kévin L’Espérance Photo de courtoisie
Kevin L’Espérance, qui est également chercheur postdoctoral à l’université de Stanford, craint que l’on voie des patients atteints de cancer renoncer à leur traitement en médecine traditionnelle et choisir de suivre la « fausse solution miracle » de l’acteur.
« Mel Gibson est une autorité parce que c’est une personnalité publique et certaines personnes veulent croire en cette solution simple. D’un autre côté, ces commentaires sont dégradants pour les chercheurs qui investissent beaucoup de temps et d’argent pour guérir le cancer. […] Les patients doivent surtout consulter leur médecin avant de prendre tout médicament », suggère le spécialiste de santé publique.
Joe Rogan, interrogeant Mel Gibson sur l’ivermectine la semaine dernière.
Capture d’écran
Plusieurs Québécois empoisonnés
Selon le Centre antipoison du Québec (CAPQ), près d’une vingtaine de personnes ont été intoxiquées à l’ivermectine dans la province depuis 2020.
« A noter qu’il s’agit principalement d’expositions accidentelles à des produits vétérinaires, d’erreurs thérapeutiques ou d’automédication dans le cadre du COVID-19. Aucun de ces cas n’est lié au traitement du cancer», précise Mariane Lajoie, porte-parole du CIUSSS de la Capitale-Nationale.
Une hausse des cas a été constatée en 2022 (9 intoxications) et 2023 (10 intoxications). La Revue On a aussi retrouvé des dizaines de témoignages de Québécois voulant se procurer ce médicament en ligne, ces derniers jours, après avoir écouté Mel Gibson.
Rappelons que l’ivermectine a été faussement présentée en 2021 comme un remède contre le COVID-19. Cette hypothèse n’avait aucun fondement scientifique, tout comme la désinformation entourant le médicament contre le cancer en 2025.
Nombre de personnes intoxiquées par l’ivermectine au Québec :
- 2020 : Moins de 5 cas
- 2021 : Moins de 5 cas
- 2022 : 9 cas
- 2023 : 10 cas
- 2024 : Moins de 5 cas
Source : Centre antipoison de Québec
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