“Je me sens différent d’avant et un peu plus fragile”

“Je me sens différent d’avant et un peu plus fragile”
“Je me sens différent d’avant et un peu plus fragile”

Après Brest, le 28 novembre, vous défilerez dans d’autres villes bretonnes

. Etes-vous ravi de revenir en Bretagne, vous qui avez des racines à Pontivy (56) et de son vrai nom Alain Le Govic ?

Je suis évidemment ravi de revenir en Bretagne, comme toujours. Quand je jouais récemment à Vannes, j’avais 80 cousins ​​dans la salle. La Bretagne me rappelle des souvenirs d’enfance, des amis et surtout un attachement à ce que mon père m’a transmis. Il ne pouvait pas voir une coiffe bretonne sans avoir les larmes aux yeux. Même chose quand il a vu passer un bagad. Il avait aussi cet attachement à la culture paysanne et à la dureté de la vie des Bretons.

Vous sentez-vous breton, vous qui êtes né à Paris ?

Oui bien sûr. Il n’y a rien de plus beau et de plus fort qu’en Bretagne.

En 1969, l’auteur-compositeur Étienne Roda-Gil écrit « Locmariaquer » (« Locmariaquer est un village/Où venir pleurer/Les marées veuves du voyage/Des amours oubliées de l’été… »). Qu’a-t-il incité à écrire sur cette petite ville portuaire du Morbihan ?

Comme je m’appelais Le Govic, Étienne Roda-Gil a estimé qu’il était évident que je devais être lié à cette imagerie.

« Partir dans un moment d’extase »

En mars, vous sortez votre 16ème album intitulé « Impermanence ». Ce titre fait-il allusion à la notion d’impermanence qui occupe une place centrale dans la pensée bouddhiste ?

C’est un titre générique qui est aussi celui d’une des chansons de l’album. La limpermanence est une manière de relativiser le tout et d’en apprécier la beauté. A une époque, j’avais un peu abordé le bouddhisme par l’intermédiaire d’un chef d’orchestre à Los Angeles. Il m’a expliqué que le bouddhisme l’avait beaucoup aidé dans son rapport au monde. J’ai donc fait quelques recherches et j’ai commencé à lire des choses qui me semblaient logiques. J’avais aussi besoin d’avoir un attachement à une recherche de spiritualité que je n’avais pas pu trouver dans ma religion d’origine : le catholicisme. J’ai pratiqué le bouddhisme pendant quelques années avant de l’abandonner.

L’un des autres morceaux de l’album, « Happy Apocalypse », évoque-t-il le fait de ne pas avoir peur de vieillir et de mourir ?

Ce n’est pas la peur mais l’espoir de vivre ses derniers instants, de lâcher prise, éventuellement, en bonne compagnie, et de repartir dans un moment d’extase.

Vous vous inquiétez aussi du réchauffement climatique à travers la chanson « Whisky ice » : « Et en terrasse/On allume la glace au whisky/Sans même la laisser fondre/Et en terrasse/Les amoureux s’embrassent/En attendant que tout disparaisse »…

Quand on voit les effets du changement climatique et tout ce qu’il provoque, il est extrêmement alarmant de constater que nous ne pouvons pas nous en sortir. À mon âge, j’ai peut-être échappé au pire, mais pour mes enfants et petits-enfants, c’est un sujet qui doit devenir une priorité.

“Pour moi, c’est le dernier album mais ça ne veut pas dire que je n’enregistrerai plus”

Pourquoi dis-tu que c’est ton dernier album ?

Depuis des années, les maisons de disques pleurent en disant que ça marche de moins en moins. D’autre part, on constate un développement de toutes les plateformes de streaming et de téléchargement. Le public se tourne vers une autre façon d’écouter la musique, alors pourquoi continuer à l’ignorer et vouloir absolument lui pousser des albums ? Pour moi, c’est le dernier mais cela ne veut pas pour autant dire que je n’enregistrerai plus.

Quels types de projets envisagez-vous de réaliser ?

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J’aimerais réaliser des projets avec d’autres artistes, comme des formats quatre pistes. L’enjeu n’est certes pas énorme mais cela permet de conserver un peu de motivation, que ce soit à l’écriture, à la réalisation…

“Jacques Dutronc avait peut-être un plus”

Plus jeune, vous avez joué avec Claude François et Jacques Dutronc, travaillé avec Serge Gainsbourg et Lio. Avec lequel gardez-vous les plus beaux souvenirs ?

Il y a eu bien sûr de mauvais souvenirs mais je préfère ne garder que les meilleurs. Avec Jacques Dutronc, il y avait peut-être quelque chose de plus. Pour moi, ce fut un voyage initiatique. J’avais alors 17 ans, je ne connaissais pas grand chose et, tout d’un coup, je me suis retrouvé avec cette bande de fous. Nous sommes partis en tournée et avons traversé toutes les couches de la société car Jacques Dutronc avait cette capacité à séduire tout le monde. Nous sommes passés de fêtes de la bière en soirées privées chez de hauts fonctionnaires à Paris. Soudain, toutes les portes se sont ouvertes devant moi : les discothèques huppées de Paris, les dîners avec le parolier et écrivain Jacques Lanzmann… A 17 ans, j’ai découvert que la vie était autre chose que mes parents, ma famille et mes amis du coin.

Quelle musique écoutes-tu aujourd’hui ?

Celui que j’entends par hasard. J’aime bien Voyou qui chante, un peu comme Zaho de Sagazan. J’aime aussi Flavien Berger, dont les mélodies partent dans tous les sens. J’aime cette sorte de liberté et de poésie qui se dégage de ses chansons. Nous n’avons pas l’impression d’être du genre à vouloir convaincre tout le monde. Il a un côté ironique qui est très agréable.

“Je suis moins alerte qu’avant mais ça le fait”

Après avoir souffert d’un cancer des os, diagnostiqué en 2015, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Je me sens différent d’avant et un peu plus fragile. D’abord parce qu’il y a des séquelles. En effet, j’ai des problèmes au dos, les vertèbres ont été un peu touchées et je ressens des douleurs dans les doigts. Mais bon : en même temps, je ne me laisse pas aller. Alors je fais désormais un peu de sport, je continue d’avoir des projets et de ne pas me laisser dominer par ces petits bobos. Je suis bien sûr moins alerte qu’avant mais ça marche.

* Spectacle « Conversation musicale : le meilleur de moi-même », au Roudour, à Saint-Martin-des-Champs (29), samedi 25 janvier, à 20h30 ; à l’Espace Bel Air, à Saint-Aubin-du-Cormier (35), dimanche 26 janvier, à 18 heures ; aux Arcs, à Quéven (56), vendredi 28 février, à 20h30 ; au Théâtre de l’Arche, à Tréguier (22), samedi 1er mars, à 20h30 ; au Palais des arts de Vannes, mercredi 5 mars, à 20 heures. C’est un spectacle qui rassemble les grandes chansons de sa carrière (« Manureva », « La fièvre dans le sang », « Bambou », « Traces de toi » … où, sur scène, il est accompagné de son pianiste et de son complice de toujours, le chanteur et animateur franco-américain Valli, avec qui il partage anecdotes et grands moments de sa vie professionnelle. Entouré de plusieurs musiciens, Alain Chamfort se produira également, lundi 31 mars, à 18 heures, au Festival Mythe de Rennes.

 
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