Ce mercredi 8 janvier, France 2 propose une nouvelle saison en deuxième partie de soirée de sa série documentaire Dans les yeux d’Oliviertoujours avec Olivier Delacroix à sa tête. Le journaliste aborde six thématiques fortes et actuelles en donnant la parole à des témoins anonymes. Certaines personnalités prêtent également leur voix à cinq des sujets de la saison : Maëva Coucke, Michèle Bernier, Firmine Richard, Rose, Nikita Bellucci et Olivier Delacroix lui-même qui, en toute discrétion, évoque son expérience du sujet dédié au suicide. Rencontrez celui qui, depuis 13 saisons, aborde des thèmes forts ou tabous et laisse le temps à ses interlocuteurs de raconter leurs histoires.
“Nous avons eu des témoins extraordinaires cette saison» : Olivier Delacroix évoque la nouvelle saison de son émission Dans les yeux d’Olivier
Multi-Loisirs : Quels sont les thèmes abordés lors de ces six épisodes ?
Olivier Delacroix : Familles de criminels, cybersexisme, suicide, souffrance au travail, crimes sexuels et lutte après un accident.
Comment présenteriez-vous la saison en quelques mots ?
Il est très important pour nous que ces thématiques soient réellement liées à celles qui animent notre société et font écho à l’actualité. Nous commençons par Famille de criminelsqui est un film très fort, un peu comme tous les films finalement ! Nous avons eu des témoins extraordinaires cette saison : quelque chose s’est développé entre nous, ce qui fait qu’au final, nous avons une qualité de parole assez exceptionnelle. C’est pour ça que cette saison est réussie et très intense, parce qu’elle était vraie, elle était loin, elle était profonde. J’ai beaucoup de plaisir à faire ce programme chaque année et il y a beaucoup de moments forts cette saison.
Comment abordez-vous les personnalités lors de ces entretiens délicats ?
Comme pour tous les autres témoins. Vous savez, cela vient peut-être d’une déformation professionnelle, mais à 22 ans, j’ai été embauché par Christophe Dechavanne, aux belles années de Ciel, mon mardi ! Et je suis très vite devenu son ami ainsi que son bras droit. Et ça m’a permis de rencontrer tout un tas de gens, des gens formidables dans le monde, de grands artistes, chanteurs, acteurs, politiques. Et très tôt enfin, dans ma jeune vie de journaliste, j’ai été confronté à des gens que tout le monde aurait envie de rencontrer. Sans doute me suis-je imprégné un peu de sa façon très spontanée de parler aux gens, qu’ils soient connus ou non. Pour moi, il n’y a pas de différence entre une personne anonyme et une personnalité.
“Ils ont tous mon numéro» : le journaliste Olivier Delacroix évoque ses liens avec les témoins de Dans les yeux d’Olivier
Ils sont comme tout le monde…
Dans cette série documentaire, on aborde encore des choses très importantes de la vie et là, il n’est pas vraiment question de starification. On parle de douleur, on parle d’une épreuve, on parle d’un moment de la vie où l’on vit exactement la même chose, que l’on se soit connu ou non. Et c’est justement pour cela que nous avons pris cette décision : il nous semblait important de montrer que même si nous évoluons dans un univers de lumière, d’argent, où l’on peut être adoré, face à la mort, à l’épreuve, à l’inquiétude, vous le ferez. combattez avec vos armes. La renommée n’entre plus en jeu à ce moment de la vie. Nous sommes obligés de nous confronter.
Comment faites-vous pour retrouver tous ces témoins ?
C’est un travail laborieux, mais nous sommes très exigeants sur l’aspect exclusif de la parole. Avec Dans les yeux d’Oliviervous ne verrez pas un témoignage que vous avez déjà entendu partout. Nos collaborateurs sont à la recherche d’un mot rare.
Quel lien entretenez-vous avec les témoins de l’émission ?
Ils ont tous mon numéro de téléphone. Beaucoup m’écrivent, m’envoient des SMS, je leur réponds toujours. D’autres en revanche ne donnent aucune nouvelle.
Vous témoignez dans l’épisode consacré au suicide, parce que votre père s’est suicidé, vous avez longtemps hésité ?
J’ai déjà demandé leur consentement à ma mère et à mon frère car c’était la seule chose qui aurait pu me retenir. Je ne peux pas vous dire que ce film a été facile à réaliser. C’était un tournage particulier, intense et nécessaire.
“Je suis très reconnaissant d’être en vie» : Olivier Delacroix parle de ses gratitudes et de ses craintes
Vous écrivez, vous sortirez aussi votre premier roman avant l’été, vous faites aussi de la musique. Quelle autre passion vous sert d’exutoire, notamment après des enregistrements difficiles ?
J’ai toujours surfé. Dès que possible, je pars : il n’y a rien de plus apaisant que de surfer sur une vague.
Votre sensibilité transparaît dans chaque épisode de Dans les yeux d’Olivier. L’avez-vous toujours assumé ?
Cela n’a jamais été un problème. Il faudrait leur demander, c’était peut-être celui de mes proches, mais je n’en suis pas sûr. Ma sensibilité m’a toujours amené à ressentir la présence des autres. Je ne vis donc pas sans me soucier de ce qui m’entoure et sans avoir conscience des autres. Elle est aussi très féminine. J’aime ce qu’elle me fait subir, elle me poursuit parfois, elle me fatigue aussi ! Je suis très reconnaissant d’être en vie.
Vous avez eu 60 ans en 2024. Les changements par dizaines sont parfois des étapes charnières. Comment l’avez-vous vécu ?
C’était extrêmement difficile. Je ne vais pas vous mentir, je suis un amoureux de la vie. Ces 60 années ont été accompagnées d’abord par la maladie d’un de mes proches, puis par son décès. Il était plus jeune que moi, il avait 52 ans. J’ai été et je suis toujours extrêmement touché. J’ai peur de la mort, de la maladie et j’ai réalisé qu’à 60 ans, il ne me restait peut-être que 5 Coupes du monde, peut-être 6 ou 7 à voir. J’aimerais vivre dix vies supplémentaires. Je vais devoir y travailler et trouver un peu de calme parce que je sais que je ne peux pas vivre dans la peur ou l’insécurité. J’ai le sentiment d’avoir une vie très intense, très intéressante et quand on la regarde comme ça, peut-être qu’on se met la tête dans le sable. Je me suis frappé à ces 60 ans et je ne l’ai pas vu venir. Mais je fais aujourd’hui des choses qui m’épanouissent et dont je n’aurais jamais rêvé il y a 25 ans, comme réaliser ces documentaires ou animer une émission de radio.