Par Augustin Moriaux
Publié
6 janvier à 17h18,
mis à jour 6 janvier à 17h21
L’auteur de « La Défaite de l’Ouest » (Gallimard) était l’invité de la reprise des « Points de vue » (Le Figaro TV). Emmanuel Todd voit en Elon Musk le reflet de la réflexion profonde des géopolitologues américains.
«Franchement, sur le plan méthodologique, je dois avouer que j’ai beaucoup de mal en ce moment. Et j’ai compris pourquoi je n’ai pas compris : l’Occident est en pleine dislocation et il se passe des bêtises.», ironise aussitôt Emmanuel Todd, avec son indéniable sens de la formule. Dans “Points de vue» (Le Figaro TV), l’anthropologue est revenu, avec Vincent Roux, sur les bouleversements géopolitiques en cours, notamment en Ukraine et à Taiwan. En ce sens, il est impossible, dans cette partie d’échec du village global, de ne pas évoquer le rôle potentiel du patron de X et prochain ministre de « l’Efficacité du Gouvernement » dans l’administration Trump.
Elon Musk est « non filtré »
«Il y a quelque chose que nous ne voyons pas chez Elon Musk : c’est l’homme le plus riche du monde et il n’a pas de filtre. Il ch*e aux Allemands puis aux Anglais – Je ne sais pas ce qui va arriver à nous, Français – mais il le dit. En réalité, quand on lit les géopolitiques américains, voilà ce qu’ils pensent de nous : ils nous méprisent pour notre servilité.», affirme Emmanuel Todd.
Au-delà des polémiques concernant ladite ingérence ou des éclats pour le moins débridés du fondateur de Tesla sur son propre réseau social, » Il faut reconnaître que industriellement, ça marche. Elon Musk a eu l’intelligence de revenir à une activité qui est dans la production de choses”reconnaît Emmanuel Todd. Qui, cependant, voit la lune ailleurs alors que tous les regards sont tournés vers l’expansion économique de l’empire Musk. “Il faut voir aussi ce que c’est : Starlink, c’est 7 milliards de dollars de chiffre d’affaires, Space X, 9 milliards. D’accord, mais l’effondrement de Boeing coûte 65 milliards de dollars. Ce qui compte aux États-Unis en ce moment, ce n’est pas le succès de Musk, c’est l’effondrement de Boeing.», note l’historien qui prédisait, dès 1976, en La chute finale, les modalités de la chute de l’URSS.