« La musique n’est qu’un prétexte »… Ces festivaliers qui ne connaissent aucun groupe dans le prog

« La musique n’est qu’un prétexte »… Ces festivaliers qui ne connaissent aucun groupe dans le prog
« La musique n’est qu’un prétexte »… Ces festivaliers qui ne connaissent aucun groupe dans le prog

Il est 16 heures ce vendredi et quelques centaines de personnes sont rassemblées dans le Liberté. Sur la scène de la grande salle de concert de Rennes, Mina Raayeb interprète un rap puissant qualifié d’« industriel ». Le trio brestois joue certes gros. Récemment formé, il espère attirer les nombreux programmeurs qui se cachent dans le public. Mais qui sont les autres ? Qui sont ces gens qui viennent aux Trans Musicales de Rennes sans connaître un seul groupe au programme ? Qui sont ces gens qui déboursent près de 40 euros pour passer une soirée d’hiver dans un Parc des Expositions ? Alors que la plupart des festivals français s’appuient sur de grands noms pour attirer le public, Trans parvient à attirer des dizaines de milliers de spectateurs sans aucune tête d’affiche. « Nouveau depuis 1979 », dit leur slogan. Et si c’était vrai ?

Soyons honnêtes. Parmi le public du festival, certains sont clairement doués en musique, beaucoup travaillent dans l’industrie et viennent ici faire leurs courses. « C’est un lieu essentiel pour nous. C’est l’endroit où il faut être », explique Joran, manager artistique nantais. Certains de ses groupes, comme le duo électro Atoem, ont vu leur carrière décoller après avoir joué ici. Mais Joran ne vient pas que pour ça. Au-delà du travail, le trentenaire aux yeux bleus vient surtout « pour profiter ». “On se fait gifler tout le -, même quand on ne connaît pas beaucoup de groupes.”

Les membres du groupe de rap islandais Reykjavíkurdaetur étaient revenus aux Trans Musicales lors de leur visite en 2016– C. Allain/20 Minutes

A ses côtés, Maëva tient un discours encore plus élogieux. «Je suis un fan inconditionnel des Trans. Je l’ai affiché dans ma chambre, je garde les CD. C’est mon festival préféré. A 26 ans, celle qui travaille pour les labels Vlad et Foudrage en est déjà à sa 9ème édition. « Je trouve qu’il y a une dimension sociale. Ici, nous aidons des groupes inconnus à tenter d’émerger dans la jungle de la musique. C’est précieux.

“Ils gardent leur identité, leur ADN”

L’une des meilleures publicités pour les personnes trans est aussi leur CV. Depuis leur création, leur programmeur historique Jean-Louis Brossard a déniché des centaines de talents. «Je ne programme que des groupes qui me plaisent», assume l’infatigable passionné. On n’hésitera pas à rappeler que Nirvana y a joué, tout comme Daft Punk, Björk, Ben Harper, Stromae et encore d’autres trucs plus inattendus comme Blink 182 ou Alliance Ethnik. Vous trouvez que c’est daté ? Alors dites-vous que c’est ici que Zaho de Sagazan a été repéré il y a deux ans. Vous connaissez la suite.

« C’est vrai qu’il y a quelques années, il y avait peut-être un peu plus de têtes d’affiche. Mais je pense que ce qui fait le succès de Trans, c’est ce côté découverte. Ils gardent leur identité, ne changent pas leur ADN», affirme Antoine, 37 ans. « Pour moi, c’est un peu un rendez-vous incontournable entre amis. L’ambiance est vraiment cool. Quoi qu’il arrive, nous y allons.

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Comme lui, de nombreuses personnes de toute la « Grande-Bretagne » ont l’habitude de venir chaque année, sans même savoir ce qu’elles vont voir et écouter. Quand on pose la question aux habitués, la réponse est souvent la même. « La musique et les groupes ne sont qu’un prétexte, explique Noémie. Depuis dix ans, la jeune quadragénaire aux cheveux bouclés venait à Rennes pour « passer le week-end avec ses copines » rien que pour la Trans. Avec un rituel bien établi : apéritif vigoureux, départ maintes fois retardé et navette bondée.

« A quoi ça sert de travailler dans le prog ? »

Désormais installée à Rennes, l’ancienne Nantaise anime désormais chez elle le fameux « apéro pré Trans ». « J’y vais pour la camaraderie et pour passer un bon moment avec mes amis », explique Rom. Est-ce qu’il écoute le prog avant d’y aller ? Même pas. « J’aime me laisser emporter par l’instant présent. N’est-ce pas là qu’on fait les plus belles découvertes ? « . Cet habitué du festival avoue qu’il oublie aussi parfois une partie de ce qu’il a vu, emporté par l’ivresse de la foule. « A quoi ça sert de travailler dans le prog ? « .

Le public est toujours au rendez-vous aux Trans Musicales, comme ici lors de l’édition 2014.– C. Allain/20 Minutes

Les habitués du Parc-Expo avouent avoir parfois passé des soirées moins agréables que d’autres, déambulant de salle en salle sans trouver leur bonheur. Mais il y a aussi toutes ces fois où ils transpiraient à ras bord au rythme du rock norvégien, du rap islandais chanté par des femmes ou du folk psychédélique venu de Turquie. Sans oublier les arrêts impromptus au milieu d’une Green Room bouillante. Parce que c’est ce que sont les personnes trans.

 
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