Mercredi 6 novembre dernier, Emmanuel Macron s’est empressé d’adresser ses félicitations au nouvel élu Donald Trump, en anglais, sans même attendre la confirmation de l’agence Associated Press. “Prêt à travailler avec vous comme nous l’avons fait pendant quatre ans”, écrit-il sur X (anciennement Twitter) à 9h08. Il est alors le premier dirigeant européen à se manifester, et l’un des tout premiers au monde. Hier soir, le président américain lui a rendu la pareille : il a annoncé qu’il se rendrait à Paris dimanche prochain pour assister à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, parmi une cinquantaine de chefs d’État. Et il a félicité son homologue pour « son travail remarquable » qui a permis à la cathédrale « de retrouver toute sa splendeur ».
Ce voyage surprise sera un casse-tête protocolaire, car Jill Biden, la première dame américaine, sera également présente pour représenter son mari, un fervent catholique. Mais ce sera surtout le premier déplacement de Donald Trump à l’étranger depuis sa réélection – et son grand retour sur la scène internationale. Et peut-être aussi une réconciliation, du moins en apparence. Car entre les deux hommes, la relation est mouvementée.
Tout a commencé le 25 mai 2017 à Bruxelles, par une poignée de main de six secondes, devenue célèbre car elle ressemblait à un « mano a mano ». Macron n’est président que depuis onze jours. Trump, depuis près de quatre mois. Tous deux ont été élus sans aucune expérience électorale, défiant les pronostics et les candidats du « système ». Lors de ce premier rendez-vous, Donald Trump tend la main, qu’Emmanuel Macron saisit au point de blanchir ses jointures, avec un air de défi dans le regard. Trump ne lui en veut pas puisque moins de deux mois plus tard, il a accepté son invitation à participer aux cérémonies du 14 juillet, sur la place de la Concorde. Macron prend grand soin du président américain et de son épouse Melania, qu’il invite à dîner sur la Tour Eiffel, au grand restaurant Le Jules Verne. Dix mois plus tard, il est à son tour invité à Washington. En mai 2018, Emmanuel Macron a été le premier président étranger à recevoir une visite d’État à la Maison Blanche de Donald Trump. Un grand succès diplomatique pour la France.
Un air de méfiance entre les deux hommes
Mais les relations se sont détériorées en novembre 2018, lors du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Trump est alors à Paris et de très mauvaise humeur après les déclarations d’Emmanuel Macron sur la création d’une armée européenne, qu’il considère comme une provocation anti-américaine « très insultante ». Entre les deux hommes, la lune de miel semble terminée et les désaccords ne manquent pas (retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, etc.)
Depuis, Donald Trump sait se montrer très méprisant envers Emmanuel Macron, de 31 ans son cadet. Il y a un an, invité d’honneur du gala du New York Young Republican Club, il l’avait traité de « petit gars délicat » depuis la tribune. Lors de la dernière campagne présidentielle, il s’est souvent moqué de son accent français et a régulièrement menacé d’augmenter les droits de douane sur les vins et champagnes français « de 100 % » si la France sanctionnait ou taxait davantage les entreprises américaines.
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Mais Donald Trump aime la France : il l’a récemment prouvé en nommant un ami proche, Charles Kushner, beau-père de sa fille Ivanka, ambassadeur à Paris.
Selon l’Elysée, les deux hommes ont eu le 6 novembre une conversation « très chaleureuse » de 25 minutes, au cours de laquelle ils ont évoqué les crises internationales, notamment l’Ukraine et le soutien militaire américain aux troupes russes. Dimanche, Emmanuel Macron reprendra la discussion et tentera à nouveau de persuader Trump de ne pas abandonner Kiev. Ce ne sera pas facile.
