Par
Jérémie Attali
Publié le
23 novembre 2024 à 8h14
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Parler de Bernard Tapie, à Marseille, c’est souvent comme parler d’un membre de la famille, avec la passion que cela implique.
Surnommé « le patron » durant ses années de gloire avec l’Olympique de Marseille, le Parisien de naissance est devenu au fil du temps un pur Phocéen, à tel point qu’il a décidé d’être inhumé, une fois décédé, au cimetière de Mazargues (8e).
Dans son nouveau livre Tapie comme Bernard, Marie Griessinger Tenturessa belle-fille, dresse, d’une plume douce et délicate autant que franche et lucide, le portrait du célèbre homme d’affaires, ministre, acteur et ancien président de l’OM donc, dans des termes souvent encore conjugués au présent, comme abasourdi par son absence.
« Excessif et brillant »comme le décrit Marie, il revit à travers des paroles sincères et acérées, validées avec affection par le reste de la famille de Bernard Tapie, dont son fils Laurent, qui confie, de passage à la fin de cet entretien, avoir eu “les larmes aux yeux” à la lecture de cet ouvrage.
Comments collected by Jérémy Attali, in Marseille.
“Avec Bernard Tapie, j’ai eu des tensions assez fortes”
Acte : Marie, vous avez rencontré Bernard Tapie à 16 ans et suivez depuis ses nombreuses aventures. En privé, quel homme était-il réellement ?
Tapisserie Marie Griessinger : C’était avant tout une personne très attentive, très présente pour ses proches, 24 heures sur 24. Si quelque chose n’allait pas au milieu de la nuit, son téléphone était toujours allumé. De son côté, il nous reproche que cela ne soit pas le cas : « Mais de toute façon, si la famille a besoin de quelque chose, que se passera-t-il ? Loin d’être superficiel, il s’est montré extrêmement attentif.
Comment se passe votre première rencontre ?
Tapisserie Marie Griessinger : Je viens de Polynésie, d’une famille calme et discrète, ce fut un choc de rencontrer une personne comme Bernard Tapie ! J’ai ensuite rejoint Laurent, son fils, en France. Je me rends vite compte que Bernard est un personnage. Cependant, avec mon impulsivité d’adolescent, je ne me suis pas laissé faire et nous nous sommes beaucoup disputés. Cela a donné lieu à des tensions assez fortes ! Il a ensuite appris à me respecter et j’ai fait sa connaissance.
« Il nous a poussé à donner le meilleur de nous-mêmes »
Est-ce difficile d’évoluer à ses côtés ? Qu’apprenons-nous sur nous-mêmes ?
Tapisserie Marie Griessinger : Nous entretenons évidemment une relation passionnée avec lui. Il traverse beaucoup d’émotions et son humeur est tellement changeante. Parfois on l’adore, puis on n’en peut plus quand on habite à côté de lui ! Cela a construit mon caractère et m’a renforcé. Il a des normes tellement élevées ! Il aime que ses proches exploitent leurs talents, cela met une pression constante, on se remet constamment en question. Il nous a constamment encouragés à donner le meilleur de nous-mêmes. J’étais quelqu’un qui manquait de confiance en moi, passer du temps avec Bernard m’a fait réaliser que peu importe qui j’étais en face de moi, je ne serais jamais plus impressionné. Il m’a toujours encouragé, comme il le faisait avec ses enfants.
Passer de ses jours de gloire à la critique est-il vraiment si simple pour sa famille ?
Tapisserie Marie Griessinger : C’est comme des montagnes russes ! On est passé de moments d’exaltation à des problèmes majeurs, dont le harcèlement judiciaire à son encontre. Mais Bernard nous a toujours protégés, il a toujours été positif. On s’inquiétait pour lui, on se demandait comment il allait tenir, entre les crises et la maladie… Mais il a toujours tenu bon ! Avec Bernard, nous n’avons jamais eu peur. Ce qui l’a fait souffrir, c’est le traitement médiatique. Certains lui ont donné une image déformée et négative.
Une partie de sa vie a été consacrée, avec succès, à l’Olympique de Marseille. Comment Bernard Tapie parlait-il de la ville marseillaise ?
Tapisserie Marie Griessinger : Marseille était son havre de paix. C’est la ville qui a été là dans ses succès comme dans les moments difficiles. Je me souviens qu’il avait été très touché par les supporters du stade Vélodrome qui l’encourageaient et même, en ville, où plusieurs messages étaient affichés. En privé, il avait les larmes aux yeux et cela lui a apporté un énorme soutien.
« Nous ne sommes jamais guéris et nous ne le serons jamais vraiment »
Trois ans après sa disparition, le deuil est-il terminé ?
Tapisserie Marie Griessinger : J’ai commencé ce livre en 2015, avec lui, avant sa maladie. Je ne pouvais pas imaginer le terminer sans lui. Je voulais parler de ce vide que laisse un personnage aussi charismatique. La deuxième partie du livre parle de ce deuil. Trois ans, ce n’est pas suffisant : nous ne sommes pas complètement guéris et nous ne le serons jamais vraiment. Mais même quand il n’est plus là, il est là… et il nous porte.
Aurait-il aimé ce livre ?
Tapisserie Marie Griessinger : Même si je parle aussi de ses défauts, je sais qu’il aurait adoré ce livre. Les membres de sa famille l’aimaient et m’expliquaient que lire ce livre, c’était passer du temps en sa compagnie. C’est ma plus grande fierté.
« Tapie, comme Bernard », est paru aux Presses de la Cité. Marie Griessinger Tapie a déjà publié « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en s’en allant », d’Albin Michel.
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