D’où vient cette manie des standing ovations interminables ? – .

D’où vient cette manie des standing ovations interminables ? – .
D’où vient cette manie des standing ovations interminables ? – .

Un peu comme on s’attend à voir la terre trembler sous les pieds de Taylor Swift, on n’imagine pas une séance au Palais des Festivals sans une standing ovation digne de ce nom. Ces grandes manifestations publiques font partie du folklore du Festival de Cannes. Kevin Costner peut témoigner sur le sujet. Le réalisateur du western Horizon : une saga américaine a laissé couler quelques larmes devant l’interminable ovation qui a duré sept minutes à l’issue de la projection de son film, présenté dimanche hors compétition.

Fallait-il y voir le signe d’un profond ennui, comme le suggère avec humour un article de la BBC publié ce mercredi ? Sept minutes d’applaudissements, c’est flatteur, mais c’est long. Surtout quand nous les passons à sourire et à hocher la tête en remerciement.

Des visages projetés sur grand écran

En 2021, Annette de Leos Carax, avec Adam Driver et Marion Cotillard, qui a ouvert le Festival, a reçu une standing ovation de cinq minutes, rappelle la BBC, à tel point que l’acteur principal en a profité pour fumer une cigarette. Cette année, Les Linceuls de David Cronenberg, qui n’a pourtant pas ému une partie de -, a été applaudi pendant plus de trois minutes.

Avec les soirées (très) alcoolisées au bord de la mer, les longues files de journalistes hâlés et les défilés de grands créateurs de mode sur le tapis rouge, ces acclamations à la fin des projections des films de la sélection participent à la magie de la Croisette. À tel point qu’il n’est pas rare de voir des spectateurs chronométrer l’événement.

« Dans la plupart des festivals, il y a des applaudissements lorsque l’équipe du film est dans la salle », constate Caroline Vié, journaliste cinéma à 20 minutes. Mais, à Cannes, c’est devenu une véritable tradition, d’autant que, depuis trois ou quatre ans, le réalisateur et ses acteurs sont invités à commenter après la standing ovation. Un folklore que l’on retrouve également à la Mostra de Venise. « Il y a deux ans, pour Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh, il y a eu 13 minutes de standing ovation à Venise », se souvient Eric Jolivalt, directeur de la programmation de la Maison Dulac. Selon lui, il existe deux types de standing ovations, celle avant la séance pour saluer un monstre sacré du cinéma, comme Francis Ford Coppola qui a été applaudi vingt minutes avant de dévoiler son dernier opus. Mégalopoleet celui de fin de séance.

La mise en scène de la standing ovation

« La ferveur de l’ovation montre à quel point le film a été apprécié », observe Caroline Vié. «Ça en dit long sur ce qui s’est passé dans la salle», confirme Éric Jolivalt. Mais le Festival de Cannes n’y est pour rien. Il travaille à la mise en scène de standing ovations. Le générique de fin est coupé, les visages des acteurs sont filmés en gros plan et projetés sur écran géant. «Il y a une vraie recherche de la séquence où on voit tout le monde en larmes, l’équipe s’enlaçant», décrit Eric Jolivalt. Et ça marche presque à chaque fois.

À ce jour, le record est détenu par Le Labyrinthe de Pan par Guillermo del Toro en 2006. D’après L’indépendant, le film a été plébiscité pendant 22 longues minutes. Le temps d’un épisode de Amis.

 
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