entretien avec Claude Lelouch et Kad Merad, nos invités d’exception au Midi Libre

entretien avec Claude Lelouch et Kad Merad, nos invités d’exception au Midi Libre
entretien avec Claude Lelouch et Kad Merad, nos invités d’exception au Midi Libre

Claude Lelouch et Kad Merad, à l’affiche de “Enfin”, étaient nos invités vendredi au siège du Midi Libre. Ils nous ont accordé une interview.

Comment avez-vous vécu le tournage de « Enfin » qui vous a réuni pour la première fois ?

Claude Lelouch : Chaque fois que nous faisons un film, c’est comme si nous commencions une nouvelle vie. Et ohNous espérons que la prochaine vie sera encore meilleure que celle que nous avons vécue.

Le miracle et la chance ont fait ça… (Le téléphone de Claude Lelouch sonne, “c’est madame”, glisse Kad Merad).

C’est justement grâce à Valérie Perrin qui vient de m’appeler que j’ai rencontré Kad.

Je cherchais une sorte de colonne vertébrale idéale, car c’est l’un des rôles les plus difficiles que j’ai écrit. jeIl y a de tout, les rires, la musique, je me demandais si j’y étais pas trop ambitieux, pourquoi j’avais écrit un rôle si complexe, ssur des sujets aussi difficiles, la santé, l’amour, l’amitié, la famille.

Je n’ai pas pensé à lui au début et par hasard ma femme l’a rencontré dans un train. Et aussitôt, je me suis tapé sur la tête et je me suis dit, mais c’est lui ! Une fois de plus, le hasard est venu à mon secours.

Dès que nous nous sommes dit bonjour, j’ai su que ça allait être génial. Et comme je l’ai dit hier à Kad, le premier jour de tournage, le soir, je suis rentré et j’ai dit à Valérie : « J’ai trouvé ce que je ne cherchais même pas. ÔNous ne pouvons pas expliquer les miracles.

Et ce fut pour toi, Kad Merad, une expérience marquante….

Kad Merad : UN expérience incroyable. Je pense que j’ai réussi à être ce qu’il voulait que je sois. Il me dit que je lui ai donné encore plus. Mais je suis un acteur différent aujourd’hui ! Jean Dujardin m’a prévenu, il m’a dit « ça va te changer ». Cela m’a permis de me rencontrer.

J’ai grandi avec Claude Lelouch. CComme tous mes amis, je suis allé voir les films de Lelouch. L’aventure est l’aventurejJe peux le regarder 100 fois. C’est important, quand on est comédien, de rencontrer Claude. Pour moi, c’était un rêve. Après, il faut passer à la réalité…

La réalité est que c’est une méthode unique…

Kad Merad : Vous n’avez jamais vécu cela de votre vie. C’est une méthode qui paraît un peu gratuite mais qui est néanmoins très maîtrisée. Il a tout le temps des idées. Nous ne nous appuyons pas sur un scénario. Vous êtes souvent le seul acteur du dialogue. EtcChaque jour, vous êtes en alerte, vous ne savez pas ce qui va vous arriver.

Tout cela crée une émulsion, une folie sur le plateau qui tient malgré la fatigue, malgré le mauvais temps. On s’en fiche s’il y a du vent. S’il y a un train qui passe, ce sera dans le film. On a tourné au Palais de Justice, la dernière scène, jeIl y avait du travail à faire, tu te souviens de Claude ? Je me suis dit, on va post-synchroniser, mais il n’a pas retouché la scène. jeIl l’a laissée dans ce genre de bordel et c’est ça qui est sympa, on ne s’arrête pas aux détails. Tout cela vous met en état de grâce.

Et quand vous êtes comme moi aussi avides de ce métier, j’ai commencé tard, j’avais 40 ans quand j’ai rencontré Barratier pour Les choralesjJe suis encore un jeune acteur, je continue de m’étonner.

Avec Claude, je montais plusieurs étages avec plaisir.

Ce film repose aussi sur une idée que l’on retrouve dans votre filmographie, Claude Lelouch : le mal est inventeur du bien. Peux-tuexpliquer ?

Claude Lelouch : C’est le résultat d’une observation constante depuis ma naissance. Je l’ai compris très vite. J’ai vécu la guerre,En observant l’humanité, j’ai réalisé que tout ce qui nous faisait du mal ouvrait la voie au bien. Tout ce que j’ai réalisé dans la vie, j’ai échoué au début. L’échec est la plus grande école du monde. La souffrance aussi. Le le plaisir, le succès ne nous font pas avancer.

J’ai fait mes plus grandes réussites derrière mes plus gros échecs. SSi nous avons la modestie d’accepter l’échec, nous faisons d’énormes progrès. C’est comme si nous redoubleions. Le monde extraordinaire dans lequel nous vivons est le résultat de toutes les catastrophes, de toutes les horreurs dont nous avons été témoins depuis la nuit des temps.

Nous disposons aujourd’hui de tous les outils pour créer un nouveau monde ou provoquer très rapidement la fin du monde.

Nous vivons une époque folle, oNous ne réalisons pas que nous sommes à un tournant très important. C’est ce que j’ai essayé de raconter dans ce film à travers un homme qui cherche à se retrouver.

Est-ce un sentiment que vous avez déjà ressenti tous les deux ?

Claude Lelouch : Chaque jour, je veux partir. Si je n’avais pas un endroit où je pourrais me parler, je serais mort. La liberté est la capacité de dire n’importe quoi, de respirer, l’art d’être en communion avec la nature qui vous explique les choses essentielles.

Kad Merad : M.malgré peut-être la vie assez confortable que l’on s’est faite grâce au travail, oui, ça peut m’arriver, on a parfois envie de ça, de ne pas tout abandonner, mais de partir un moment. Mais j’aime notre vie, j’aime beaucoup notre pays, il y a beaucoup de gens qui préfèrent vivre ailleurs. Je pense que nous sommes un pays magnifique.

Nous visitons toute la , l’accueil des gens est formidablela semaine prochaine, nous allons attaquer le Nooord (Kad reprend l’intonation de Michel Galabru dans Bienvenue chez les Chtis).

Claude Lelouch : Finalement est un film sur la France et les Français. Il y a les bons Français et les salauds, comme toujours. Mais il y a plus de bonnes personnes.

Kad Merad : Comme le dit souvent Claude, on donne souvent les micros aux méchants, aux méchants, à ceux qui crient. On oublie de dire qu’il y a des trains qui arrivent à l’heure. C’est bien de voir la vie de ce côté-là aussi.

Votre filmographie se déroule dans « Enfin », il y a beaucoup de clins d’œil, pourquoi ce look rétrospectif aujourd’hui ?

Parce que j’ai l’impression de n’avoir fait qu’un seul film. Les hommes et les femmes de mon premier film sont les mêmes que ceux de celui-ci. Certains de mes films ont laissé des traces, ils appartiennent au public qui retrouvera sa famille à Finalement.

Woody Allen pourrait très bien retrouver aussi les personnages de ses premiers films, ils ont grandi.

J’ouvre l’album de famille. Vous pouvez voir ce film si vous n’avez pas vu les autres films, ce n’est pas un problème, mmais si vous avez vu mes autres films, il y a des clins d’œil qui peuvent faire sourire. Au final, je n’ai fait qu’un seul film en 51 épisodes…

Kad Merad : La plus longue série !

Il y a deux ans, lors d’une grande interview que vous nous aviez accordée, Claude Lelouch, vous disiez être proche de « la ligne d’arrivée ». Vous n’êtes pas là aujourd’hui !

Claude Lelouch : Oui, je suis très proche de la ligne d’arrivée. Je le sens. Je le sens dans mes articulations. Dans ma tête, j’ai encore 18 ans. J’ai eu 18 ans toute ma vie. Mais le corps, à un moment donné, vous dit d’être prudent, vous allez bientôt devoir changer de carrosserie. Je me prépare à changer de corps.

J’espère pouvoir conserver ma jeunesse, mon enthousiasme et tout ce que j’ai appris au cours du recyclage du temps et de la vie. Mais c’est vrai que je vais bientôt devoir partir pour d’autres aventures. L’aventure sera toujours l’aventure.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La reine Mathilde, animatrice d’un jour sur le plateau de Vedia TV à Dison (Photos et vidéo)
NEXT de Born To Be Alive à Tina Turner, le batteur de Châtelet qui fêtera ses 80 ans revient sur de grands moments