« Et j’entends le train siffler », « Les Bronzés sont du ski », « Magnolias for ever »… La folle histoire du musicien ariégeois cachée derrière des musiques célèbres

« Et j’entends le train siffler », « Les Bronzés sont du ski », « Magnolias for ever »… La folle histoire du musicien ariégeois cachée derrière des musiques célèbres
« Et j’entends le train siffler », « Les Bronzés sont du ski », « Magnolias for ever »… La folle histoire du musicien ariégeois cachée derrière des musiques célèbres

l’essentiel
Peu de gens connaissent son nom. A presque 85 ans, l’Ariégeois Raymond Gimenes peut néanmoins se targuer d’avoir arrangé ou composé de nombreuses musiques ou chansons célèbres, et d’avoir été le musicien de nombreuses stars depuis le début des années soixante. De « Et j’entends le train siffler » à la musique de « Les Bronzés sont du ski » en passant par Claude François, souvenirs d’une star méconnue.

La mort de Michel Blanc, le 3 octobre, a ramené à la mémoire de rares initiés le nom de Raymond Gimenes, l’homme de l’ombre caché derrière la musique du film culte “Les bronzés sont du ski”, composé officiellement par Pierre Bachelet. . Et comme dans une chanson de Maxime Le Forestier, c’est dans une maison bleue du centre-ville de Foix, en Ariège, qu’il faut aller retrouver celui qui, depuis le début des années soixante, a beaucoup arrangé ou composé de la musique est restée dans les mémoires.

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En 1973, cela fait déjà une bonne douzaine d’années que Raymond Gimenes a quitté sa position de pion au lycée de Foix pour se rendre à Paris où, des bals musette de la place Pigalle aux studios d’enregistrement des grandes maisons de disques, il s’est bâti une solide réputation de guitariste violoniste.

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« C’est cette année-là que je suis vraiment devenu arrangeur », se souvient-il. « Les maisons de disques m’ont demandé de travailler avec des artistes, ça a augmenté, augmenté, augmenté et je n’avais presque plus besoin de jouer de la guitare. Le disco commençait à avoir du succès et j’avais la réputation d’être le roi du disco à Paris. Je me suis formé pendant quatre ans à l’harmonie, à la composition, à l’orchestration, à l’écriture, et ma réputation n’est plus à faire. devenir encore plus grand.

De la publicité aux Bronzés

Musiques publicitaires et jingles pour Europe 1 et RMC complètent son image. « Les gens m’ont contacté et c’est comme ça que j’ai été appelé par Bachelet, qui devait initialement travailler sur la musique d’une série « Pour tout l’or du Transvaal ». Je suis devenu arrangeur de musiques de films et c’est comme ça que nous sommes arrivés à « Les Bronzés sont du ski ».

Excellent mélodiste, l’interprète de « Corons » et « Elle est d’ailleurs » ne connaît pas grand-chose en harmonie. « Il est arrivé avec les mélodies, il a écrit tout ce qui était chanté et j’ai fait le reste », rapporte Raymond Gimenes. « Ce fut un succès phénoménal et je reçois encore aujourd’hui des royalties de la Sacem du monde entier. pour « Les Bronzés ».

La scène culte dans laquelle Michel Blanc, coincé sur un télésiège cassé, entonne « Quand te reverrai-je, pays merveilleux » ? « Je ne me souviens pas avoir dit à Michel Blanc : ‘Tiens, tu vas chanter ça’, avoue le musicien. Il l’avait inventé comme ça, il en avait le talent, et c’est resté dans toutes les mémoires. Mais je n’ai rien à voir avec ça.

Un défilé de stars

Un autre film le marquera quelques années plus tard : « You Only Die Twice », film policier de 1986 dont il compose la musique avec le célèbre chef d’orchestre Claude Bolling. « Quand j’y pense, je me dis que j’étais encore pompé de travailler avec lui, sourit Raymond Gimenes. « Mais c’était une drôle d’histoire… On n’avait pas le droit d’aller sur le plateau pour savoir comment allait être utilisée la musique, mais on avait été invités à l’avant-première et là, Claude Bolling m’a vu complètement interloqué et m’a demandé : « Est-ce que tu as mal ? – Oui. – C’est ça la musique de film, ils font ce qu’ils veulent. Ils n’avaient pas touché au générique, mais tout ce qui m’appartenait l’avait fait.

Mais les plus grandes réussites cachées du musicien ariégeois ne sont pas là. En 1961, alors que le provincial de 18 ans est à Paris depuis moins d’un an, son talent et ses rencontres fortuites lui valent l’opportunité de devenir le guitariste de Richard Anthony sur ce qui sera l’un de ses plus grands succès, « Et j’entends le sifflet du train ». « C’était ma première entrée dans l’industrie du disque, commente-t-il, avec beaucoup de concerts et de rencontres. »

Des rencontres qui, de fil en aiguille, l’amènent à travailler avec Sacha Distel, l’ami de toujours dont il arrangera « Tu es le soleil de ma vie », succès de 1973 chanté avec Brigitte Bardot ; Henri Salvador, dont il fut le chef d’orchestre pendant quatre ans ; Sylvie Vartan sur « Ce qui fait pleurer les blondes », Johnny Hallyday pour « Gabrielle », Joe Dassin, Charles Aznavour, Serge Gainsbourg… Mais aussi Quincy Jones, le producteur de Michael Jackson, le jazzman Sammy Davis Jr ou encore la pop star Dionne Warwick.

Le typhon « Magnolias »

«Il y a quelqu’un d’autre qui est important dans ma vie», déclare Raymond Gimenes, le sourire aux yeux. En 1961, j’allais souvent voir un ami qui jouait dans un club et de temps en temps, il y avait un petit bonhomme qui venait jouer des percussions, un certain Claude François. Il était déjà d’humeur difficile, il était très en colère. Je l’ai rencontré plusieurs fois par la suite et tout le monde m’a dit qu’il l’était. C’était insupportable, ça ne me donnait pas envie de travailler avec lui.

En 1976, le secrétariat de Claude François l’appelle : sensible à sa réputation de roi des arrangeurs disco, celui devenu une gigantesque star le souhaite sur son prochain album. “Mais je ne voulais pas me faire engueuler pendant tout l’enregistrement”, s’amuse Raymond Gimenes, “alors j’ai dit que je devais aller à Los Angeles pour enregistrer avec Leonard Cohen.” Cloclo n’abandonne pas : en 1977 encore, « mais je dois partir en tournée avec Distel au Canada ».

Le troisième essai sera le bon. « Cette fois, son secrétariat m’a dit que Claude me voulait absolument, que je serais bien payé et que je ne pouvais pas refuser. J’ai dit ok et j’ai travaillé sur trois titres, dont « Magnolias for ever »… et c’était un typhon. On a vendu 15 millions de 45 tours, ça a payé mon argent et encore aujourd’hui, c’est la chanson pour laquelle j’ai vendu le plus de disques au monde.

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A bientôt 85 ans, Raymond Gimenes est toujours là. En 2022, il reconstitue Les Collégiens, orchestre à succès lancé dans les années 30 par Ray Ventura, puis repris par Sacha Distel. Viennent ensuite Guitars Unlimited, groupe qui connaît un grand succès dans les années 60, et une collaboration avec Thomas Dutronc. Sans que presque personne n’en sache rien en Ariège : « A Foix, la mairie ne sait pas qui je suis, le festival de jazz non plus », soupire-t-il sans amertume. Une mairie pourtant située de l’autre côté de la rue, juste en face de sa maison bleue.

 
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