Décédé le 28 septembre à l’âge de 88 ans, le chanteur Kris Kristofferson laisse également derrière lui toute une carrière d’acteur. Il fut cow-boy, ivrogne ou salaud pour Martin Scorsese, Michael Cimino ou Alan Rudolph…
Par Samuel Douhaire
Publié le 30 septembre 2024 à 14h49
P.Chanteur country populaire aux Etats-Unis, Kris Kristofferson, décédé le 28 septembre 2024 à l’âge de 88 ans, était plus connu en France comme acteur. Compagnon de route du Nouvel Hollywood, il est apparu dans une cinquantaine de films en cinq décennies de présence intermittente à l’écran durant lesquelles son beau physique sombre et sa voix grave et puissante ont fait des merveilles. Retour sur sa carrière à travers cinq films marquants.
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“Pat Garrett et Billy the Kid”, de Sam Peckinpah (1973)
Le scénariste Rudolph Wurlitzer a écrit le rôle de Billy the Kid pour Bob Dylan. C’est Kris Kristofferson qui, alors acteur presque débutant (sa seule expérience était de participer à des tournages sous diverses substances de Le dernier film, par son ami Dennis Hopper), a été imposé à la MGM par Sam Peckinpah. Si l’inexpérience du chanteur va obliger le réalisateur à multiplier les prises, le résultat est superbe : Kristofferson est irrésistible en jeune canaille insolent au sourire éclatant face à James Coburn, poignant en ancien complice devenu shérif désabusé. La mort de Billy/Kris au petit matin, à moitié nu après une nuit d’amour, est aussi belle que déchirante. Kristofferson réalisera deux autres films avec Peckinpah : pour un second rôle dans Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia (1974) et en tête d’affiche de Le convoi (1978).
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“Alice n’est plus là”, de Martin Scorsese (1974)
C’est un film méconnu mais superbe de l’auteur de Chauffeur de taxi, très loin de son univers baroque et violent. Ellen Burstyn incarne une jeune veuve qui rêve de devenir chanteuse de cabaret et tombe amoureuse du propriétaire d’un ranch de boissons. Ce pilier du bar, c’est Kris Kristofferson, aussi drôle que touchant, qui va apprendre la guitare au turbulent fils d’Alice dans l’espoir de la séduire…
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“La Porte du Ciel”, de Michael Cimino (1980)
L’échec monumental (et ô combien injuste) du western lyrique de Cimino a détruit la carrière de son auteur mais, aussi, probablement, l’ascension hollywoodienne de son interprète principal. James Averill, le shérif qui abandonne son étoile lorsqu’on lui demande de livrer à des mercenaires tueurs les agriculteurs immigrés qui menacent le monopole des riches éleveurs du Wyoming, reste néanmoins le plus beau rôle de Kris Kristofferson. Un idéaliste amoureux qui perdra peu à peu toutes ses illusions, jusqu’à la scène finale, très proustienne, où l’on comprend que tout le luxe du monde ne pourra jamais effacer le souvenir d’une jeune prostituée morte dans ses bras. il y a des années…
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« La Porte du Paradis », grandiose et intimiste
“Wanda’s Café”, d’Alan Rudolph (1985)
Dans ce film magique, tous les acteurs ont été choisis pour perpétuer le souvenir des stars hollywoodiennes d’antan. Kris Kristofferson est ainsi comme un sosie de John Garfield à travers son personnage d’ancien taulard qui, après avoir tué un homme, tente de reprendre goût à la vie dans le bar de son ancienne maîtresse. Un vieux sage qui revient de tout mais qui veut encore y croire…
“Lone Star”, de John Sayles (1996)
Kris Kristofferson était également très bon dans les rôles salauds. Dans ce western contemporain de John Sayles, il apparaît d’abord sous la forme d’ossements trouvés dans le désert du Texas. Il s’agit de ceux de Charlie Wade, l’ancien shérif local, décédé trente-sept ans plus tôt dans des circonstances restées mystérieuses. L’enquête menée par son lointain successeur révélera à quel point le homme de loi était un véritable salaud, ce que Kristofferson incarne, dans les flashbacks, avec un naturel terrifiant. John Sayles fera à nouveau appel à lui pour incarner un « méchant », un homme d’affaires sans scrupules cette fois, dans Ville d’argent (2009).
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