disparition d’une très grande dame

disparition d’une très grande dame
disparition d’une très grande dame

Avec le décès de Maggie Smith, à l’âge de 89 ans, l’une des plus grandes actrices de tous les temps nous quitte. Devenu immensément connu sur le tard grâce aux succès consécutifs de la saga des Harry Potteroù elle incarnait la bienveillante professeur Minerva McGonagall, et la série Abbaye de Downtonoù elle a volé la vedette dans le rôle de la comtesse douairière acerbe mais attachante, Maggie Smith était une légende parmi les cinéphiles et les gens du théâtre bien avant ces triomphes populaires.

Née le 28 décembre 1934, Maggie Smith a grandi à Oxford : son père y pratiquait la pathologie dans la célèbre université. Peut-être que son aisance avec l’humour noir vient de là.

Toujours à Oxford, elle étudie le jeu, puis fait rapidement sensation. En 1962, Laurence Olivier l’invite à rejoindre sa nouvelle mais déjà prestigieuse Compagnie de Théâtre National. Dans le documentaire Rien de tel qu’une dame (ou Thé avec les dames), Joan Plowright, actrice et veuve du légendaire acteur et réalisateur, note que Maggie Smith était l’une des rares personnes capables de tenir tête, sur scène et en coulisses, au notoirement capricieux d’Olivier.

A côté d’un palmarès remarquable sur scène, Maggie Smith incarne William Shakespeare, Noël Coward, Peter Shaffer, Tennessee Williams, remportant six prix Evening Standard de la meilleure actrice : un record sans égal.

Au cinéma, elle se fait réellement remarquer pour la première fois en 1964, dans Le mangeur de citrouillede Jack Clayton, dans le rôle de la maîtresse du mari du protagoniste déprimé. Déjà, le talent de Smith pour transformer une réponse banale en pique meurtrière est évident.

L’année suivante, Stuart Burge transpose leOthello que Maggie Smith et Laurence Olivier ont défendu au théâtre. Desdemona de Smith est inoubliable. C’est d’ailleurs après avoir vu sa représentation originale au Théâtre National que le très jeune Julian Fellowes, futur scénariste de Parc Gosford (Week-end au parc Gosford) et créateur de la série Abbaye de Downtonexprime le souhait de travailler un jour avec elle.

En entretien avec Le Tuteur Fellowes a déclaré en 2014 : « Je ne peux pas vous dire à quel point elle était fascinante. Elle avait une innocence jusqu’à la peau la plus extraordinaire qui vous faisait pleurer. J’avais vu pas mal de Shakespeare à l’époque, et Dieu sait que j’en ai assez vu depuis, mais je ne me souviens pas d’une performance plus émouvante que la sienne. Et ça m’a hanté après. »

Après les comédies policières Le pot de miel (Guêpier pour trois abeilles), par Joseph L. Mankiewicz, en 1967, et Des millions chauds (Chaud, les millions), d’Eric Till, en 1968, où l’actrice confirme ses dons comiques sans égal, la reconnaissance arrive en 1969. En effet, sa composition virtuose de professeur anticonformiste dans Le premier de Miss Jean Brodie (Les belles années de Miss Brodie), de Ronald Neame, d’après la pièce de Jay Presson Allen, lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice.

Si elle ralentit ensuite le rythme au cinéma, Maggie Smith n’en reste pas moins très active sur scène.

Rôles notables

Les années 1970 sont rythmées par des productions cinématographiques intéressantes, dont la comédie d’aventure Voyage avec ma tante (Voyage avec ma tante), de George Cuckor, en 1972, la comédie satirique-policière Meurtre par la mort (Un cadavre en dessert), de Robert Moore, en 1976, et le drame policier Mort sur le Nil (Mort sur le Nil), de John Gillermin, en 1978. Dans cette adaptation du roman d’Agatha Christie, Smith est imbattable en tant que compagnon maussade.

Cette même année, son interprétation drôle et poignante d’actrice mariée à un homosexuel de moins en moins au placard dans Suite Californienne (Suite Californie), d’Herbert Ross, d’après la pièce de Neil Simon, lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.

La décennie suivante fut riche, notamment avec deux superbes rôles offerts par James Ivory : dans Quatuoren 1981, celle d’une peintre épouse d’un mari volage, et surtout, en Une chambre avec vue (Chambre avec vue), en 1985, celui d’un chaperon édouardien à Florence. En 1987, Smith retrouve Jack Clayton dans La passion solitaire de Judith Hearneoù elle évolue comme une femme solitaire qui devient la proie d’un homme manipulateur.

En 1991, Steven Spielberg lui propose le rôle touchant de Wendy dans Crochet (Crocheter), cette version de Peter Pan. C’est pourtant en 1992 que Maggie Smith connaît un regain de popularité important, grâce à l’énorme succès de Loi sur les sœurs (Maintenant rock), d’Émile Ardolino. En mère supérieure exaspérée de devoir héberger la chanteuse de cabaret interprétée par Whoopi Goldberg, elle est délicieuse.

En 1993, Le jardin secret (Le jardin secret), basé sur le classique pour enfants de Frances Hodgson Burnett, voit Maggie Smith voler une fois de plus la vedette, cette fois dans le rôle de la gouvernante impérieuse. Il s’agit de la première de deux collaborations avec la réalisatrice Agnieszka Holland. Dans la seconde, Place Washingtonselon Henry James, en 1997, elle est la tante maladroite mais bonne de l’héroïne.

L’année 2001 devrait être marquée par une étape importante. Apparaît pour la première fois la brillante comédie policière dramatique Parc Gosfordde Robert Altman, où elle incarne le rôle d’une comtesse douairière avare et bavarde (ce rôle a inspiré celui qu’elle jouera plus tard dans Abbaye de Downton). Durant le tournage, elle a improvisé l’une des meilleures, ou des pires piques lancées par son personnage pour dénigrer la tenue vestimentaire d’un invité : « une couleur difficile, le vert » (« une couleur difficile, le vert » (« une couleur difficile, le vert » (« couleur difficile, vert “). Le résultat est sa sixième nomination aux Oscars.

Au même moment, sort le très attendu premier film basé sur les romans. Harry Potter. Nous connaissons la suite.

Après le dernier volet de la saga, terminé en 2011, Smith a joué dans la comédie en 2012. Le meilleur hôtel exotique à Souci (Bienvenue à l’hôtel Marigold), de John Madden. En retraitée acariâtre venue se faire opérer en Inde, elle joue face à sa meilleure amie, Judi Dench : on a pu les voir ensemble dans Une chambre avec vue, Thé avec Mussolini (Thé avec Mussolini), Dames à la lavande (Parfum de lavande) et le documentaire Rien de tel qu’une dame.

A noter qu’à la télévision, Maggie Smith ne brille pas seulement dans Abbaye de Downton. En 1993, elle épate dans le téléfilm Soudain, l’été dernierbasé sur la célèbre pièce de Tennessee Williams. En 1999, dans une adaptation de David Copperfieldd’après le roman de Charles Dickens, elle rencontre sa future co-star Harry Potter Daniel Radcliffe, interprète du rôle titre.

Un retour populaire

En 2007, Maggie Smith a reçu un diagnostic de cancer. Elle a été déclarée guérie en 2009, lorsqu’elle a parlé pour la première fois de sa maladie. Même si elle continue de jouer au cinéma et à la télévision, elle n’est revenue au théâtre qu’en 2019. Dans diverses interviews, elle avoue avoir longtemps craint que les traitements douloureux aient affecté sa capacité à maîtriser un texte sur scène.

Ce retour, dans la pièce solo de Christopher Hampton Une vie allemandeou les confessions de Brunhilde Pomsel, secrétaire du nazi Joseph Goebbels, sont plébiscitées.

A l’annonce du décès de celle devenue dame en 1990, son collaborateur et ami Julian Fellowes confiait à Variété : “Maggie Smith était une grande actrice, et j’ai eu la chance de faire partie du dernier acte de sa brillante carrière. Ce fut une joie d’écrire pour cette femme subtile, à plusieurs niveaux, intelligente, drôle et déchirante. Travailler avec elle a été le plus grand privilège de ma carrière et je ne l’oublierai jamais. »

Nous non plus.

Le documentaire Rien de tel qu’une dame est disponible en vidéo à la demande sur iTunes.

A voir en vidéo

 
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