portrait d’une icône mondiale et paradoxe ambulant

portrait d’une icône mondiale et paradoxe ambulant
portrait d’une icône mondiale et paradoxe ambulant

Il est tout aussi surprenant de voir Manu Chao sortir un album à l’ancienne, c’est-à-dire sur support physique, avec ses variantes en édition spéciale : vinyle coloré, etc. En 2007, il déclarait dans Le Courrier International : «Il y a de fortes chances que La Radioline « C’est mon dernier CD. Je n’arrêterai pas la musique, mais, vu l’évolution technologique, peut-être, plus tard, dès que j’aurai une nouvelle chanson, je la mettrai en ligne. J’utiliserai mon site Web comme une station de radio ». En fait, depuis 17 ans, il n’est pas resté inactif. Il a sorti de nouvelles chansons. Elles étaient disponibles à découvrir en exclusivité et gratuitement sur son site. Le chanteur semblait avoir définitivement tourné le dos aux diktats de l’industrie musicale. D’ailleurs, pour la sortie de Longue vie à toiManu Chao ne donne pas d’interviews, ne fait pas de conférences de presse ni de tournées promotionnelles. Et ses concerts se vendent en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire sans aucune promotion ni marketing, chose exceptionnelle. La preuve avec ceux donnés en Belgique ces 24 derniers mois, que ce soit à Tournai, Courtrai, Anderlecht ou lors du festival Balkan Trafik à Bruxelles.

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Pourquoi alors sortir un album physique ?Peut-être qu’il a besoin d’argent et c’est pour cela qu’il sort cet album.demande l’auteur britannique Peter Culshaw, qui a voyagé à ses côtés à travers le pendant cinq ans et est l’auteur de Clandestin. À la recherche de Manu Chao. Dans les pages deLe pays, il explique que le chanteur a «« Une relation complexe et névrotique avec l’argent ». Elle est pour lui la racine de tous les maux, souligne Peter Culshaw, et en même temps ce qui lui permet d’acheter l’une des choses les plus précieuses pour lui : sa liberté. En 2007, il confiait au Monde : «J’ai la chance d’avoir un passeport valide, de pouvoir voyager partout. J’aime ça, c’est comme une drogue. […] « Je me sens chez moi partout ».

Militant mais pas porte-drapeau

Il est vrai qu’on le voit partout, Manu Chao. Parfois à Barcelone, parfois en Amérique latine ou en Afrique. Sur les réseaux sociaux, les vidéos de ses rencontres avec des gens ordinaires et celles de ses jam sessions avec des musiciens de tous horizons abondent. Toujours loin des caméras, il aime se mêler aux gens, partager leur quotidien. Icône planétaire, il évite les médias et tout ce qui touche au vedettariat.

Manu Chao a mis le feu à Tournai : mais que lui est-il arrivé ?

Au début des années 2000, couronné par le succès inattendu de son premier album solo ClandestinLe nom de Manu Chao a été associé au mouvement altermondialiste. A l’époque, certains voulaient faire du chanteur le porte-étendard de cette contestation. On se souvient de sa participation à la grande manifestation anti-G8 organisée à Gênes, en Italie, en 2008, documentée dans le DVD Babylone à Guagua. Mais il a toujours refusé d’assumer ce costume, comme celui de toute autre cause. « J’ai été catalogué comme le porte-étendard du mouvement altermondialiste parce que je suis allé manifester à Gênes et que les « alter » ont aimé mes chansons. La presse avait besoin de trouver une tête d’affiche et elle est tombée sur moi, mais je ne suis ni un symbole ni un porte-parole. Je suis un musicien. »il a déclaré au Courrier international.

Cachez ces 5 étoiles que je ne peux pas voir

Le Pays a également recueilli le témoignage de quelqu’un qui a partagé son quotidien pendant des années. Gambeat, qui avait rejoint le moribond Mano Negra au milieu des années 90, lorsque le groupe a implosé après sa tournée en train en Colombie, a été le compagnon de scène de Manu Chao pendant plus de 25 ans. Le bassiste raconte cet épisode vécu alors qu’ils se produisaient en Amérique du Sud. L’organisateur avait décidé de les héberger dans un hôtel 5 étoiles« Les chambres étaient immenses, les lits mesuraient 2 mètres sur 2. Il y avait d’énormes téléviseurs, un sauna dans la chambre. […]. Bref, tout était excessif. Bien qu’ils soient tous épuisés par le voyage, Manu Chao demande à son manager de leur trouver un hôtel beaucoup plus modeste dans un quartier populaire. Une fois ses valises posées, il part donner un concert dans la rue… « Cela reflète sa proximité avec les gens et son désir de rester connecté à la réalité, quel que soit son succès. »conclut Gambeat.

Roi du Bongo, Roi du Mexique !

Ceci contraste cependant avec cette information fournie par Peter Culshaw, toujours dans Le Pays. Celle d’un Manu Chao voyageant en première classe. Difficile pourtant de lui jeter la pierre s’il veut pouvoir prendre l’avion sans être constamment harcelé.

Dommages collatéraux

Un autre paradoxe est à noter. A l’image d’Indochine ou de The Cure pour ne citer que deux exemples, Manu Chao veille à ce que ses concerts restent abordables pour tous. Et encore, abordable n’est-il pas le bon terme. Lors de sa venue à Tournai le 18 mai 2023, le prix du billet était de 25 euros. Pour un artiste de ce calibre, même s’il se produisait en trio et en version acoustique, c’est presque un cadeau. Lors du festival Balkan Trafik, c’était 30 euros. On ne peut que saluer cet engagement à l’heure où de nombreux concerts deviennent un produit de luxe.

Le Pays Le chanteur souligne également que le prix juste des boissons et le fait qu’aucune marque commerciale ne soit visible là où il se produit sont des préoccupations du chanteur. Il y a toutefois un revers à la médaille, nous expliquait un organisateur de festival sous couvert d’anonymat il y a une dizaine d’années. Interdire les sponsors comme Coca-Cola et exiger des « prix bas » pour les boissons, c’est toucher à l’écosystème du festival, disait-il. Comment s’en sortir financièrement dans ces conditions ? L’une des solutions était de baisser les cachets des plus petits artistes qui sont devenus des dommages collatéraux, nous a-t-on expliqué.

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Au sommet des charts les yeux fermés

Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? Non, bien sûr que non. Comme nous tous, Manu Chao a en lui des paradoxes. Tout ce qu’il fait n’est peut-être pas parfait, mais il n’en est pas moins honnête, tant dans sa démarche artistique, dans son militantisme que dans sa manière d’être. Contrairement à d’autres, il ne vit pas enfermé dans sa tour d’ivoire et continue de secouer les consciences à travers ses chansons. Comme les précédentes, celles de Longue vie à toi sont teintés de ces valeurs, de générosité et d’humanisme qu’il continue de diffuser à travers le monde.

Comme dernier paradoxe, nous soulignerons le fait que Longue vie à toiMême si elle nous laisse sur notre faim ou nous déçoit un peu, elle se hissera certainement au sommet des classements mondiaux des ventes, voire au sommet. Tout cela sans recourir aux astuces du business musical que nous connaissons aujourd’hui. Chapeau bas.

 
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