« Nous devons arrêter de travailler avec des connards »

« Nous devons arrêter de travailler avec des connards »
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Et deux pour Ykons. Après Reflété en 2019 et un EP, Couleurs et lignes, en 2021, le groupe liégeois sort son deuxième album, Nuage. Dès la première écoute, on ressent la maîtrise. La réalisation est très aboutie, les titres sont lourds. C’est très professionnel même si, rappelons-le, tous les membres du groupe ont un métier à côté de la musique.

Le constat semble également plus sombre. “Il y a moins de chansons sombres que de chansons positivescorrige Renaud Godart, le chanteur. Mais comme tous les artistes, nous buvards et ce que nous vivons affecte ce que nous faisons artistiquement. Nous avons été confrontés à des deuils, à des séparations… Tout cela a une influence sur les paroles et sur ce qu’expriment les chansons.

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Cela peut en surprendre plus d’un, mais vous avez travaillé avec Julien Joris et Benoît Leclercq de Delta. Pour quoi ?

« Ils nous ont donné l’opportunité d’aller au fond des sentiments de chaque chanson. Nous avons commencé par la musique avant de créer les paroles. Ce sont les chansons qui ont choisi ce dont elles allaient parler. C’est difficile d’écrire un texte léger quand la musique est lourde. Ils ont beaucoup parlé avec nous de ce que nous imaginions être le son d’Ykons. Ils nous ont dit « voici les pièces de votre puzzle Ykons : la voix, des percussions comme ça, un piano avec un rythme et un son très particulier… Ça apporte de la lisibilité, comme un fil. Ce processus a été magique. Lorsque nous avons réalisé le potentiel que cela apportait, nous avons célébré. Résultat : tout a pris beaucoup moins de temps que pour d’autres productions. Nous connaissions notre ADN mais ils ont finalisé le produit, son packaging. C’est quelque chose que nous ne savons pas faire. Il faut avoir les compétences pour le faire. Je ne sais pas d’où ils tiennent ça. Ils parviennent à se mettre au service d’un projet qui n’est pas le leur en étant totalement à l’écoute. C’est fou. Ils viennent de travailler avec Mustii, Typh Barrow et pour des artistes français. Ce sont des génies. Je les aime d’un amour fou.

Comment s’est déroulée cette rencontre ?

« C’est une histoire belge : autour d’une bière, de frites et d’une fricandelle, à proximité d’un food truck, derrière une scène de festival. C’est là que nous avons discuté de collaboration. On a fait un premier test sur la chanson ‘New State of Mind’ et à la sortie, on leur a demandé ce qu’ils faisaient pour les 12 suivants parce qu’on allait avoir du travail (rires).

Et Charles de Sutter (M, Ghinzu, Ozark Henry, etc.) est toujours là pour le mixage…

« Pourquoi changer ce qui fonctionne ? Il ne sert à rien. Charles est un ami. Il nous a révélé et nous a permis d’avoir le son que nous avons. Sans être des professionnels de la musique, nous ne pourrions pas imaginer avoir accès à des gens comme eux. La plus grande leçon que nous ayons apprise depuis qu’Ykons existe est que les personnes extrêmement douées, qui semblent inaccessibles, sont aussi les plus humbles, humaines et accessibles du métier. Ils sont juste là pour le plaisir de faire le truc avec nous et non pour nous. Ça n’a pas de prix. Nous avons décidé de ne plus travailler avec des personnes avec qui nous ne pourrions pas partager un repas. Alexandre Astier (acteur, réalisateur, scénariste, musicien et producteur français, NDLR) disait : ‘Il faut arrêter de travailler avec des connards’. Objectivement parlant, c’est vrai.

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Quel parcours depuis vos débuts en 2019 !

« Notre force, c’est d’avoir fédéré un public qui nous défend mieux que nous ne savons le faire nous-mêmes (rires). C’est un cadeau de la vie de rencontrer des gens pour qui ce que l’on fait est important. C’est grâce à eux que nous avons pu réaliser ce voyage si rapidement.

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Aussi vite ?

« Deux albums et un EP en 5 ans alors que la musique n’est pas notre métier à plein temps, c’est une belle réussite. Je suis toujours enseignant et nous avons tous un travail dans le secteur alimentaire. C’est ce qui nous permet d’être complètement fous sur scène. Nous pouvons nous permettre de rêver grand lorsque nous parlons d’Ykons.

Est-ce aussi moins de pression ?

“Aussi. Mais il y a quand même de la pression car on ne veut pas faire les choses à moitié. Rien n’est plus décevant que d’imaginer des choses et de ne pas pouvoir les réaliser. Essayer quelque chose et se dépasser est éducatif. Nous avons toujours des obligations de résultats et le désir que cela fonctionne.»

Quand on propose un deuxième album aussi abouti que Cloud Nine, ne se dit-on pas qu’il est temps de devenir musicien professionnel ?

« Ce serait génial d’être pro et en même temps, je ne veux pas abandonner mon métier qui m’apporte beaucoup de choses. C’est en moi d’être enseignant, avec les enfants en difficulté que j’ai devant moi. Je me sens très utile et cela m’aide à remplir beaucoup de choses à la maison. Ce n’est donc pas une priorité de devenir pro. La possibilité existe, mais ce serait plus compliqué. Nous devrions faire des concessions alors que je déteste abandonner certaines choses.

Malchance

Le 22 mars dernier, un message posté sur les réseaux sociaux a glacé le sang des fans. La mort dans l’âme, Bernard Delvenne, le batteur d’Ykons, a annoncé qu’il devait s’absenter pour raisons médicales. Des problèmes physiques qui l’empêchent d’être présent pour le lancement du nouvel album et les concerts à venir. “C’est l’horreur, pour nous tous, explique Renaud Godart. Bernard travaille avec nous depuis 10 ans. Il souffre d’arthrose aux poignets. Quand la douleur devient trop violente par rapport au plaisir qu’il prend de concert, il faut pouvoir dire stop. Les médecins lui ont demandé d’arrêter. Il est contraint d’abdiquer à un moment où nous franchissons des étapes importantes.»

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Qui va le remplacer ? “Nous avons eu la chance d’intégrer Louis Jassogne, le batteur de Loïc Nottet et Rori, dans le projet. C’est une machine interstellaire. Mais nous souhaitons à Bernard un prompt rétablissement et espérons qu’il pourra nous revenir le plus rapidement possible.

En concert le 20 avril à l’OM (Liège), le 19 mai à Inc’Rock (Incourt), le 25 avril à Wex (Marche-en-Famenne), le 12 juillet au Baudet’Stival (Bertrix), le 19 juillet aux Francos de Spa et le 26 juillet à Tournai (Les Gens d’Ere).

 
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