Chaque jour, une personnalité s’invite dans l’univers d’Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur et interprète Étienne Daho. Il vient de sortir son 13e album, « Shooting the Night on the Stars ».
Étienne Daho fait partie de nos vies depuis 42 ans et il est devenu un membre de notre famille avec cette voix reconnaissable dès les premiers mots. Cette empreinte vocale si familière qui nous donnait parfois envie de bouger, parfois de voyager, parfois de pleurer, parfois de rire ou encore de crier. Chacune de ses chansons est devenue un souvenir et au fil du temps, il est devenu un texte obsessionnel à la plume acérée, précis dans la justesse des sentiments évoqués.
>> Document franceinfo : les coulisses du 13e album d’Etienne Daho
Il vient de sortir un nouvel album plein d’émotions, Tirer les étoiles la nuit. Un album dédié à la passion amoureuse, sensuelle, parfois torride, de manière totalement décomplexée. Le couple est au centre de cet album avec la romance tumultueuse d’Ava Gardner et de Frank Sinatra en arrière-plan. Une passion destructrice qu’il a su recréer avec la complicité de Vanessa Paradis.
franceinfo : Ce 13ᵉ album confirme qu’à chaque fois tu repousses tes limites. Vous décidez de sortir de votre zone de confort. Est-il nécessaire que vous vous efforciez de ne pas répéter ce que vous avez déjà proposé ?
Étienne Daho : C’est assez naturel pour moi d’essayer de faire un disque différent à chaque fois. En tout cas différent du précédent. Et celle-ci, Dieu sait qu’elle est différente de la précédente ! C’est presque naturel. C’est parce que je pense que j’étais à la fin d’un style sonore sur un disque et je veux passer à autre chose. Je veux explorer des choses que je n’ai pas encore faites ou que j’ai déjà faites mais que je veux refaire.
Quelle place cette musique occupe-t-elle dans votre vie ?
C’est l’absolu. C’est vraiment ce qui me fait respirer. Cela a toujours été comme ça. Je crois que quelques heures après ma naissance, il s’est plié. Je suis fait comme ça.
On sentait que cet album était différent des autres. Il y a un lien et un lien avec le travail que vous avez déjà pu accomplir. Il y a dans cet album La note, la note (1984) il y a aussi Eden (1996), de Corps et armes (2000). Dans quel état d’esprit étiez-vous quand La note, la note est dehors ? C’était un raz de marée. Week-end à Rome est probablement la chanson qui vous colle le plus à la peau.
Oui, étrangement, car ce n’est pas le meilleur. Ce n’est pas celui qui a le mieux fonctionné.
“Le succès de ‘Week-end à Rome’ m’étonne toujours car c’est entièrement léger, le texte et la musique sont une bulle de légèreté.”
Étienne Dahochez franceinfo
J’étais un étudiant sortant du collège, arrivé à Paris et là j’ai réussi. C’était comme un cadeau inattendu et énorme. Et c’était un jeu. Cela m’a beaucoup amusé. Je n’ai pas du tout pris ça au sérieux, eh bien, j’ai fait les choses au sérieux, mais le succès pour moi n’était pas du tout une chose sérieuse.
Vous rendez-vous compte que vous êtes avec nous depuis 42 ans, que vous êtes dans le cœur des Français ? Cela vous affecte-t-il ?
Oui, c’est un cadeau. C’est le rêve de tout artiste de durer. C’est vrai que l’éclosion, quand tu apparais, ce n’est pas que c’est facile, mais il y a une espèce d’effet de nouveauté, il y a quelque chose qui coule tout à coup naturellement . Si on arrive au bon moment, si on a le bon visage, la bonne chanson. Et puis après avoir duré, ça devient un sport beaucoup plus intéressant, plus difficile, mais plus excitant.
Vous apprenez à garder les pieds sur terre et à avoir la tête dans les étoiles ?
---Oui, je pense que oui. Alors j’ai la tête dans les étoiles ? Peut-être pas encore. Ai-je les pieds sur terre ? Peut-être pas trop non plus.
Il y a une sorte de quête en fait dans tout ce que tu fais depuis le début, dans ces 13 albums.
J’ai toujours voulu avoir une belle vie. Mon intuition me disait que la belle vie passait par la musique car c’était ma façon de m’exprimer, la plus spontanée, la plus simple et que j’avais peut-être du mal à communiquer ce que je ressentais et que par la musique, c’était facile.
Vous dites que certaines personnes vous imaginent fragile. Ce n’est pas tant qu’ils vous imaginent fragile, mais avec une sensibilité à fleur de peau. C’est dur de vivre pour avoir cette sensibilité là ou pas ?
Alors parfois j’ai l’impression de ne pas avoir de peau, je suis transpercée par tout ce qui se passe. Mais ça me permet d’écrire des chansons, ça me permet de ressentir, de percevoir des choses que peut-être la personne moyenne ne perçoit pas, que ça les protège plus, peut-être.
Et toi ?
Moi, ça ne me protège pas du tout. Je suis constamment en danger.
Alors tu es Petit ami, tu es aussi un petit bad boy de temps en temps grâce à l’écriture. L’album se termine le Le roman inachevé. Est-ce à dire que chaque page finie cède la place à une nouvelle page blanche qui ne demande qu’une chose et qui est à noircir ?
Oui, et puisque c’est une chanson qui clôt l’album, c’est une question ouverte et une ouverture, qui se termine sur la plage. J’aime cette idée qu’il y ait une suite, mais la suite, je ne la connais pas.
Nous la connaissons. Ce sera une tournée !
Oui c’est vrai.
“Quand on a fait un album comme ‘Tirer la nuit sur les étoiles’, on avait vraiment envie de le jouer sur scène.”
Étienne Dahochez franceinfo
J’aime beaucoup la scène. Je suis né sur scène aux Transmusicales. C’était mon premier contact avec la musique. Disons que j’ai commencé par les planches et c’est quelque chose que j’aime beaucoup et que j’ai appris à aimer aussi avec le temps, de plus en plus.
Étienne Daho démarre une tournée le 4 novembre 2023 à Caen. Ce sera par exemple le 7 à Nantes, le 10 à Toulouse, le 25 à Aix-en-Provence, le 5 décembre à Lille, le 15 à Rennes et le 22 à Paris.