L’année 2024 marque un tournant majeur pour l’acteur devenu pompier forestier. Entre projets littéraires et remise en forme, Patrice Godin semble tracer la voie qui lui convient le mieux.
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Vous jouez actuellement dans la série Détective surprenant. Comment s’est passée l’expérience ?
C’était d’ailleurs une belle surprise puisque je n’avais pas auditionné pour ce rôle. L’acteur qui devait jouer le détective Gingras avait un conflit d’horaire et je me suis joint au projet à la dernière minute. J’ai pu retrouver de vieux amis et travailler avec des acteurs pour la première fois. C’était une heureuse coïncidence, car j’étais disponible. J’ai pu profiter de la beauté des Îles-de-la-Madeleine pendant environ un mois et demi.
A quoi ressemble un tournage sur les îles ?
C’est un endroit magnifique, mais il comporte quelques défis supplémentaires ! Nous avons tourné au début du printemps, la température était donc un problème majeur. Nous avons eu des journées de production avec des vents forts et de la pluie. De plus, les îles sont sublimes, mais on se sent très isolé. Cela peut donc devenir anxiogène. Lors de mes jours de congés, j’étais à l’hôtel et j’avais du mal au moral. Je n’ai pas peur de la solitude, mais j’étais dans une période de ma vie un peu plus mouvementée. Quand il faisait beau, j’allais au moins courir pour me vider l’esprit.
Un autre personnage notable que vous incarnez est Dylan dans Indéfendable. Qu’est-ce que ça fait de jouer un tel rôle ?
J’ai beaucoup de plaisir à jouer ce méchant ! J’ai la latitude d’improviser des petites répliques bâclées et de le rendre tellement détestable ! Nous nous sommes inspirés de criminels réels et imprévisibles, non pas de mauvais génies, mais d’individus qui trouvent toujours un moyen de s’en sortir. Cette saison, Dylan est plus ingérable que jamais et pose encore plus de problèmes.
Après avoir joué plusieurs rôles de ce type, aimez-vous toujours incarner des personnages méchants ?
Les bons, j’en ai joué plusieurs et je trouve que cela devient redondant par moment, mais avec les méchants, il y a une certaine complexité et profondeur à retrouver. J’aime ce genre de personnages, car ils sont très loin de moi. J’aimerais parfois répondre comme eux ! (rires)
Vous avez également un nouveau rôle dans votre vie : celui de pompier forestier ! Quand ce rêve est-il devenu réalité ?
J’ai toujours été attiré par les métiers de service, comme pompier ou policier. Dans ma carrière, il y a eu beaucoup de points bas où je me suis retrouvé à ne rien faire à la maison et j’en avais marre d’attendre que le téléphone sonne. L’année dernière, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais et je me suis inscrit à la SOPFEU, où j’ai été embauché à la base de Havre-Saint-Pierre. Cela a été un déclic pour moi lors des incendies dévastateurs qui ont ravagé le Canada.
Comment s’est passé votre premier été dans les bois ?
Je suis totalement tombée amoureuse de ce métier ! Je me suis fait des amis pour la vie et j’ai découvert la Côte-Nord, une région magnifique que je connaissais peu. J’ai déjà joué des rôles d’action, mais il n’y a rien de plus exaltant que d’être au milieu d’un feu ! Du coup, je me suis retrouvé au travail en hélicoptère tous les matins, et je revenais le soir fatigué, mais tellement heureux. Je me suis découvert et j’ai hâte d’y retourner cet été.
-Comment conciliez-vous votre carrière de comédien avec celle de pompier forestier ?
Désormais, cet été, je souhaite me concentrer pleinement sur mon nouveau rôle. Je prends le risque de perdre des opportunités, mais cela ne me dérange plus. Honnêtement, je suis déçu de la façon dont se déroule le tournage ces jours-ci. Tout va trop vite. Je trouve qu’à un moment donné, les textes ne sont pas assez travaillés et qu’on nous demande trop. Même si on me proposait un superbe premier rôle, je pars dans les bois en mars. C’est ma décision et j’accepterai tout ce qui suivra. J’ai 57 ans et je dois vivre comme je veux.
Vous avez été blessé en 2023. Avez-vous retrouvé votre condition physique optimale depuis ?
Depuis mon opération il y a un an, j’ai retrouvé ma mobilité, mais je ne suis plus comme avant. Je ne perds pas espoir, je m’entraîne toujours et je prends soin de moi, mais différemment. Je ne cours plus de la même manière et ça me manque, mais maintenant je veux juste être en forme pour combattre les incendies.
Vous semblez avoir atteint un point où vous êtes la meilleure version de vous-même. Est-ce le cas ?
J’en veux toujours plus ! (rires) J’aurais aimé évoluer plus tôt dans ma vie, car j’ai perdu mes vingt et trente ans à ne rien faire pour moi-même. Ce sont des années dont je ne reviens jamais. J’ai eu une certaine prise de conscience depuis la pandémie et je parle de cet aspect dans mon livre Toutes les vies possibles. Après avoir longtemps négligé ma santé mentale, je consulte depuis deux ans. Il m’a toujours été difficile de me confier, mais j’ai compris que l’esprit, comme le corps, a besoin de soins. Malheureusement, la santé mentale des hommes reste encore trop taboue.
Vos trois filles vous soutiennent-elles dans ce nouveau voyage ?
Je suis très proche d’eux ! Bien sûr, il a été difficile l’été dernier de ne pas se voir pendant plusieurs mois, mais j’ai eu leur soutien indéfectible. Julia, Simone et Marion, qui ont respectivement 22, 20 et 16 ans, ont désormais leur vie et il est plus facile de les quitter. Je ne pense pas que j’aurais fait ce choix quand ils étaient enfants.
Que signifie être père de trois filles ? Voyons-nous la vie différemment ?
C’est la plus belle aventure qui me soit jamais arrivée ! Je voulais des filles et j’ai fait de mon mieux pour elles. J’ai toujours été un père très présent, malgré mon métier. Je pense avoir réussi à bien les éduquer et à former des femmes indépendantes, fortes, mais aussi sensibles et attentives. Avec ce qui se passe actuellement dans le monde, je m’inquiète pour eux, mais je serai toujours là pour les défendre. J’aurais aimé changer de nombreux aspects de ma vie, mais je ne changerais mes enfants pour rien au monde !
Enfin, y a-t-il un autre projet d’écriture en route ?
J’y réfléchis plus sérieusement depuis quelques temps. Quand mon livre sortira Après les tempêtesen janvier 2024, je suis parti sur la Côte-Nord et, depuis, j’écris sporadiquement, mais rien de substantiel. J’ai besoin d’une discipline rigoureuse lorsque j’écris, je vais donc attendre de m’installer pour me replonger dans l’écriture.
Peut-être que le sujet du pompier forestier serait une piste intéressante ?
Il est possible que j’en parle un jour, mais pour l’instant, j’apprends encore à faire ce travail. Je pense que je m’oriente davantage vers les nouvelles que vers les romans, car cela me permet d’explorer plus de mondes.
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