Une telle intervention serait considérée une atteinte à l’autonomie des États fédérés
Les ministres Simon Jolin-Barrette (Justice) et Jean-François Roberge (Laïcité) ont réagi jeudi matin sur les réseaux sociaux, quelques minutes après la publication du jugement du plus haut tribunal du Canada.
Adopté le 16 juin 2019 (nouvelle fenêtre)la loi sur la laïcité de l’État, plus connue sous le nom de loi 21
interdit à certains fonctionnaires en position d’autorité – tels que les juges, les policiers, les gardiens de prison et les enseignants – de porter des signes religieux visibles dans l’exercice de leurs fonctions.
La Cour suprême a annoncé jeudi matin qu’elle entendrait l’affaire (nouvelle fenêtre)qui a déjà fait l’objet de jugements de la Cour d’appel du Québec (nouvelle fenêtre)l’année dernière, et par la Cour supérieure (nouvelle fenêtre)en 2021.
Au cœur de cette affaire se trouve le recours préventif à la disposition dérogatoire, également appelée clause de souveraineté parlementaire
une mesure inscrite dans la Constitution lors du rapatriement de 1982 pour convaincre les provinces de donner leur approbation au projet du premier ministre de l’époque, Pierre Elliott Trudeau.
Pour cette raison, le Québec appelle les autres États fédérés
du Canada à défendre
en position. Il en va de notre autonomie – autonomie qui est au fondement même du pacte fédératif
souligner MM. Jolin-Barrette et Roberge dans leur message.
En attendant, le gouvernement du Québec utilisera la disposition sur la souveraineté parlementaire aussi longtemps que nécessaire pour défendre nos choix de société
assurent-ils.
L’Assemblée nationale a déjà voté deux fois pour protéger le loi 21
tribunaux : en 2019, lors de l’adoption de la loi, puis l’année dernière, dans le cadre du projet de loi 52 (nouvelle fenêtre)car la Constitution prévoit que la disposition d’exonération doit être renouvelée tous les cinq ans.
Un débat juridique et… politique
À Ottawa, seul le Bloc québécois défend le loi 21
. Justin Trudeau – tout comme Pierre Poilievre, du Parti conservateur du Canada (PCC), et Jagmeet Singh, du Nouveau Parti démocratique (NPD) – a toujours affirmé que le gouvernement fédéral devrait intervenir si l’affaire aboutissait devant la Cour suprême.
En ce sens, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a déclaré jeudi qu’il serait très surpris
quoi la petite cohorte de candidats à la direction du Parti libéral, absolument torontois, va à l’encontre de cette idée.
et prédit que le loi 21
sera un enjeu lors de la prochaine campagne électorale fédérale.
Comme pour lui donner raison, Karina Gould (nouvelle fenêtre)qui aspire à succéder à Justin Trudeau, a réagi jeudi à la décision de la Cour suprême en déclarant que le rôle du gouvernement fédéral était pour soutenir les droits de tous les Canadiens
et que le Parti libéral était la charte-partie
.
La Loi sur la laïcité de l’État divise également les partis à l’Assemblée nationale, mais la Coalition Avenir Québec (CAQ), au pouvoir depuis 2018, la défend bec et ongles. Le gouvernement Legault a également déclaré jeudi qu’il je me battrai jusqu’au bout
pour le défendre.
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Les Québécois ont choisi la laïcité; un choix collectif légitime qui représente l’aboutissement de décennies de débat. Il est essentiel, voire vital, que le Québec puisse faire ses propres choix, des choix qui correspondent à notre histoire, à nos valeurs sociales distinctes et aux aspirations de notre nation.
Rencontré avec son équipe depuis mardi à Terrebonne en vue de reprendre les travaux parlementaires la semaine prochaine, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part demandé à Pierre Poilievre de s’engager à ne pas impliquer le gouvernement du Canada dans ce dossier.
C’est une question de démocratie
a-t-il soutenu jeudi matin en point de presse, soulignant que les Québécois étaient maîtres et responsables de leurs lois
.
Leurs choix démocratiques ne devraient pas être bouleversés par un Canada qui se sent clairement au-dessus des Québécois en termes de moralité ou de compréhension des questions juridiques.
il a protesté.
Réunis en caucus présession à l’Assemblée nationale, les députés de Québec solidaire, qui forment le deuxième groupe d’opposition, se sont pour leur part limités à constater que le processus juridique [suivait] son cours
.
Rappelons que cette loi échappe largement au contrôle des tribunaux en raison de l’utilisation inappropriée du Coalition Avenir QuébecCAQ aux clauses dérogatoires, que nous avons toujours dénoncées
a déclaré par écrit le porte-parole du parti en matière de justice, Guillaume Cliche-Rivard.
Un pouvoir extraordinaire
devenu la norme
Dans le camp des parties ayant formellement demandé l’intervention de la Cour suprême, le Conseil national des musulmans du Canada (CNMC) et la Fédération autonome de l’éducation (FAE) se sont dits satisfaits de la décision de la cour jeudi.
Lors d’un point de presse à Ottawa, le président et chef de la directionPDG de Conseil national des musulmans du CanadaCNMCStephen Brown, dit avoir remarqué que, depuis que François Legault laissez le génie de l’autoritarisme juridique sortir de la bouteille
d’autres provinces, comme l’Ontario (nouvelle fenêtre) et la Saskatchewan (nouvelle fenêtre)invoqué de manière préventive la disposition dérogatoire de la Constitution.
Ce qui était censé n’être qu’un pouvoir pouvant être utilisé de manière extraordinaire est devenu la norme.
il a déploré.
Nous nous trouvons désormais dans cette position inconfortable où huit juges devront décider si nous vivons dans un pays où les citoyens ont des droits ou [si nous vivons] dans un pays où les citoyens ne disposent que des autorisations que les politiciens sont prêts à nous accorder.
Dirigé par les anciens députés péquistes Donald Turp et Étienne-Alexis Boucher, le groupe Droits collectifs Québec (DCQ) a également annoncé tôt jeudi qu’il demanderait le statut d’intervenant à la Cour suprême pour défendre le loi 21
. D’autres requêtes similaires devraient être déposées dans les semaines à venir.
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