Le général Assimi Goïta, président de la Transition malienne, s’est livré le 6 janvier 2025 à un traditionnel exercice d’échange direct avec des représentants de la société civile. Cette rencontre, tenue en langue locale bamanankan, visait à clarifier les orientations du gouvernement dans le face aux défis du pays. Cependant, le discours a laissé perplexe une large partie de l’opinion publique, tout en provoquant de vives réactions, tant au niveau national qu’international.
Une réponse insuffisante aux attentes nationales
Dans un contexte de crise multidimensionnelle – énergétique, économique et sociale – les attentes du Président étaient immenses. Cependant, son intervention a manqué de cohérence et de persuasion. Conscient des limites de l’État à répondre aux préoccupations essentielles des Maliens, comme l’électricité, l’emploi et le soutien au secteur privé, Assimi Goïta a suscité un sentiment de désillusion chez ses concitoyens.
Concernant la crise énergétique, le Président a reconnu des retards dans l’exécution des projets de centrales solaires à Sanankoroba, Tiagadougou et Safo. Comme solution à court terme, il a proposé de promouvoir les kits solaires individuels en subventionnant les panneaux solaires et les batteries au lithium par le biais d’exonérations fiscales. Cependant, cette mesure a été perçue par beaucoup comme une solution temporaire, incapable de répondre aux besoins énergétiques croissants du pays.
Polémiques autour des projets bloqués
Le Président a également dénoncé la vente illégale de terrains destinés à des projets d’intérêt public, notamment des centrales solaires, par certains maires. Cette révélation, loin de calmer les esprits, a alimenté les tensions. Un responsable politique a publiquement exigé que les noms des personnes impliquées soient révélés et qu’elles soient punies.
Déclarations controversées sur la CEDEAO
Sur le plan diplomatique, le discours d’Assimi Goïta a également suscité de vives inquiétudes. Le président a affirmé que le Mali s’était définitivement retiré de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qu’il a qualifiée d’« organisation terroriste ». Ces propos, jugés inappropriés par de nombreux observateurs, risquent de détériorer encore davantage les relations historiques et commerciales entre le Mali et ses voisins.
-Une communication à revoir
Ce discours, marqué par des différences de langage et un manque de hauteur diplomatique, a mis en lumière les enjeux de la communication présidentielle. Les conseillers du Président ont-ils échoué dans leur mission ou leur avis n’a-t-il pas été pris en compte ? Quelle que soit la réponse, cette intervention a déçu les espoirs d’un peuple en quête de solutions concrètes et d’un leadership apaisé.
À la recherche d’une vision fédératrice
Le Mali traverse une crise sécuritaire, politico-institutionnelle et socio-économique sans précédent. Dans un tel contexte, la fonction présidentielle requiert retenue, responsabilité, vision et diplomatie. Le récent incident rappelle l’importance pour le chef de l’État de dépasser les controverses et de rassembler une nation qui aspire à retrouver sa position de leader dans l’intégration africaine.
Le discours du président Assimi Goïta restera marqué par les attentes non satisfaites et les controverses qu’il a suscitées. Il appartient désormais au chef de l’État et à son gouvernement de rectifier le tir, d’apaiser les tensions internes et externes et de proposer des solutions durables pour redonner espoir à une population en quête de stabilité et de progrès.
L’équipe éditoriale
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