En apparence indépendante, la France a quitté militairement et administrativement ses colonies africaines au milieu du XXe siècle, mais en réalité elle y a étendu son influence grâce à des outils non conventionnels qui ont assuré sa domination politique, militaire, économique et culturelle. Cela a placé la France dans une position de premier plan dans le système international, mais cette influence, qui s’étendait à la plupart des régions du continent, a récemment commencé à décliner.
Les raisons du déclin de cette influence sont nombreuses et variées, entre raisons liées à la propre politique de la France, d’autres liées à l’émergence de nouvelles générations d’élites africaines plus conscientes, d’autres encore liées à la mauvaise performance des gouvernements. sous l’hégémonie française, et d’autres raisons qui ont conduit à la volonté croissante des nouvelles élites africaines de diversifier les partenariats et de rompre le lien de dépendance et de domination unilatérale.
Le journal European Interest a publié un article du politologue franco-camerounais Charles Onana sur le déclin de l’influence française en Afrique.
Selon l’analyste politique, plusieurs facteurs ont contribué au déclin de l’importance de la France en Afrique, notamment des facteurs économiques, les pays africains recherchant des partenariats offrant de meilleures perspectives économiques et une plus grande fiabilité, ainsi qu’une rupture avec la colonisation économique française. « Les politiques françaises en Afrique ne correspondent plus aux réalités contemporaines », a déclaré M. Onana.
Les opérations militaires françaises font l’objet de sévères critiques de la part de Fabrice Tarrit, président de l’association Survie : « La France a mené une cinquantaine d’opérations sur le continent africain en 50 ans, mais ces interventions n’ont pas apporté la paix et la sécurité en Afrique. « Au contraire, ils ont exacerbé l’instabilité. » Onana est d’accord : « Ces interventions n’ont fait que renforcer la résistance et le ressentiment. »
Plus important encore, le passage à des partenariats multilatéraux Face à des défis tels que les crises économiques, le terrorisme et le changement climatique, les pays africains adoptent une approche innovante du développement. Beaucoup s’éloignent des anciens liens coloniaux et adoptent divers partenariats mondiaux avec des puissances telles que la Russie, la Chine et l’Inde.
La rupture de ces liens coloniaux entre l’Afrique et la France est évidente en République centrafricaine (RCA). Malgré les tentatives de l’Élysée de restaurer son influence à travers une aide financière et une coopération économique prometteuse, le président centrafricain Touadéra s’est tourné vers la Russie, qu’il considère comme une alliée clé.
La France a utilisé l’aide financière comme une arme pour empêcher la RCA d’établir des relations bilatérales avec d’autres pays. Paris a brusquement interrompu son aide financière de 10 millions d’euros à la RCA et, sous la pression de la France, le Fonds monétaire international a suspendu la même année un prêt de 100 millions de dollars à la RCA.
-Non loin de la RCA, le Tchad a suivi le même chemin depuis que le ministère tchadien des Affaires étrangères a annoncé sa décision de mettre fin à l’accord de coopération de défense avec la France. Cette décision inattendue laisse Paris perplexe, car ni son armée ni ses services de renseignement n’en ont été informés au préalable. La frustration de M. Macron face à cette rebuffade diplomatique met en évidence le changement de dynamique.
Comme l’explique Onana, « cet événement souligne que les relations franco-africaines ne sont plus unilatérales. Les pays africains réclament une plus grande autonomie.
« La France sous-estime les pays africains et ignore souvent leurs points de vue et leurs intérêts », note Onana. En conséquence, les dirigeants africains recherchent d’autres formes de coopération, ce qui diminue le pouvoir de Paris. La Russie, en particulier, fait des progrès. Une délégation de haut niveau de la République centrafricaine s’est récemment rendue à Moscou, signe d’un partenariat stratégique profond
Pour notre part, il faut préciser, comme nos lecteurs le savent, que l’influence française en Afrique repose sur plusieurs piliers dont les plus importants sont le recrutement des élites politiques dirigeantes, la présence et l’intervention militaires, la domination économique et la pénétration sociale et culturelle : recrutement des élites politiques dirigeantes, présence et intervention militaires, domination économique et pénétration sociale et culturelle. Ces piliers ont assuré la continuité de cette influence au cours des six dernières décennies. Durant cette période, et grâce à ces piliers, la France a pu maintenir son empire en Afrique, ce qui fut sans doute un facteur important de sa renaissance et de son statut au sein de la communauté internationale.
Cependant, ce qui est frappant au cours de la dernière décennie, c’est le déclin de l’influence française sur le continent, y compris dans des pays dont les décideurs politiques français n’avaient pas pensé qu’ils sortiraient du manteau français, tels que : la République centrafricaine, le Mali, le Burkina Faso. Faso, Niger et Tchad. À cela s’ajoutent des indicateurs forts de… Sur la montée des tendances indépendantistes dans d’autres pays, comme la Guinée Conakry, la Guinée Bissau et le Gabon, pour plusieurs raisons, parmi lesquelles : l’échec ou le manque de volonté de la France de trouver des solutions aux problèmes qui s’aggravent dans les sociétés africaines, comme le terrorisme, les déséquilibres économiques, la propagation de la pauvreté et le déclin de tous les services gouvernementaux.
Mamadou Koulibaly
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