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Partie 4 / La combinaison, clé de la performance – rts.ch

Le point de départ historique pour parler de combinaisons de ski se situe dans les années 1920. C’est là, à cette époque, que le ski prend son essor. Arnold Lunn établit les premières règles modernes pour les compétitions de ski. Plus qu’un passe-temps, il souhaite en faire un sport.

À l’époque, on ne pensait pas que les combinaisons de ski pouvaient être aérodynamiques. Ainsi, la veste est rudimentaire et peu confortable. Composé de laine, de velours, de cuir, de fourrure et de tweed, il sert plus à vous protéger du froid qu’à aller plus vite. Et les pantalons, amples et serrés à la cheville, ne sont pas des exemples d’aérodynamisme, puisque leur largeur les expose à une forte résistance au vent.

Emile Allais, pionnier du désir de performance

Il faudra attendre les années 1930 pour voir arriver les « vrais » pantalons de ski. Et c’est sous l’impulsion d’Emile Allais qu’elle est née. Le champion de recherche une combinaison plus efficace et qui épouse ses jambes. Le Français se rend à Megève pour rencontrer Armand Allard, un tailleur de renom.

Emile Allais lui fait part de ses envies : il souhaite du matériel plus confortable et plus performant. Armand Allard l’écoute puis crée le fuseau sauteur, premier nom donné à son invention car il possédait un élastique qui passait sous le pied. Emile Allais l’adopte et accumule les succès. Si le haut reste rudimentaire, un léger pas en avant est réalisé avec un confort accru, une plus grande résistance au froid et surtout des vêtements imperméables.

En 1931, le Suisse Walter Prager devient le premier champion du monde de l’histoire de la descente. [STR – Keystone]

La tenue gagnante de Zeno Colò

Ce sont les années 1950, et plus particulièrement l’année 1952, qui font basculer les combinaisons vers un autre paradigme ; «des costumes pour la performance».

Ainsi, lors des Jeux Olympiques de 1952 qui se déroulèrent à Oslo, l’Italien Zeno Colò prenait le départ de la descente avec une veste qui lui collait au corps. Dans cette veste en nylon avec tulle bi-élastique aux coudes et sur les côtés, il est devenu champion olympique. Ce modèle, plus confortable et durable, est adopté par tous les skieurs.

La combinaison unique de Zeno Colò n’est pas étrangère à son couronnement lors de la descente aux Jeux Olympiques de 1952. [TopFoto – Imago]

Le Lycra fait son apparition

Il faudra attendre les années 1960 pour voir la création du lycra et la démocratisation du costume une pièce. Véritable bond en avant, il est constitué d’une fibre plus résistante et beaucoup plus élastique que le modèle précédent. Mélangé au nylon et à la laine, le lycra augmente encore les performances, le confort et offre une élasticité remarquable (on parle ici d’une matière qui peut s’étirer jusqu’à huit fois sa taille originale).

Au début des années 1970, des matériaux en caoutchouc ont été ajoutés. Mais, bien que plus aérodynamiques, deux problèmes se posent : les combinaisons ne permettent pas de respirer et elles aggravent les blessures des sportifs lors d’une chute, provoquant notamment des brûlures. Ce nouveau modèle ne dure que quelques années.

Jean-Daniel Dätwyler en 1967 sur la légendaire piste du Lauberhorn. [Widler – Keystone]

Hans Hess, père de la combinaison moderne

Mais c’est aussi durant cette décennie qu’un homme révolutionne la combinaison et fait entrer le ski dans une nouvelle dimension : le Suisse Hans Hess. Ce mécanicien de formation a grandement contribué au succès des skieurs suisses en développant les premières combinaisons de course aérodynamiques.

L’idée lui est venue à Wengen, alors qu’il participait aux courses du Lauberhorn. Lorsque la tête du chien passe, il entend un sifflement provenant du pantalon ample flottant dans les airs, “un bruit comme si un train rapide passait», comme il l’a dit un jour à « Wiler Nachrichten ». Il entreprit alors de créer une tenue plus rapide, qui collerait à la peau des athlètes.

Il a inventé cette combinaison et l’a bricolé dans sa cave avec un collègue (ndlr : Hannes Keller) qui avait déjà confectionné des combinaisons de plongée. C’est ainsi qu’est née cette combinaison de course et n’a cessé d’être perfectionnée depuis.e», explique Walter Graff. Selon la légende, Hess, qui n’avait aucune expérience en la matière, aurait utilisé le pantalon de ski de sa femme pour effectuer des tests. Sans jamais se laisser décourager par les moqueries de certains, il poursuit ses recherches et réalise des essais en soufflerie afin de perfectionner et peaufiner son invention.

De la première génération à bénéficier des combinaisons Hans Hess, le Suisse Heini Hemmi remporte l’or en géant lors des JO d’Innsbruck en 1964. [Dieter Endlicher – Keystone]

Chaque détail compte

De nos jours, la précision est poussée à tel point que chaque athlète possède une combinaison d’une taille spécifique. Ajustée, elle est composée de polyuréthane (entre 85 et 90%) et de polyester (entre 10 et 15%), elle réduit la résistance au vent de 50% !

Surtout, une combinaison qui laisse passer moins de 30 litres d’air par mètre carré est interdite car elle se déplacerait trop rapidement. Tout athlète qui prend le départ d’une course avec une combinaison non approuvée – donc non testée – est disqualifié.

Comme tout le Cirque Blanc actuel, Marco Odermatt porte une combinaison au summum de l’aérodynamisme et personnalisée à sa carrure. [KEYSTONE – Anthony Anex – Keystone]
 
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