Le Barron Park Donkey Project, l’organisation qui s’est occupée de Perry depuis qu’il était jeune, affirme qu’il est venu dans la région pour tenir compagnie aux chevaux de polo. Mais sa carrière se serait effondrée car il a passé trop de temps à les grignoter. Arrivé à Palo Alto en 1997, l’animal vivait des jours paisibles lorsque l’animateur Rex Grignon a jeté son dévolu sur lui, après que sa femme, une habituée du parc, lui ait conseillé de faire un détour. « Nous voulions comprendre ce qui fait d’un âne un âne. C’était donc très utile de regarder Perry se déplacer », explique l’ancien animateur de Pacific Data Images à Washington Post. C’est ainsi qu’en 1999, vingt-cinq animateurs sont arrivés autour de l’enclos de l’âne nain pour le croquer sous toutes les coutures. Il semble que les habitués du parc reconnaissent Donkey comme la manière de Perry de rouler des yeux et de rejeter la tête en arrière.
En quête de réalité, déjà dans « Bambi »
Très tôt dans l’histoire du cinéma d’animation, ses pionniers se sont lancés en quête de réalisme lorsqu’ils ont voulu représenter des animaux. Pour BambiWalt Disney Productions a demandé à ses animateurs de passer du temps au zoo de Los Angeles, d’écouter des conférences de naturalistes et d’observer attentivement les deux faons installés au sein des studios.
Lors de sa sortie en 1942, plus de 80 ans avant l’hyperréalisme Moufasales critiques s’alarmaient déjà de voir la magie du dessin disparaître au profit d’un réalisme froid. “M. Disney a une fois de plus révélé une tendance décourageante à dépasser les limites de la bande dessinée fantastique pour s’orienter vers le strict naturalisme de l’illustration de magazine. Sa forêt peinte se distingue à peine de la forêt réelle (…) Ses personnages principaux, Bambi et ses parents – tous les cerfs en fait – sont dessinés de la manière la plus naturaliste possible ; seuls les petits acteurs comme Panpan, Ami Hibou ou les taupes sont des créations « humanisées » de fantasy », peut-on lire dans les archives du New York Times de l’époque.
Lors de la conception du Roi Lionsorti en 1994, le célèbre zoologiste Jim Fowler organisait l’arrivée de plusieurs animaux sauvages dans les studios Walt Disney, devant un parterre de dessinateurs. Trois ans avant la sortie du film, une petite équipe s’est également envolée pour le Kenya. Une démarche reproduite dans les années 2010 lors de la création de la nouvelle version, par Jon Favreau, sortie en 2019. Une nouvelle fois, une équipe s’est rendue au Kenya et les animateurs ont multiplié les visites au Disney’s Animal Kingdom à Orlando en Floride. Cette fois, cependant, les personnages ont pris vie grâce à des images de synthèse générées par des simulations informatiques. Dommage que Felix Salten, le critique de New York Timesqui avait peur de ne pouvoir distinguer les forêts des Bambi des Forêts Principales en 1942, n’est plus là.
L’histoire dans l’histoire
Parce que l’industrie du divertissement les rend très sympathiques, les animaux de dessins animés ont souvent rendu un mauvais service à leurs pairs dans la vie réelle. Des poissons clowns sont morts faute d’avoir bénéficié d’un aquarium adapté par la suite Trouver Nemo aux tortues jetées dans les toilettes suite Tortues Ninjales exemples sont nombreux. Mais les grands classiques cachent aussi parfois de belles histoires, comme celle du petit âne Perry devenu la mascotte de la petite communauté du quartier de Barron Park. En Californie, un autre équidé jouit de la même notoriété : Donner, rebaptisé Spirit après le passage des animateurs DreamWorks dans sa vie.
Dans Spirit, l’étalon des plainesles animaux ne sont pas dotés de parole contrairement à ce qui se fait dans de nombreux films d’animation. Les chevaux hennissent, reniflent, ronflent. Malgré l’ajout de quelques caractéristiques humaines comme les sourcils, les animateurs ont souhaité reproduire au plus près l’animal et son environnement – l’Ouest américain de la fin du XIXème siècle –. Pourtant, “il n’y a rien de plus difficile à animer qu’un cheval”, explique le producteur Jeffrey Katzenberg dans un making-of. « Au début, c’était assez intimidant. Quand j’ai commencé à dessiner des chevaux, j’ai soudain réalisé à quel point je les connaissais peu. Nous nous sommes donc tournés vers des experts, des spécialistes de l’anatomie, vers tout ce que nous pouvions trouver pour comprendre le fonctionnement de ces animaux”, commente le célèbre animateur britannique James Baxter dans la même vidéo.
Pour donner vie à Spirit, son équipe a choisi Donner, un jeune et puissant mustang Kiger à la crinière sombre et épaisse – une race originaire du sud-est de l’Oregon avec une conformation proche des chevaux espagnols. Pendant des heures, les artistes ont tenté de capturer ses postures, ses expressions faciales et ses regards.
« L’étalon Spirit continue d’inspirer de nombreuses personnes »
Élevé dans un ranch de l’Oregon à Bend, l’animal est né d’un étalon et d’une jument capturés par le BLM – le bureau fédéral de gestion des terres qui réglemente les populations de chevaux sauvages. A la fin de la production du dessin animé, DreamWorks a décidé d’envoyer Spirit dans le sanctuaire de l’association Return to Freedom, qui lutte depuis 1998 pour la protection des mustangs dans le pays.
L’association veille sur plusieurs centaines de chevaux et d’ânes qui ont retrouvé la liberté sur leur immense territoire. Elle milite pour une meilleure régulation des populations sauvages, via le contrôle de la fertilité, à l’heure où le BLM privilégie la capture – à l’aide d’hélicoptères – et le stockage dans des enclos gouvernementaux. “L’étalon Spirit continue d’inspirer de nombreuses personnes à en apprendre davantage sur les milliers de chevaux sauvages et de burros sans nom, dont la survie sur nos terres publiques reste menacée”, explique Return to Freedom sur son site Internet.
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