Le président croate Zoran Milanovic, socialiste aux accents populistes, a été réélu haut la main dimanche, infligeant un camouflet au parti conservateur de droite HDZ qui dirige le gouvernement.
Il s’agit du score le plus élevé lors d’une élection présidentielle depuis l’indépendance de la Croatie en 1991, où le chef de l’Etat dispose de peu de pouvoirs, mais est considéré comme un vecteur de stabilité et un rouage garantissant le bon fonctionnement des institutions. Zoran Milanovic a frôlé la victoire dès le premier tour, avec 49% des voix.
“Croatie, merci!”
Le résultat est un nouveau coup dur pour le HDZ et le Premier ministre Andrej Plenkovic, rival politique de toujours de Zoran Milanovic, après un scandale de corruption très médiatisé en novembre.
“Croatie, merci!” Zoran Milanovic a déclaré à ses partisans réunis dans un centre d’art. “Je considère cette victoire comme une reconnaissance de mon travail des cinq dernières années et un message de plébiscite du peuple croate adressé à ceux qui doivent l’entendre”, a-t-il poursuivi, faisant référence au gouvernement.
Le taux de participation était de près de 44%, selon la commission électorale. Ce pays de 3,8 millions d’habitants, membre de l’Union européenne, est aux prises avec le taux d’inflation le plus élevé de la zone euro, une corruption endémique et une pénurie de main d’œuvre.
Contrepoids
L’ancienne république yougoslave est principalement gouvernée par le HDZ depuis son indépendance en 1991. Mais Zoran Milanovic, ancien Premier ministre de gauche, a pris la présidence en 2020 avec le soutien du principal parti d’opposition, les sociaux-démocrates (SDP). .
Figure incontournable de la scène politique depuis près de deux décennies, il remet régulièrement en cause les dirigeants européens. Dimanche, après avoir voté à Zagreb et exprimé sa confiance dans la victoire, il a de nouveau critiqué Bruxelles, le qualifiant de « à bien des égards autocratique et non représentative ».
“Milanovic est une sorte d’omnivore politique”, a déclaré à l’AFP l’analyste politique Zarko Puhovski : le président est largement considéré comme le “seul contrepoids, au moins symbolique, au gouvernement et au pouvoir de Plenkovic”. Le style de Zoran Milanovic a renforcé sa popularité et contribué à attirer le soutien des électeurs de droite.
Son rival, Dragan Primorac, 59 ans, ancien ministre de l’Éducation et des Sciences revenu en politique après 15 ans d’absence, a insisté sur le patriotisme et les valeurs familiales. Mais les critiques affirment que son manque de charisme lui a coûté le ralliement de la base du HDZ.
Russie
Zoran Milanovic a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais a également critiqué le soutien militaire occidental à Kiev et est un opposant notoire à un programme qui aurait vu des soldats croates aider à former les troupes ukrainiennes en Allemagne. Cela lui a valu des accusations de « marionnettes pro-russes » de la part du HDZ.
“La défense de la démocratie ne consiste pas à dire à tous ceux qui ne pensent pas comme vous qu’ils ‘jouent pour la Russie'”, a-t-il répondu dimanche aux journalistes. De leur côté, les jeunes Croates ont exprimé leur frustration face à l’absence dans la campagne de sujets qui les intéressent vraiment, comme le logement ou le niveau de vie des étudiants.
(AFP)
Related News :