Carouge Theater –
« Wendy et Peter Pan » : une adaptation énergique mais inégale
Ce dépoussiérage du conte original de JM Barrie revient aux racines de l’histoire, dans une version mature et angoissante.
Publié aujourd’hui à 18h46
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Grandir n’a jamais semblé aussi effrayant que dans cette version sombre et cynique de « Wendy et Peter Pan ». En effet, les chansons et les fins heureuses sont bien loin de cette adaptation très fidèle de l’œuvre victorienne de James Matthew Barrie, « Peter and Wendy », jouée pour la première fois à Londres en 1904. Comme il y a plus d’un siècle, Wendy en est la protagoniste. de la pièce.
Bien versé dans l’exercice de l’adaptation après sa version de “Capitaine Fracasse” en 2023, le réalisateur Jean-Christophe Hembert a pris le pari risqué de constituer un casting entièrement composé d’adultes.
Chansons de « La Famille Addams »
Tout commence par une mise en abyme. Les comédiens entrent sur scène les uns après les autres, annonçant un nom et le rôle qu’ils joueront tout au long de la pièce (certains comédiens porteront plusieurs casquettes) avant de poser pour une photo d’époque. Un portrait qui, sous la lumière pâle du flash, prépare le spectateur à vivre un « Peter Pan » bien plus proche de « La Famille Addams » que du dessin animé Disney des années 50.
Le ton est donné : Mr et Mrs Darling, interprétés par Bruno Bayeux et Agnès Ramy, sont des parents austères et peu aimants, durs avec leurs deux enfants, Wendy (Judith Henry, qu’on aimerait voir plus souvent) et John (Loïc Varraut), rêveurs et bien décidés à ne jamais grandir. . Car l’ennemi de l’enfance, c’est le temps, illustré ici à travers une horloge cassée posée sur le mur de la chambre de la jeune fille, et qui dans les moments de tension accélère ou ralentit le rythme de ses aiguilles.
« À 2 ans, tous les enfants le savent. Deux ans, c’est le début de la fin. Condamnée à vieillir, Wendy évoque alors le seul garçon qui ne grandira jamais : Peter Pan bien sûr (Karl Eberhard), qui ne manquera pas de lui rendre visite ce soir-là, et de l’emmener avec son frère au pays de jamais, accompagné de sa fidèle et très dévergondée Fée Clochette.
Ce premier volet très réussi démontre une utilisation très judicieuse et impressionnante des décors qui, au gré de l’action, virevoltent pour offrir une scène onirique et onirique au pays de jamais.
Un deuxième acte brouillon
Ensuite, les choses se compliquent. Au vu des nombreuses destinations que devront emprunter les protagonistes, force est de constater qu’on s’y perd un peu. Les différents rôles endossés par les comédiens, certes très brillants dans leurs interprétations, renforcent cette confusion. On passe souvent rapidement d’une scène à l’autre, sans savoir comment ni quand tel ou tel personnage est entré dans la danse.
Mais à travers la jungle, le lagon des sirènes, le bateau pirate et le territoire indien, la pièce prend la forme d’une boule ininterrompue de mouvements, de sons et de lumières, dans une explosion des sens. Sursauts et immersions garantis.
Cette forme survitaminée mais quelque peu brouillonne est sauvée par un phénoménal Capitaine Crochet, aussi charismatique que maléfique, lâche et assoiffé de sang. Une performance menée de main de maître par Bruno Bayeux et qui fait littéralement éclater la scène. Mention spéciale également à Stéphane Bernard et Jacques Chambon, tour à tour pirates, enfants perdus et indiens.
Trop d’ambitions ?
Grâce à une mise en scène intelligente qui brise ici et là le quatrième mur, pour le plus grand plaisir des enfants présents dans le public, on en vient néanmoins vite à se lasser de l’égoïste Peter Pan et de la vulgaire Fée Clochette créés par Jean-Christophe Hembert.
Finalement très cruel, amnésique et effacé, ce Peter Pan ne s’amuse jamais. Il devient le seul personnage véritablement mature de l’adaptation, ce qui est dommage.
A vouloir tout montrer sans vraiment l’expliquer, c’est l’ensemble qui est en difficulté. On pense notamment à l’oiseau blanc et au crocodile, deux formidables opportunités qui arrivent comme un cheveu dans la soupe. Le principal problème de la pièce vient alors peut-être du fait que la production avait les yeux plus gros que le ventre.
Théâtre de Carouge, « Wendy et Peter Pan », jusqu’au 26 janvier (lundis gratuits). A partir de 12 ans. 90′ theatredecarouge.ch
Andrea Di Guardo est journaliste à la Tribune de Genève depuis mars 2024. Rattaché à la section culturelle, il s’intéresse également aux sujets locaux et internationaux. Il est titulaire d’une maîtrise en journalisme et communication et d’un baccalauréat en sciences politiques.Plus d’informations
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