Faux remèdes
Ces monticules de terre, caractéristiques de l’activité des taupes, agacent autant qu’ils intriguent. “Les gens pensent souvent qu’il y a une infestation, mais en réalité, une seule taupe peut produire des dizaines de monticules”, explique Pierre Henrot. C’est un animal très territorial, donc sur un terrain de 10 acres, on a rarement plus d’une ou deux taupes.
Pour lutter contre ces architectes clandestins, les astuces ne manquent pas : poils de chien, bouteilles plantées, gadgets à ultrasons. “Tout cela ne sert à rien, tranche Pierre Henrot. Les gens dépensent souvent une petite fortune pour des astuces qui ne fonctionnent pas, et ils finissent toujours par me rappeler. La solution ? « Le piégeage mécanique est la seule méthode véritablement efficace. Il faut identifier les bonnes galeries, tendre les pièges et revenir plusieurs fois. Alors, faut-il déclarer la guerre aux taupes ? “Non, tempère Pierre Henrot. Une pelouse endommagée peut être réparée en grattant les monticules et en ressemant à nouveau. Mais pour ceux qui souhaitent absolument un terrain impeccable, le piégeage reste la meilleure solution. » Entre admiration pour leur ingéniosité et agacement face à leurs dégâts, les taupes continuent de creuser leurs trous dans nos jardins… et nos esprits.
Il y a 80 ans, la taupe était « utilisée pour fabriquer des chapeaux »
Autrefois, les taupes n’étaient pas considérées comme des ennemies du jardin anglais. Leur travail souterrain, loin de déclencher des crises esthétiques chez leurs propriétaires, a donné lieu à une toute autre exploitation. « Il y a 50 ou 80 ans, on ne piégeait pas la taupe pour son habitude de creuser, mais pour sa fourrure, surprend Pierre Henrot. C’était une ressource précieuse, utilisée pour fabriquer des chapeaux. À l’époque, les gens ne se souciaient pas de l’esthétique de leur jardin.
Loin d’être un problème de pelouse, les monticules de terre constituaient une véritable manne financière. « La taupe a une belle fourrure, dense et douce, qui avait une réelle valeur commerciale, précise le professionnel. C’était une époque où rien n’était perdu. Nos ancêtres utilisaient tout : la viande pour se nourrir, la peau pour se vêtir, même les os servaient à fabriquer des outils ou des objets du quotidien. Avec les usages actuels, il n’est plus possible d’utiliser les fourrures comme avant.
Aujourd’hui, cette pratique appartient donc au passé. Les dépouilles des animaux capturés sont redirigées vers des filières spécialisées. « Ce que je piège va dans l’enceinte de rendu. Je les garde dans une chambre froide avant qu’un camion ne vienne les chercher. Il est traité conformément aux normes en vigueur. Ces normes incluent également une attention particulière au bien-être animal. « La loi exige que les pièges soient nettoyés quotidiennement. L’animal ne doit pas souffrir inutilement. Il est abattu rapidement et proprement.
Alors, la prochaine fois qu’un monticule apparaîtra sur votre pelouse, rappelez-vous qu’il fut un temps où la taupe était populaire… et pas seulement sous terre.
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