“Je jure”: le président vénézuélien Nicolas Maduro, avec le soutien de l’armée et d’une administration aux ordres, a prêté serment vendredi pour un troisième mandat lors d’une cérémonie qualifiée de coup d’État par l’opposition et dénoncée par les États-Unis et l’UE. .
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10 janvier 2025 – 18h52
(Keystone-ATS) “Je jure que ce nouveau mandat présidentiel sera celui de la paix, de la prospérité, de l’égalité et de la nouvelle démocratie”, a-t-il déclaré au président de l’Assemblée Jorge Rodriguez qui a ensuite déclaré : “Vous êtes inauguré comme président constitutionnel”.
Une fois autour du cou l’écharpe présidentielle et le grand « collier de la clé de l’Arche », qui ouvre le sarcophage de Simon Bolivar, Maduro a insisté : « Dis ce que tu veux, fais ce que tu veux, mais cette inauguration constitutionnelle (…) pourrait ne peut être empêché et constitue une grande victoire pour la démocratie vénézuélienne.»
Nicolas Maduro a même plaisanté sur la présence de l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia qui revendique la victoire à l’élection présidentielle et avait promis de prêter serment à la place du président sortant.
Réagissant à un bruit qui a perturbé la cérémonie, M. Maduro a ironisé : « Est-ce que quelqu’un est tombé ? Edmond est arrivé ? », avant de poursuivre : « En attendant son arrivée, je suis un peu nerveux ».
La cérémonie, initialement prévue à midi, a été avancée d’une heure et demie, sans préavis. Cela a duré environ deux heures.
Nicolas Maduro est arrivé au Palais de l’Assemblée nationale vers 10h30 locales (15h30 suisses), passant entre une haie de militaires en tenue de gala. Il a longuement serré la main du président cubain Miguel Diaz-Canel, l’un des rares chefs d’État présents aux côtés du président nicaraguayen Daniel Ortega.
La plupart des personnalités du pouvoir, dont le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello et le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez, figures clés de la répression des troubles post-électoraux, étaient également présentes.
“Un coup d’État a été accompli”, a réagi l’opposition dans un communiqué publié, dénonçant une “usurpation du pouvoir de Nicolas Maduro (…), appuyée par la force brute et ignorant la souveraineté populaire exprimée avec force le 28 juillet”.
“C’est Edmundo Gonzalez Urrutia qui doit être investi aujourd’hui ou demain (…) La volonté du peuple sera respectée”, conclut le texte.
Alfredo Romero, président de l’ONG Foro Penal qui documente les détentions politiques au Venezuela, a rapporté vendredi lors de la cérémonie qu’il avait enregistré depuis le début de l’année “49 arrestations à des fins politiques, dont 42 depuis le 7 janvier. Et cela continue”.
-La zone entourant l’Assemblée, dans le centre de Caracas, a été bouclée par la police tandis que la télévision publique diffusait des images de centaines de partisans de M. Maduro défilant dans les rues.
“Simulation”
Les États-Unis ont rapidement dénoncé une « imposture » et imposé de nouvelles sanctions contre Caracas, augmentant notamment la récompense à 25 millions de dollars pour toute information permettant de traduire en justice le dirigeant vénézuélien.
“Aujourd’hui, Nicolas Maduro a organisé une investiture présidentielle illégitime au Venezuela dans une tentative désespérée de prendre le pouvoir”, a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
Londres a qualifié Nicolas Maduro d’« illégitime » et a imposé des sanctions à quinze personnalités clés du pouvoir.
M. Maduro n’a “aucune légitimité démocratique”, a réagi la chef de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
La cérémonie d’investiture intervient au lendemain des manifestations de l’opposition qui contestent la victoire du chef de l’Etat socialiste de 62 ans aux élections du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d’arrestations.
Après la cérémonie d’inauguration, le secrétaire général de l’ONU a appelé, selon son porte-parole, à la libération de toutes les personnes « arbitrairement détenues ».
Edmundo Gonzalez Urrutia a répété jeudi en République Dominicaine qu’il était le « président élu ». Sans faire plier celui qui a succédé à Hugo Chavez en 2013 et dirige depuis d’une main de fer le Venezuela.
L’armée, pilier du pouvoir
Jeudi, le gouvernement a appelé à une marche de soutien au président Maduro dans la capitale, tandis que l’opposition organisait une manifestation au cours de laquelle sa leader, Maria Corina Machado, qui vit cachée depuis les élections, est apparue pour la première fois en public. depuis août. « Nous n’avons pas peur ! », scandaient des milliers de manifestants.
Une certaine confusion a marqué la fin de journée, lorsque l’opposition a annoncé l’arrestation « violente » de sa leader Maria Corina Machado, puis sa libération.
Le gouvernement a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant « une opération psychologique en vue de déclencher des violences au Venezuela ».
Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur avec 52% des voix mais sans publier le procès-verbal, se disant victime d’un piratage informatique, une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.
L’annonce du CNE a provoqué des manifestations dans tout le Venezuela, durement réprimées. Bilan des troubles post-électoraux : 28 morts, plus de 200 blessés et 2 400 personnes arrêtées pour « terrorisme ».
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