Les enfants de l’école Jules-Guesde de Cenon, rive droite de Bordeaux, viennent de rentrer en classe. Des mères discutent sur la place. 8h50 ce vendredi. De l’autre côté de la rue, se trouve la résidence Novéales construite il y a 10 ans dans ce secteur entièrement réaménagé du Pont rouge au pied de la Côte des Quatre-Pavillons. Ce jeudi dans l’un des appartements, au troisième étage de l’entrée 1-3, Youssef El Yaagoubi a tranché la gorge de son épouse avec un couteau. L’homme de 43 ans a lui-même appelé la police après avoir commis le crime.
« Je le voyais tous les jours venir chercher ses enfants », raconte une mère d’élève ayant elle-même fréquenté l’école Jules-Guesde. « Un homme très calme. Je suis choqué. Ma fille est en CP avec l’un d’eux et elle m’a demandé hier soir : ‘Papa, il ne va pas te faire ça, maman ?’ » A ses côtés, Sarah, une autre mère d’un élève de cette classe, raconte l’étonnement ce jeudi en fin d’après-midi : la sortie des enfants, l’arrivée soudaine des policiers au pied de la résidence, puis la sortie de Youssef El Yaagoubi, emmené par la police.
“Trouver les mots”
A la demande du procureur de la République, les trois enfants du couple, âgés de 5, 9 et 10 ans, tous scolarisés à Jules-Guesde, ont été hospitalisés. A l’école, les enfants ont été accueillis dans une ambiance forcément exceptionnelle : le Rectorat a mis en place une cellule d’écoute, composée d’un psychologue, d’une assistante sociale, d’une infirmière scolaire et d’un médecin. « Le directeur adjoint des services de l’éducation nationale (Dasen) est sur place depuis le matin, et le service social des étudiants est en alerte pour une surveillance renforcée », indiquent ses services.
“Aujourd’hui tu restes plus tard à l’école, sois fort, je t’aime”
« L’équipe éducative est fantastique, les profs savent parler aux enfants », souligne une autre maman. « Mais il faudra aussi trouver les mots à la maison. » Un autre croit comprendre que le suspect est originaire du quartier Dravemont à Floirac, qu’il aurait dit à ses deux enfants (le troisième était malade) amenés en début d’après-midi jeudi « aujourd’hui, tu restes plus tard à l’école, sois forts, je t’aime ». , sans que ces faits aient encore été vérifiés par l’enquête.
Rassemblement hommage ce lundi
200 mètres plus loin, c’est aussi l’émerveillement à la mairie de Cenon où travaillait depuis février 2012 Nasrine Ben Salem, devenue El Yaagoubi après son mariage à Cenon le 3 décembre 2015. « Elle était coordinatrice de la gestion budgétaire et comptable à la finances du service », explique le maire Jean-François Égron. « Une personne fragile car opérée à cœur ouvert mais souriante, disponible et discrète, très engagée dans le service public. C’est une tragédie absolue. » Selon l’élu, aucun signe avant-coureur n’avait été détecté.
Une cellule de crise, avec accompagnement et suivi psychologique, a également été mise en place par le centre de gestion de la fonction publique et le CHU. Cadres de mairie et représentants syndicaux ont été reçus et un rassemblement en hommage à Nasrine El Yaagoubi a déjà été décidé : il se tiendra ce lundi 13 janvier à midi sur l’esplanade de la mairie. . Devant l’école Jules-Guesde, un grand-père est venu chercher son petit-fils de bonne heure : « en mai dernier, tout le monde faisait la fête aux JO avec la flamme olympique ici », se souvient-il. « Aujourd’hui, c’est l’horreur. »
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