Fini la « Trudeaumanie » : Justin Trudeau, star glamour et moderne des libéraux canadiens, a fait une entrée fracassante sur la scène politique en 2015. Il en est ressorti par la porte dérobée près d’une décennie plus tard.
Discrédité dans les sondages, abandonné par son propre camp, moqué par Donald Trump depuis des semaines, le Premier ministre canadien a démissionné lundi.
Discrédité dans les sondages, abandonné par son propre camp, moqué par Donald Trump depuis des semaines, le Premier ministre canadien a démissionné lundi. Il reste en fonction pour laisser le temps à son parti de trouver un successeur.
La pression est très forte depuis des semaines sur le chef du gouvernement canadien, 53 ans, dont la cote de popularité est au plus bas.
Des coups portés de plus en plus par l’opposition menée par Pierre Poilievre, qui n’a pas l’habitude de mâcher ses mots, mais aussi par son propre camp, alarmé par des sondages catastrophiques pour le parti libéral (centre-gauche) à quelques mois des législatives. élections.
Pourtant, dès son arrivée en 2015, Justin Trudeau, fils d’un ancien premier ministre, a promis aux Canadiens des « chemins ensoleillés » et suscité l’enthousiasme.
Son commentaire réfléchi « Parce que nous sommes en 2015 » pour expliquer la parité hommes-femmes au sein de son premier gouvernement lui ouvre alors la voie d’une renommée mondiale. Son physique fait le reste.
Au début, ses voyages à l’étranger ressemblaient parfois à un voyage de rock star avec des jeunes filles faisant la queue pour un selfie.
Il est alors perçu comme un leader écologique, moderne, défenseur des droits des réfugiés et des populations indigènes. En juillet 2017, alors que Donald Trump était à la Maison Blanche, le magazine américain Rolling Stone demandait en couverture : « Pourquoi ne peut-il pas être notre président ?
Au Canada, la lune de miel a duré moins qu’à l’échelle internationale. Il a été réélu deux fois sans panache, en 2019 et 2021, et sa légitimité est sérieusement mise à mal depuis des années.
«Il est sûrement resté un an de trop au pouvoir et donc ça finit un peu en queue de poisson», a estimé Geneviève Tellier, professeure de sciences politiques à Ottawa, ajoutant qu’il y a une grande déception dans l’opinion publique car il avait «tant promis».
Même sur des thèmes comme « le changement climatique ou la réconciliation avec les peuples autochtones », Justin Trudeau « n’a pas été le réformateur que beaucoup espéraient », renchérit Maxwell Cameron, de l’Université de la Colombie-Britannique.
Né le 25 décembre 1971, Justin Trudeau, qui est le fils aîné du charismatique ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, décédé en 2000, a étudié la littérature anglaise et les sciences de l’éducation, avant de chercher sa carrière : boxeur amateur, moniteur de snowboard, anglais et professeur de français…
Ce père de trois enfants a finalement suivi les traces de son père et s’est lancé en politique en 2007. Il a été élu député de Montréal en 2008 puis chef d’un parti libéral en lambeaux en 2013.
Premier ministre, il a fait du Canada le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis, a instauré l’aide médicale à mourir, une taxe sur le carbone, a permis l’accueil de dizaines de milliers de réfugiés syriens et a signé une version modernisée de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA). ).
Mais une décennie après son arrivée au pouvoir, sa popularité s’est effondrée. Au Canada, Justin Trudeau est aujourd’hui considéré comme responsable de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics.
Et ses mandats ont été ternis par une série de scandales et de gaffes diplomatiques qui ont terni son image.
Se définissant comme un « combattant », il a longtemps rejeté les appels à sa démission, refusant de s’avouer vaincu même face à des sondages qui le donnaient 20 points de retard sur son rival conservateur, Pierre Poilievre.
Ces dernières semaines, ce sont finalement les attaques de Donald Trump qui vont à leur tour lui porter le coup fatal. Le président élu américain a promis d’imposer des droits de douane de 25 % au Canada et au Mexique dès son retour au pouvoir le 20 janvier, provoquant une onde de choc chez ses voisins.
Dans la foulée, la vice-première ministre Chrystia Freeland démissionne et affiche ses désaccords sur la manière de gérer la guerre économique qui se profile avec les États-Unis. Le choc est trop fort.
Pour Stéphanie Chouinard, professeure de politique à l’Université Queen’s, « ce qu’on retiendra finalement de l’ère Trudeau, ce sont sûrement ses programmes sociaux très généreux. C’était un gouvernement progressiste comme on n’en avait pas vu depuis les années 70.»
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