Il était un peu plus de 14 heures dimanche lorsque les détonations ont retenti sur la dalle Kennedy. Cette grande place piétonne de Rennes située au cœur du quartier populaire de Villejean est souvent très fréquentée, notamment par les usagers du métro. Heureusement, en ce dernier jour de vacances scolaires, il n’y avait pas foule sur la dalle. La faute à une météo particulièrement maussade. Une météo maussade qui n’a pas empêché un ou plusieurs individus de sortir les armes. Pendant quelques secondes, les tirs ont fait trembler tous les habitants du quartier Villejean. “Une dizaine de douilles d’obus ont été retrouvées”, a indiqué le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet, confirmant une information du Ouest de la France.
La Division de la délinquance organisée et spécialisée (DCOS, la nouvelle police judiciaire) et la Division de la délinquance territoriale (DCT) étaient chargées de l’enquête. “Il s’agit très probablement de violences pour le contrôle d’un point de deal”, précise le procureur. Si la fusillade n’a fait aucun blessé, elle a rappelé aux habitants de Villejean que leur quartier restait en proie au trafic de drogue.
Une balle retrouvée dans le canapé
Selon une source policière, des balles ont été retrouvées dans plusieurs appartements, dont un dans un canapé. « Le tir aux armes automatiques est devenu un sport national. Un jour, il y aura un drame à Rennes. On le dit depuis des mois mais personne ne fait rien. Un jour, nous aurons un enfant qui se prendra une balle dans une cour d’école. Et puis, tout le monde en parlera », dénonce un policier amer.
Le 26 octobre, un enfant de 5 ans a été touché par balle alors que son père tentait de fuir le quartier de Maurepas. Il sera handicapé à vie. L’homme qui lui a tiré dessus a finalement été retrouvé. Originaire de Mayotte et âgé d’à peine 16 ans, ce jeune homme cherchait sans doute à marquer le territoire de sa bande. Dimanche, les tirs de la dalle Kennedy avaient sans doute le même objectif. « C’est clairement pour montrer les muscles. Les gars se promènent en pleine journée avec une arme d’épaule. Il s’agissait probablement d’un gang rival qui voulait s’emparer du point de deal. Sortir les armes n’est jamais bon pour les affaires de ceux qui détiennent le marché. Ça attire la police, ça fait fuir les clients», estime un autre policier expérimenté.
Rennes, bientôt classé secteur difficile ?
Ces nouvelles fusillades perpétrées en plein jour ont provoqué une réaction du syndicat de police Alliance, qui crie à qui veut l’entendre que Rennes doit être classé dans un « secteur difficile » comme Marseille ou Lyon mais aussi plus récemment Nice ou Grenoble. « Nous parlons avant tout de la sécurité des Rennais ! Il y a de plus en plus de gens dans cette ville qui n’osent plus sortir le soir. Nous avons un « Marseille » de la délinquance mais nous n’avons pas les moyens d’y faire face. Il nous faut plus d’effectifs», insiste Frédéric Gallet, délégué du syndicat Alliance.
Un policier de terrain abonde. « Quand on arrive dans certains quartiers, ils sont deux fois plus nombreux que nous. Ils nous rient au nez. » Même arrêtés, ces jeunes dealers peuvent dormir tranquilles au moins jusqu’en 2026, date de la première convocation au tribunal.
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