Deux jours avant Noël et avec l’arrivée du froid glacial, de nombreux sans-abri ont bravé le froid dans les rues de Montréal lundi soir. Certains ont été dirigés vers des refuges, ont été aidés par de bons Samaritains ou ont prévu de dormir dehors.
Un coupe-chaleur a notamment été installé dans un pavillon de l’UQAM. Avec un financement de plus de 375 000 $, Québec assure qu’il pourra demeurer en place pendant les périodes où il fait -15°C, jusqu’en 2027. Au cours des derniers jours, les 50 places de la ressource étaient toutes occupées.
À 400 mètres, place Émilie-Gamelin, plusieurs personnes s’apprêtaient à passer la nuit dehors, dont Iftakar Rahmatan.
« Cela fait deux nuits que je dors dans la rue », nous raconte-t-il, figé, sans gants ni chapeau. Lorsqu’on lui a dit que la température ressentie allait descendre en dessous de -20 dans les prochains jours, il s’est tenu la tête à deux mains. «C’est terrible», réagit-il. J’ai vraiment peur. »
Au moment où il est attristé, une voix résonne au loin. « Voulez-vous un bon café pour vous réchauffer ? » », demandons-nous. En entendant la question, les têtes se tournent.
Il s’agit de bénévoles d’une église de Pointe-aux-Trembles, venus apporter du café, de la nourriture et des vêtements aux personnes dans le besoin.
« Nous recevons plus que ce que nous donnons. Leur joie nous remplit, assure l’une des bénévoles, Mariluz Jinete. Ils nous rappellent que nous avons la chance d’avoir une maison, un manteau, plein de choses que les autres n’ont pas. »
Ces bénévoles fournissent fréquemment des ressources aux sans-abri et le font depuis des années. Ils constatent que de plus en plus de personnes doivent dormir dans la rue pendant l’hiver. « J’ai deux pantalons, trois paires de bas et un gros manteau, et j’ai froid. Imaginez ceux qui doivent passer la nuit dehors », se souvient l’une des bénévoles, Susana Artega.
En fait, il fera encore plus froid dans les prochains jours. Le mercure descendra notamment jusqu’à -19°C le matin de Noël.
Face à cette vague de froid, et compte tenu de l’augmentation de l’itinérance, la Ville de Montréal a ajouté 150 places, réparties dans trois centres de chaleur, tous situés dans l’arrondissement Ville-Marie.
À leur capacité maximale
Au centre-ville, un arrêt de chaleur est situé dans les locaux du YMCA. Le Centre de coordination des mesures d’urgence (CCMU) de Montréal a augmenté sa capacité d’accueil, compte tenu du froid qui s’accentue. Les 21 et 22 décembre, 49 personnes y ont passé la nuit. Ce chiffre est passé à 70 le lendemain.
Lors du passage de La presseles employés sur place craignaient de devoir refuser l’accès à certains candidats.
Le troisième arrêt chaud récemment ajouté par la Ville est moins populaire. Il est situé à l’arrière de l’édifice Lucien-Saulnier, à deux pas de l’hôtel de ville, et les sans-abri sont invités à y dormir sur des chaises, ou à y prendre une collation. Il y a une salle réservée aux hommes et l’autre aux femmes. Depuis l’ouverture de la ressource, une douzaine de personnes y ont passé la nuit, malgré une capacité d’accueil de 30 places.
«La clientèle est en croissance depuis son ouverture et elle deviendra de plus en plus connue à mesure que l’hiver avance», assure l’attachée de presse de la mairesse Valérie Plante, Catherine Cadotte.
Devant l’édifice Lucien-Saulnier, deux individus cherchaient à s’arrêter lorsque le La presse. Beaucoup d’entre eux n’ont pas pu le repérer, car il est situé à l’arrière du bâtiment, sans aucune signalisation pour l’annoncer.
« On a dit à deux de nos amis de nous rejoindre ici, et ils ne sont pas là, même s’ils sont partis avant nous », nous raconte un homme qui bénéficiera de la ressource, Éric. “Je suppose qu’ils n’ont jamais trouvé l’endroit.” »
Éric et son ami ont été contraints de passer les deux dernières nuits dehors, les ressources d’hébergement de l’Accueil Bonneau et de la Maison du Père étant à pleine capacité. « Il arrive souvent qu’on se fasse expulser. Nous sommes venus ici pour faire une petite pause », explique Éric, à la rue depuis 16 mois. « Lorsque nous dormons dehors, nous rassemblons six ou sept personnes et essayons de trouver un endroit où la police ne nous verra pas. »
Nous sommes souvent mis à la porte. On ne sait plus où aller.
Eric, en situation d’itinérance
Eric n’ira pas rendre visite aux membres de sa famille pour Noël. « Dans ma situation, est-ce que j’ai vraiment envie de les voir ? Non. Si quelqu’un me demande comment ça va, je dirai que ça va bien, mais tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Je préfère rester seule plutôt que de leur faire du mal. Je n’en ai pas besoin pour le moment. »
Début décembre, le gouvernement du Québec a déclaré qu’il avait sorti 1 000 personnes de l’itinérance au cours de la dernière année sur les 10 000 sans-abri que compte la province. Ce décompte, qui a lieu sur une seule soirée dans plusieurs villes du Québec, a été fait pour la dernière fois en 2022. Un nouveau décompte est prévu pour janvier 2025.
Avec la collaboration de Chloé Bourquin, La presse
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