La crise des surdoses ne faiblit pas au Québec, elle s’accélère. Le nombre de décès liés à une intoxication présumée aux opioïdes ou à d’autres drogues a augmenté de 33 % depuis l’année dernière. C’est ce que révèlent de nouvelles données publiées le 20 décembre par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Deux Québécois meurent chaque jour d’une surdose. Entre janvier et septembre 2024, la province a enregistré 485 décès liés à une intoxication présumée aux opioïdes ou à d’autres drogues. L’année précédente, sur la même période, ils étaient 363.
L’INSPQ prévoit que l’année 2024 sera la pire de toutes à cet égard, avec un taux de 7,3 décès pour 100 000 habitants.
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Le nombre de visites aux urgences pour intoxications possiblement causées par des opioïdes a également augmenté de 38 % entre janvier et septembre 2024, par rapport à la même période l’an dernier.
Il y a certainement plus d’overdoses. Cette année a été pire que pendant la pandémie
confirme Marie-Eve Morin, médecin de famille œuvrant en toxicomanie et en santé mentale depuis 20 ans à Montréal.
J’ai vu des jeunes, des très jeunes, mourir par overdose, des personnes âgées, des gens dans la rue, des gens qui ont des appartements aussi.
Docteur Marie-Ève Morin
Photo : -
L’année 2024 a débuté avec un événement qui a ému le Québec. Le jeune Mathis Boivin, 15 ans, est décédé pendant les vacances, après avoir consommé sans le savoir du nitazène, un opioïde de synthèse cinq fois plus puissant que le fentanyl, lui-même 40 fois plus puissant que l’héroïne.
Je suis en contact avec la mère d’un jeune de 19 ans décédé il y a six mois
dit le Dr Morin. Tant que le climat psychosocial restera ce qu’il est actuellement, il ne s’améliorera pas.
selon elle.
Les gens souffrent, ils ont faim, il y a plus de gens dans les rues, il y a plus d’écart entre les riches et les pauvres.
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Entre janvier 2016 et juin 2024, 49 105 décès apparemment liés à une intoxication aux opioïdes ont été enregistrés dans le pays.
Photo : Getty Images / Éric Baradat
Tendance à la baisse au Canada
Alors que la situation s’aggrave au Québec, la tendance est à la baisse dans les provinces de l’Ouest canadien, même si elles restent beaucoup plus touchées par la crise en chiffres absolus.
Les décès, les visites aux urgences, les hospitalisations et les interventions des services médicaux d’urgence sont tous en baisse pour les six premiers mois de 2024 par rapport à la même période en 2023, selon les données publiées lundi par le gouvernement fédéral.
Les provinces les plus durement touchées, la Colombie-Britannique et l’Alberta, affichent des taux de mortalité en baisse.
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Malgré la baisse observée dans plusieurs provinces, les taux restent à des niveaux extrêmement élevés
a exprimé son inquiétude dans un communiqué Ya’ara Saks, ministre fédéral de la Santé mentale et des Dépendances, déplorant une crise de santé publique tragique
.
Il n’existe pas de solution universelle à ce problème
a-t-elle ajouté.
Le fentanyl joue un rôle de plus en plus important dans les décès
De tous les décès accidentels apparemment liés à une intoxication aux opioïdes survenus entre janvier et juin 2024, 79 % impliquaient le fentanyl, selon le gouvernement canadien.
L’année dernière, un rapport fédéral classifié secrète
a montré que cette drogue est devenue le gagne-pain du crime organisé. La police a saisi suffisamment de kilos de fentanyl pour tuer tous les Canadiens.
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Consommateurs de drogues à Ottawa.
Photo : - / Patrick André Perron
Récemment, le président élu des États-Unis, Donald Trump, a accusé le Canada de ne pas en faire assez pour endiguer le flux de fentanyl vers les États-Unis et a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens.
Le fentanyl est responsable d’une énorme crise sanitaire aux États-Unis et, depuis cinq ans, le Canada constitue un terrain fertile pour la production et l’exportation de fentanyl, sans toutefois en être un acteur dominant, selon les experts. .
Les kits de naloxone deviennent de plus en plus populaires
Un record plus positif a été battu cette année au Québec : 35 357 trousses de naloxone ont été distribuées aux citoyens entre janvier et septembre, ce qui dépasse tout ce qui avait été distribué l’année précédente.
La naloxone aide à prévenir l’arrêt cardiorespiratoire causé par une surdose d’opioïdes, comme le fentanyl, en pulvérisant l’antidote dans le nez de la victime.
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La trousse de naloxone avec vaporisateurs nasaux est disponible gratuitement en pharmacie au Québec pour toute personne âgée de 14 ans et plus, même sans carte d’assurance maladie.
Photo : - / Ivanoh Demers
De plus en plus de citoyens, consommateurs ou non, les achètent et c’est un très bonne nouvelle
réagit la Dre Marie-Ève Morin. Cela montre que les gens sont plus conscients.
Une surdose peut survenir n’importe où, dans un ascenseur, dans une tour de bureaux, dans la rue, dans un parking.
Le médecin rappelle également l’importance des centres d’injection supervisée de drogues, qui sauvent des vies.
Présentement, Québec réfléchit à réglementer l’implantation de ces centres, à proximité des écoles et des garderies. Le gouvernement de l’Ontario a récemment interdit ces sites à moins de 200 mètres de ces établissements.
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a promis, s’il est élu, de fermer tous les centres de consommation supervisée situés à proximité des écoles ou des garderies et de cesser de financer tous les autres sites de ce type.
Cette année, le gouvernement du Québec a diversifié la possession simple de drogue, c’est-à-dire la possession sans intention d’en faire le trafic.
Avec l’Agence - et La Presse Canadienne
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