Le géant automobile japonais Honda et son compatriote en difficulté Nissan ont convenu lundi d’ouvrir des négociations en vue d’une fusion qui donnerait naissance au numéro trois mondial.
Leur objectif est d’unir leurs forces pour mieux négocier le virage stratégique vers l’électrique, créneau en plein essor dominé par les groupes américain Tesla et chinois, BYD en tête.
Il s’agit également d’éviter l’essoufflement du marché. A l’instar de l’allemand Volkswagen, les deux groupes japonais ont vu leurs ventes chuter en Chine, premier marché mondial dont ils sont très dépendants.
Déjà associé dans un partenariat stratégique
Honda et Nissan, deuxième et troisième constructeurs japonais derrière Toyota, souhaitent conclure un accord définitif
d’ici juin 2025, selon le protocole d’accord signé lundi.
Leur objectif : se réunir sous un holding unique
dont ils prévoient d’introduire en bourse en août 2026.
Makoto Uchida (à gauche), PDG de Nissan Motor et Toshihiro Mibe, PDG de Honda Motor, lors d’une conférence de presse le 15 mars. (Photo d’archive)
Photo : (Kyodo/Reuters)
Ce mariage partagerait les coûts et les risques élevés liés au développement de modèles et de batteries électriques, sécuriserait les chaînes d’approvisionnement et gagnerait en compétitivité grâce à des économies d’échelle.
Moteurs Mitsubishidont Nissan est le principal actionnaire, déterminera par fin janvier
s’il compte intégrer cette nouvelle alliance, où chacun pourrait assembler ses véhicules dans les usines des partenaires.
Les trois constructeurs réunis constitueraient le troisième groupe automobile mondial, avec quelque huit millions de véhicules vendus l’an dernier, derrière Toyota et Volkswagen.
Un rapprochement providentiel pour Nissan. Lourdement endettée, elle a subi une perte nette inattendue au dernier trimestre et sa marge opérationnelle a presque totalement fondu.
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Honda a pris du retard sur ses concurrents dans le domaine des voitures électriques. (Photo d’archives)
Photo : (Américain Honda Motor Co./The Associated Press)
Sur ses deux marchés clés, ses ventes ont plongé : aux Etats-Unis, faute d’hybrides rechargeables face à une forte demande, et en Chine, en raison de la domination des marques locales dans le véhicule tout électrique.
Début novembre, Nissan a annoncé qu’elle supprimerait 9 000 postes dans son effectif mondial et réduirait sa capacité.
Témoin de sa vulnérabilité, le géant taïwanais de l’assemblage électronique Foxconn (Hon Hai) s’est récemment rapproché de Nissan pour acquérir une participation majoritaire, selon la presse japonaise, précipitant l’ouverture des négociations avec Honda.
Miné par luttes de pouvoir
interne, Nissan a été marginalisé
et se retrouve en mode panique, implorant son ennemi de toujours
Honda, a déclaré lundi l’ancien patron du constructeur, Carlos Ghosn.
Honda, de son côté, bénéficierait d’une entité élargie pour lancer effectivement des voitures 100% électriques, après l’échec d’un projet commun avec l’américain. Moteurs généraux. Le groupe vise des véhicules 100 % électriques d’ici 2040.
Les groupes japonais se sont longtemps concentrés sur les hybrides (combinant motorisations thermiques et électriques), négligeant l’essor mondial du tout électrique. La Chine a dépassé le Japon en tant que premier pays exportateur de véhicules en 2023.
Alarmés, Nissan et Honda ont dévoilé un partenariat stratégique
dans les logiciels et systèmes pour véhicules électriques. Initiative rejointe en août par Mitsubishi.
Si la fusion Nissan-Honda vise à préparer l’avenir, en développant les composants des futures voitures électriques qui ne sont pratiquement pas produits aujourd’hui, elle a du sens.
plus une fusion opérationnelle ne résoudra pas les problèmes urgents de Nissan
indique auAFP une source proche du dossier.
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Le constructeur chinois de voitures électriques BYD connaît une croissance fulgurante avec des véhicules nettement moins chers que ceux de ses concurrents. (Photo d’archives)
Photo : (Tatan Syuflana/Associated Press)
Il ne s’agit pas d’aider
à Nissan, a confirmé lundi Toshihiro Mibe, le patron de Honda, qui pose comme condition préalable la réalisation par Nissan de son plan de réduction de ses coûts et de relance de ses ventes, notamment avec les hybrides aux Etats-Unis.
Reflétant les situations inégales des partenaires, alors que Honda est valorisée en bourse quatre fois plus que Nissan à volumes de ventes comparables, Honda se réserve le droit de sélectionner les principaux dirigeants de la future entité unique.
Honda n’a aucune expérience en termes d’alliances ou de fusions, c’est une société d’ingénierie, ça ne marchera pas […]. Un éventuel groupe fusionné se battra pour sa survie et son positionnement, il aura du mal face aux chinois, Tesla et Toyota
a réagi M. Ghosn.
Une fusion contribuerait à brouiller encore davantage l’alliance historique, établie par Carlos Ghosn, de Nissan avec Renault.
Si le Français réduit progressivement sa présence au capital du groupe japonais après des années de relations houleuses, il en contrôle toujours quelque 35%, lui garantissant une voix décisive.
Il est dans l’intérêt de Renault de préserver les projets qu’ils ont encore ensemble
et d’assurer en tant qu’actionnaire la valeur du titre Nissan, insiste la source proche.
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