La dernière enquête annuelle menée auprès des autorités locales britanniques par Action on Smoking and Health (ASH) et Cancer Research UK a révélé une augmentation significative des services d’arrêt du tabac gérés par les autorités locales suite à un investissement financier important. Pour la première fois depuis que la santé publique a été transférée aux autorités locales il y a dix ans, toutes les autorités locales interrogées ont mis en place un service d’arrêt du tabac, apportant un soutien essentiel aux personnes souhaitant arrêter de fumer.
Le rapport ASH-CRUK 2024 met en évidence les progrès impressionnants réalisés dans la lutte contre le tabagisme en Angleterre. L’engagement croissant des autorités locales, soutenu par des investissements stratégiques du gouvernement, laisse présager des progrès durables vers une génération sans tabac dans les années à venir. Toutefois, pour que ces efforts soient couronnés de succès, un financement stable et une approche coordonnée à l’échelle nationale sont essentiels.[1].
Les données les plus récentes montrent que 11,6 % des adultes de plus de 18 ans fument en Angleterre, un chiffre en baisse chaque année depuis 2011.
La lutte antitabac, une priorité pour la grande majorité des collectivités territoriales
L’investissement de 70 millions de livres sterling du gouvernement a permis une expansion majeure des services d’arrêt du tabac. Pour la première fois depuis une décennie, toutes les collectivités interrogées ont mis en place un service de sevrage tabagique, 89 % d’entre elles disposent désormais d’un service spécialisé, contre seulement 72 % en 2023. Cette progression a également permis une meilleure accessibilité des services pour les populations vulnérables. , notamment à travers des campagnes ciblées et le développement de nouveaux points d’accès dans les zones défavorisées.
Le rapport met en évidence une sensibilisation accrue des autorités locales, puisque 88 % des municipalités considèrent désormais la lutte antitabac comme une priorité élevée, contre 54 % en 2023. Cette évolution est soutenue par la création de nouvelles alliances de lutte locale et régionale. tabac, favorisant une approche collaborative. Par exemple, dans certaines régions comme le nord-est de l’Angleterre et le Grand Manchester, ces partenariats ont contribué à accélérer la réduction de la prévalence du tabagisme.
Au total, près de 50 % des collectivités locales ont signalé une augmentation de la demande pour leurs services d’arrêt du tabac en 2024.
Cibler les populations vulnérables
Les fonds alloués ont permis d’intensifier les efforts pour atteindre les groupes où la prévalence du tabagisme reste élevée. Les zones de forte insécurité économique ont été les principales cibles, 90 % des autorités locales concentrant leurs efforts sur ces zones. Les femmes enceintes et leurs partenaires ont également bénéficié de campagnes et de services spécifiques, tout comme les personnes souffrant de problèmes de santé mentale ou vivant dans un logement social. A cet effet, des conseillers spécialisés ont été recrutés.
L’un des programmes phares, « Swap to Stop », incite les fumeurs à passer à la cigarette électronique. Adopté par 93 % des collectivités locales, ce programme cible particulièrement les femmes enceintes, les personnes souffrant de troubles mentaux et les populations défavorisées.
Par ailleurs, plusieurs autorités ont mis en place des services à destination des jeunes, pour répondre à la hausse du vapotage dans cette tranche d’âge. 57 % des collectivités proposent des programmes spécifiques d’arrêt du vapotage pour les jeunes.
« L’objectif est d’adapter les services pour qu’ils soient culturellement appropriés et accessibles à ceux qui en ont le plus besoin, tout en co-créant des solutions avec les communautés elles-mêmes. » souligne un représentant du conseil municipal de Westminster.
Bien que ces initiatives aient entraîné une augmentation de la demande de services de sevrage tabagique dans près de la moitié des autorités locales, le recrutement rapide de personnel qualifié et la garantie d’un financement durable au-delà de la première année restent des préoccupations majeures.
Un financement incertain qui menace les progrès réalisés
Le gouvernement actuel s’est engagé à maintenir un financement supplémentaire pour les services d’arrêt du tabac et leur application pour le prochain exercice financier (2025/26). Cependant, il existe une incertitude quant au statut de la subvention de santé publique locale (qui représente la moitié du coût des services locaux de sevrage tabagique), du programme d’échange pour arrêter de fumer et des programmes nationaux tels que les incitations au soutien financier pendant la grossesse, les campagnes médiatiques et les investissements dans les services via le Service national de santé (NHS). Les autorités locales ont déclaré que le manque de certitude quant au financement à long terme rendait le recrutement, la planification et la mise en service difficiles, mettant ainsi en danger les services de sevrage tabagique.
ASH précise que le gouvernement pourrait limiter davantage le fardeau qui pèse sur les finances publiques en réunissant les fonds nécessaires via une taxe « pollueur-payeur » sur les fabricants de tabac.
Protégez-vous des ingérences de l’industrie du tabac
Il a été demandé aux répondants à l’enquête s’il existait des politiques au sein de leurs autorités locales limitant les relations de leurs fonctionnaires ou membres avec les représentants des industries du tabac, de l’alcool et du tabac. nourriture. Bien que des politiques restreignant ces relations avec l’industrie du tabac aient été signalées dans 45 % des gouvernements locaux interrogés, 39 % des personnes interrogées ne savaient pas si une telle politique existait et les 16 % restants n’avaient aucune politique du tout.
Les auteurs du rapport demandent à toutes les autorités locales de développer de telles politiques destinées à limiter les interactions avec le secteur du tabac au strict nécessaire et dans des conditions de transparence excluant par ailleurs tout accord volontaire ou convention avec ce secteur. Ces dispositions s’appliquent aux dirigeants politiques élus ainsi qu’au personnel et collaborateurs. La Local Government Association a publié un guide destiné aux autorités locales pour les aider à remplir leurs obligations au titre de l’article 5.3 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
©Génération sans tabac
AE
[1] Communiqué de presse, Une enquête montre que l’incertitude du financement menace les progrès en matière de tabagisme, ASH, publié le 17 décembre 2024, consulté le 20 décembre 2024.
Comité national contre le tabagisme |
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