La piste d’un attentat islamiste semble ainsi s’éloigner, même si les raisons de l’acte restent mystérieuses.
Venu se recueillir sur les lieux avec plusieurs ministres dont Mme Faeser, Olaf Scholz a lancé un appel à la cohésion nationale après l’attentat “fou” dont l’auteur présumé, âgé de 50 ans, résidant en Allemagne depuis 2006, a été arrêté vendredi peu après. après le carnage.
La chancelière allemande a promis dans ce contexte « d’agir contre ceux qui veulent semer la haine ».
Il a appelé les Allemands à “se serrer les coudes” après un acte “terrible”, “fou” et une “catastrophe” pour l’ensemble du pays, alors que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) d’extrême droite a déjà profité de l’attaque pour dénoncer la réception. des étrangers et des réfugiés dans le pays.
“Quand finira cette folie ?”, a écrit sur le réseau X la coprésidente de l’AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20%, en vue des élections législatives fin février.
Des problèmes psychologiques ? une autre motivation ? Les raisons de l’auteur présumé du carnage, qui s’est illustré par des propos complotistes et anti-islam sur les réseaux sociaux, restent floues.
“Nous devons comprendre précisément l’auteur, ses actes et ses motivations, puis en tirer les conséquences juridiques”, a déclaré Olaf Scholz.
Le bilan est passé samedi de 2 à 5 morts et plus de 200 blessés, a indiqué le chef du gouvernement régional, Reiner Haseloff. Mais ce n’est que très provisoire car, selon Olaf Scholz, 40 personnes ont subi des blessures d’une telle gravité « qu’on peut s’inquiéter » pour elles.
Vendredi vers 19H00 (18H00 GMT), une puissante voiture BMW s’est brusquement engouffrée dans les allées du marché de Noël, fauchant les visiteurs un à un sur son passage sur quelque 400 mètres.
Vêtu de noir, M. Scholz a déposé des fleurs samedi devant l’église, face au lieu du drame. De nombreux anonymes l’ont précédé, déposant bouquets et bougies, pour témoigner de la peur qui a gelé le pays à quelques jours de Noël et en pleine campagne électorale.
L’attaque intervient huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël à Berlin. Mais en l’état, les autorités semblent exclure un acte islamiste comme celui commis à Berlin en 2016.
Car le profil de l’auteur présumé, Taleb Jawad H. Al Abdulmohsen, arrêté à côté du wagon bélier, soulève de nombreuses questions. Ce médecin travaillait comme psychiatre dans une petite ville non loin de Magdebourg où il bénéficiait du statut de réfugié.
Loin de sympathiser avec la mouvance jihadiste, il s’était au contraire fait connaître depuis des années à travers ses fréquentes prises de position sur les réseaux sociaux contre l’islam. Il dit s’être senti persécuté en dénonçant les « dangers » d’une islamisation de l’Allemagne dont Berlin serait co-responsable.
L’homme s’est d’abord fait connaître dans la communauté des immigrés saoudiens en Allemagne en aidant les demandeurs d’asile, notamment les femmes, avant de sympathiser plus récemment avec les positions de l’AfD ou d’Elon Musk. “Dans l’état actuel de l’enquête, il n’est pas encore possible de catégoriser ce qui s’est passé au marché de Noël”, a indiqué la police locale.
Parmi les personnes, parfois en larmes, rassemblées sous le porche de l’église Johanneskirche, Michael Raarig, un ingénieur à la retraite de 67 ans, s’est dit “triste et choqué”. «Je n’aurais jamais cru que c’était possible ici», souligne-t-il.
Plusieurs passants ont exprimé leur colère contre le gouvernement allemand et l’accueil des étrangers dans le pays. «Parlez avec l’AfD!», a déclaré un spectateur au chancelier lors d’une méditation près de l’église.
« Quand tant de gens viennent chez nous, nous devons aussi regarder d’un peu plus près. Nous payons désormais la facture», a également jugé Michael Raarig.
D’autres sont beaucoup plus mesurés. « On est bouleversés, sans voix et on se dit qu’on aurait pu être là à ce moment-là », confie Harm Boems, un jeune étudiant de 19 ans, les larmes aux yeux. Pour lui, il est important “de se concentrer quelques heures, quelques jours (…) sur les victimes, les gens qui ont souffert”. « Peut-être que les politiques au niveau fédéral sont responsables d’une manière ou d’une autre », conçoit-il. Mais il souligne que des mesures de sécurité avaient été prises pour protéger ce marché très populaire pendant les vacances, où les familles venaient déguster du pain d’épices, des saucissons et boire du vin chaud au milieu de petits chalets illuminés vendant des produits artisanaux.
“Il est très important de ne pas laisser les politiciens exploiter cette attaque”, prévient le germano-américain Knut Panknin, qui a déposé une gerbe de fleurs aux côtés de son compagnon afro-américain. “Les politiques doivent se soucier de la sécurité et de l’ordre mais en même -, ils ne doivent pas abandonner le terrain aux populistes”, ajoute ce quinquagénaire qui vit à Washington et est venu passer les vacances de fin d’année dans sa famille à Washington. Allemagne. Et il rappelle : « la majorité des crimes en Allemagne sont commis par des citoyens allemands ».
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