Le média Les Jours a publié un article mettant en cause 15 députés RN, dont deux de Saône-et-Loire, pour avoir rejoint un groupe Facebook aux contenus odieux. Ils n’ont tenu aucun propos pénalement répréhensible, mais ont manqué à leur obligation légale de les signaler. Alors, que risquent-ils ? On fait le point.
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« Retourne à ton cocotier, bamboula », « ils sont vraiment nuisibles, ces noirs », « les chasseurs aiment tuer ? Qu’ils partent chasser dans les villes !: Ce mercredi 18 décembre, le média indépendant Les Jours a révélé qu’une quinzaine de députés RN étaient membres d’un groupe Facebook où sont tenus de tels propos odieux.
Le média précise qu’aucun de ces quinze élus n’a publié de propos relevant de la loi. Cependant, la plupart y publient librement leurs actualités. Selon Les Jours, deux députés de notre région y seraient actifs : Arnaud Sanvert et Aurélien Dutremble (Saône-et-Loire). Le premier partagerait son activité militante et le second, une pétition de soutien à Marine Le Pen.
Mais surtout, au moment de la rédaction de l’article des Jours, aucun élu n’avait dénoncé les messages illicites qui y pullulent. C’est aussi ce que dénonce ce média indépendant, car l’article 40 du Code de procédure pénale l’exige.
« Les élus et agents publics ont l’obligation d’informer le procureur de la République lorsqu’ils sont témoins d’une infraction pénale »explique Alexandre Ciaudo, professeur agrégé de droit public à l’Université de Bourgogne.
Selon le Cabinet Doranges-Avocat, spécialisé en droit pénal, cette obligation ne concerne que « les crimes et délits dont la personne a eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions ». Ainsi, dans le cas d’Arnaud Sanvert, il n’aurait failli à respecter l’article 40 que durant son mandat de député, soit depuis le 14 juin 2024.
Mais alors, quel risque courent les députés RN mis en cause ? Pas beaucoup. Globalement, les parlementaires bénéficient d’un statut juridique particulier qui les met à l’abri de poursuites sans l’autorisation de l’Assemblée ou, pour des propos tenus au sein de l’hémicycle.
« Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, a connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en aviser sans délai le procureur de la République.
Article 40 du Code de procédure pénale selon Légifrance
Si l’on revient au cas présent, Alexandre Ciaudo explique qu’il “n’a jamais fait l’objet de poursuites au titre de l’article 40.” Le professeur de droit public considère donc qu’une telle procédure «cela dépendrait de la gravité de leur défaut de déclaration. Or, dans ce cas,« la gravité dépend de l’interprétation des propos, qui elle-même dépend de l’interprétation du procureur. Je ne pense donc pas qu’il poursuivrait.
Au-delà des conséquences pénales, les révélations de ce journal indépendant ont suscité une réaction dans la sphère politique.
Les élus en question ont été les premiers à prendre la parole. Dans un article du Journal de Saône-et-Loire, Aurélien Dutrembl affirme qu’il n’a pas “je n’ai jamais vu de messages” et qu’il n’avait jamais publié de contenu. “J’ai quitté tous les groupes auxquels j’étais abonné, sauf ceux concernant les communes de ma circonscription.”
Arnaud Sanvert adopte une position similaire. Il prétend ne pas connaître les administrateurs et ne pas avoir ‘je n’ai jamais rien vu.’ Il déclare : « Je fais peut-être partie de 500 groupes. Je n’ai pas le - d’y aller, je ne suis pas un magicien des réseaux.
En revanche, des membres du groupe des élus progressistes de Bourgogne-Franche-Comté ont condamné, dans un communiqué, cette nouvelle polémique visant les élus du RN.
“Ce scandale est une véritable honte pour notre région qui défend les valeurs de fraternité et de respect, accueillant et intégrant généreusement les talents de tous horizons”ils estiment, avant d’ajouter : “Aurélien Dutremble et Arnaud Sanvert illustrent parfaitement ce qu’est réellement ce parti : des pratiques indignes, qui insultent nos concitoyens et trahissent la République.”
Par ailleurs, le député LFI de la troisième circonscription de Seine-Saint-Denis, Thomas Portes, a annoncé sur son compte X qu’il entrait « le procureur de la République de Paris pour appel au meurtre, provocation à la haine raciale et injures racistes. L’extrême droite et son idéologie raciste doivent être mises hors de danger.»
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