« Une marque de respect »
« J’ai décidé de dormir ici parce que je considérais que, compte tenu de ce que vivait la population, partir le jour même aurait pu « imposer l’idée qu’on vient, qu’on regarde, qu’on part », dit-il. a-t-il expliqué à la presse dans la soirée. “C’est une marque de respect, de considération”, a-t-il assuré.
Le président de la République a été confronté pendant de longues heures à l’impatience, à la colère, voire au désespoir des Mahorais qui ont souvent tout perdu.
“Macron démissionnez !”, “vous dites des bêtises”, “de l’eau, de l’eau, de l’eau”, lui criaient jeunes et mères de famille jeudi soir. Incapable de détailler les mesures prises tout au long de la journée, Emmanuel Macron a fini par lâcher : « Je ne suis pas le cyclone ! Je ne suis pas responsable !
Vendredi, il devrait quitter Mamoudzou, la capitale de l’archipel français de l’océan Indien, pour se rendre dans les localités les plus isolées où les secours, l’eau potable, l’électricité et la distribution de nourriture mettent plus de - à arriver. L’éloignement et l’inaccessibilité sont évoqués parmi les raisons qui compliquent l’établissement d’une évaluation précise.
Un bilan officiel sous-estimé
Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 2 500 blessés ont été officiellement recensés. “Il est probable qu’il y ait beaucoup plus de victimes”, a reconnu Emmanuel Macron, rappelant qu’une mission avait été lancée pour vérifier le nombre de morts. Au Mozambique, le cyclone Chibo qui a frappé dimanche ce pays africain a fait au moins 73 morts.
Il a également indiqué qu’il se rendrait vendredi matin dans un bidonville, où les habitations en tôle ont souvent été pulvérisées par le cyclone.
Environ un tiers de la population, soit plus de 100 000 habitants, notamment des personnes en situation irrégulière venues des Comores voisines, vit dans des logements précaires.
Pas de calendrier de reconstruction
« Mettre fin » aux bidonvilles et « supprimer » ces habitats « indignes » et « dangereux » est l’un des objectifs de la « loi spéciale » promise par le président pour « reconstruire » Mayotte. Il s’agit de « déroger aux règles », de raccourcir les délais et de faciliter la construction, à l’image de ce qui a été fait pour organiser les Jeux olympiques et restaurer Notre-Dame de Paris en cinq ans après l’incendie de 2019.
Si le chef de l’Etat n’a pas fixé à ce stade de calendrier pour la reconstruction, son Premier ministre François Bayrou, depuis Paris, s’est voulu ambitieux.
“Il faut fixer un délai beaucoup plus court que cinq ans”, “peut-être deux ans”, a-t-il déclaré jeudi soir. « J’espère que nous y arriverons. C’est une tâche surhumaine et immense.
« Renforcer la lutte contre l’immigration clandestine »
À moyen terme, le président a également déclaré vouloir « renforcer la lutte contre l’immigration clandestine » en augmentant, jusqu’à presque doubler, le nombre d’expulsions à la frontière, qui était de 22 000 en 2023.
D’emblée, il a assuré que 50 % de l’eau et de l’électricité seraient rétablis d’ici vendredi, même si cela pourrait prendre « plusieurs semaines » dans les communes les plus isolées. La distribution d’eau en bouteille et de nourriture parviendra à toutes les communautés « d’ici dimanche ».
Emmanuel Macron a fixé lundi 23 décembre comme jour de « deuil national » en solidarité avec Mayotte, avec drapeaux en berne et minute de silence dans toute la France à midi.
Vendredi soir, après cette visite intense de deux jours, le président de la République est attendu à Djibouti pour partager le traditionnel repas de Noël avec les troupes françaises déployées à l’étranger.
Related News :