Muselée depuis trente ans, Camille Claudel retrouve sa voix au Théâtre des Osses à Givisiez

Publié le 19 décembre 2024 à 21h22 / Modifié le 20 décembre 2024 à 06h38.

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Ils étaient censés ne jamais se séparer. Camille aimait Paul, son petit frère de quatre ans. Entre eux, la complicité était un pacte de Mohicans. Rien ne pourrait l’altérer. Camille Claudel (1864-1943) avait 14 ans en 1878 et elle dessina le visage de son Paul. En 1881, elle immortalise son enfance dans un plâtre. Il était enchanté par Arthur Rimbaud et bientôt on le comparera. Ces deux personnes surdouées ne pouvaient imaginer le drame qui allait la briser, qui allait le déchirer. Au Théâtre des Osses à Givisiez jusqu’à dimanche, Anne Schwaller recoud les fils de cette passion dans Claudel(s), un spectacle aussi délicat que personnel porté par les comédiens Céline Cesa et Yann Pugin.

Comment raconter la chute de Camille, cette talentueuse sculptrice, ce jour de mars 1913, où des blouses blanches l’arrachèrent de son appartement du quai de Bourbon à Paris, où elle était placée, à la demande de sa mère, à l’hôpital Ville-Evrard à Neuilly-sur-Marne ? Comment restaurer trente ans de détention à l’asile de Montdevergues, à Montfavet, un des quartiers d’Avignon ? En lectrice aimante, Anne Schwaller a choisi 16 lettres de l’artiste, autant de supplications, de tentatives d’évasion du carcan. Pour que Paul puisse aussi parler, elle rappela à la lumière Ma sœur Camillece texte qu’il a écrit en 1951. Il a 83 ans, c’est un académicien couvert de lauriers, et Camille est morte depuis huit ans.

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