Adapté du roman multi-primé d’Elisa Shua Dusapin, le film « Winter in Sokcho » est visible en salles depuis ce mercredi. Premier long métrage de Koya Kamura, il raconte le lien fragile qui se noue entre une jeune Franco-Coréenne (Bella Kim) et un dessinateur français (Roschdy Zem).
Il y a huit ans, paraissait chez Zoé « L’hiver à Sokcho », signé de l’écrivaine jurassienne Elisa Shua Dusapin. Un premier roman qui a bousculé la scène de la littérature francophone, avant de s’exporter au-delà. Traduit dans plus de 30 langues, l’ouvrage a été récompensé par de nombreux prix suisses et internationaux, dont le prestigieux National Book Award en 2021.
Après une adaptation en salles, c’est désormais sur grand écran que l’on peut découvrir l’histoire de cette jeune femme – appelée Soo-ha dans le film – qui vit dans la petite ville balnéaire de Sokcho en Corée du Sud.
A 23 ans, elle mène une vie routinière, entre ses visites chez sa mère, vendeuse de poisson, et sa relation avec son petit ami. L’arrivée de Yan Kerrand, dessinateur de bande dessinée français, dans la petite pension où elle travaille, réveille dans ses interrogations sur son identité et sur son père français dont elle ne sait presque rien. Pendant que l’hiver engourdit la ville, Soo-ha et Yan Kerrand vont s’observer, se jauger, tenter de communiquer par leurs propres moyens et tisser un lien fragile.
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Un choix pas évident pour Elisa Shua Dusapin
Accepter que son livre soit adapté au cinéma n’a pas été facile pour l’écrivain qui avait refusé plusieurs propositions qui envisageaient de raconter cette histoire comme une sorte de romance du bout du monde entre deux inconnus. “C’était mon pire cauchemar, parce que ce n’est pas ça du tout”, explique-t-elle dans l’émission Vertigo le 12 décembre.
Mais lorsqu’elle entend parler d’un projet d’adaptation proposé par un réalisateur franco-japonais, elle regarde un de ses courts métrages et est choquée par ce qu’elle voit. Elle imagine qu’il pourrait être la bonne personne pour effectuer cette transition de la page à l’écran. «J’ai pu complètement lâcher prise à partir du moment où j’ai entendu Koya me parler de sa lecture du livre, cela a résonné si intimement en moi», se souvient-elle.
Questions d’identité et de métissage
De son côté, le réalisateur Koya Kamura, dont il s’agit du premier long métrage, avoue que lire « Winter in Sokcho » a été « comme un choc électrique ». Je travaillais sur un autre scénario qui parlait d’abandon et je m’enlisais dans l’écriture. Et là, j’ai lu ce roman qui parle aussi de ce thème et je découvre une sorte de champ inversé par rapport à ce que je cherchais à raconter. Et il y avait aussi des questions d’identité et de métissage. Le narrateur est franco-coréen et je suis franco-japonaise, donc évidemment il y a des questionnements communs et une résonance avec mon histoire personnelle.
Le « oui » de Roschdy Zem
Koya Kamura a demandé à Elisa Shua Dusapin de participer à l’écriture du scénario, mais elle a préféré lui laisser carte blanche. En revanche, elle est allée sur le tournage du film pendant trois semaines – elle y a également fait une brève apparition. Un moment émouvant où elle découvre les personnages de son roman soudain incarnés par des acteurs et actrices.
Pour jouer le rôle de Soo-ha, le choix du réalisateur s’est porté sur Bella Kim, mannequin qui faisait ses débuts au cinéma. Quant au dessinateur Yan Kerrand, c’est l’acteur franco-marocain Roschdy Zem (César du meilleur acteur pour son rôle dans “Roubaix, une lumière” en 2020) qui a accepté de l’incarner, au plus grand bonheur du réalisateur : “Je J’ai trouvé qu’il avait des traits communs avec le personnage et je l’ai gardé en tête tout au long de l’écriture du scénario”, explique-t-il. Mais je n’aurais jamais imaginé que Roschdy accepterait de jouer dans mon premier film. Quand il a dit oui, on a eu un peu de pression, parce que le projet prenait une autre dimension », se souvient-il.
Images animées insérées dans le film
Dans son film, Koya Kamura a choisi d’insérer des images animées créées par Agnès Patron. Une façon de comprendre ce qui se passe dans la tête de Soo-ha. « Je ne voulais pas utiliser une voix off qui pourrait donner l’impression de quelque chose de déjà digéré et analysé. Je voulais quelque chose de beaucoup plus brut. L’animation permet d’avoir ces pulsions plus ou moins abstraites au début et de plus en plus figuratives au cours du film, afin d’avoir un aperçu de cette intériorité et de cette intimité du personnage”, précise-t-il encore.
Un choix qui fait également écho à la communication entre les deux protagonistes du film qui se fait plus par le dessin que par le langage.
Propos recueillis par Anne-Laure Gannac et Julie Evard
Web adaptation: Andréanne Quartier-la-Tente
« L’hiver à Sokcho », de Koya Kamura avec Bella Kim et Roschdy Zem. A voir sur les écrans francophones depuis le 18 décembre 2024.
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