Grande figure du cinéma et du théâtre, Marisa Paredes débute sa carrière à l’adolescence mais c’est sous la direction de Pedro Almódovar, jeune réalisateur espagnol prometteur qu’elle se fait un nom.
Percée internationale avec les « talons aiguilles »
Leur première collaboration remonte à 1983 avec “In the Darkness” où elle incarne “Sister Excrément”, une religieuse sous amphétamines qui dort sur des clous et marche sur des bouteilles cassées.
Elle perce ensuite à l’international avec “Stiletto Heels” (1991), César du meilleur film étranger, dans le rôle de Becky del Paramo, diva peroxyde et mère égocentrique de Victoria Abril qu’elle a abandonnée enfant. Symboliquement, c’est en diffusant sur
Personnage principal de « La Fleur de mon secret », elle rayonne à l’écran en auteure d’un roman romantique dévastée par le départ de son mari en Bosnie. “Marisa m’a fait une confiance absolue et m’a tout donné”, a confié Almodovar au quotidien français. Libération en 1995.
Goya honoraire et hommage officiel
Récompensée entre autres par le prix national du cinéma et un Goya d’honneur en 2018, l’actrice a également participé à plusieurs productions internationales comme « La vie est belle », de l’Italien Roberto Benigni, ou « L’épine dorsale du diable », du Mexicain Guillermo del Toro.
“Désolé d’apprendre la nouvelle du décès de Marisa Paredes, l’une des actrices les plus importantes de notre pays”, a réagi le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez sur X. “Sa présence au cinéma et au théâtre et son engagement pour la démocratie seront un exemple. pour les générations futures », a-t-il ajouté, faisant référence aux luttes progressistes de l’actrice.
« Comment ne pas devenir féministe ? »
« Elle avait cette grâce paisible, cette douce gaieté qu’elle éclairait d’un regard de ses yeux pâles. Marisa Paredes nous manque déjà, une grande cinéphile”, a salué l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.
Née dans une famille ouvrière à Madrid le 13 avril 1946, elle grandit sous le franquisme dans une conciergerie, quatrième enfant d’une famille « pauvre », confie-t-elle dans les colonnes du quotidien espagnol. Le pays en février 2024. Avec un père autoritaire, elle a vécu « des maltraitances, des humiliations… Comment ne pas devenir féministe ? », a déclaré l’actrice.
Elle a quitté l’école à 11 ans et a commencé à travailler, mais rêvait de devenir actrice. « Ma vocation est née avec moi […]mais le quartier dans lequel je vivais a également joué un rôle », a-t-elle expliqué dans une récente interview à l’Académie espagnole du cinéma, en faisant référence au fait qu’elle vivait enfant près du Théâtre national.
L’art de jouer des « personnages spéciaux »
A 15 ans, la jeune fille aux yeux vert-gris décroche son premier rôle dans une pièce de José Lopez Rubio. Dès lors, elle ne cesse de jouer, de Garcia Lorca à Beckett en passant par Ibsen et Tchekhov, qu’elle interprète également pour la télévision.
“On m’a toujours attribué des caractères spéciaux”, a-t-elle confié dans l’interview au journal espagnol Le pays en février. « J’ai eu de la chance, parce que je n’ai pas l’air espagnol (…) Quand la télévision était cultivée et qu’elle diffusait du théâtre, j’ai joué tous les drames de Tchekhov, Dostoïevski, Ibsen. C’était l’âme russe. Le grand drame. Elle a une fille avec le cinéaste Antonio Isasi Isasmundi, Maria Isasi, elle-même devenue actrice.
En plus de sa prolifique carrière artistique, Marisa Paredes s’est engagée dans diverses causes. Elle a notamment présidé l’Académie du cinéma lors du gala Goya 2003, marqué par les manifestations contre le soutien de l’Espagne à la guerre en Irak.
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